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Quaresma, extérieur du pied sécurité
Buteur face à l'Iran d'un sublime extérieur du pied, Ricardo Quaresma a prouvé qu'il était, à 34 ans, dans la meilleure période de sa carrière. Et cela tombe bien puisque l'ailier du Beşiktaş a des comptes à régler avec la Coupe du monde qu'il découvre en Russie et qui l'a déjà snobé à quatre reprises.
La roulette de Zidane, l’enchaînement crochet-frappe enroulée du gauche de Robben, le roulé-boulé de Mathieu Valbuena, la blessure de Yoann Gourcuff. Certains joueurs se distinguent des autres par une spécificité qui leur sont propres. Ricardo Quaresma fait clairement partie de cette caste avec son fameux extérieur du pied, souvent copié, jamais égalé. Alors, au moment de recevoir le ballon le long de la ligne de touche face à l’Iran, l’ailier du Beşiktaş sait très bien ce qu’il va tenter. Un petit appui sur Adrien Silva qui lui remet le cuir d’une subtile talonnade et voilà Ricardo Quaresma qui se présente seul aux 20 mètres. Ni une, ni deux, O Cigano dégaine son soyeux extérieur du pied droit et fait trembler les filets d’un Alireza Beiranvand impuissant. Après la rencontre, l’ancien chouchou des supporters du FC Porto est revenu sur son bijou : « J’ai bien tapé dans le ballon, et j’ai eu de la chance que ça rentre. » Chance ? Non, talent.
Un premier Mondial à 34 ans
Finalement, personne n’a été totalement surpris de voir Ricardo Quaresma ouvrir le score de cette manière, lui qui avait déjà fait parler son extérieur du pied sur un centre millimétré quelques minutes plus tôt ou lors de son entrée en jeu face à l’Espagne lors du premier match. Mais, plus que pour sa beauté et son impact sur la qualification du Portugal, cette réalisation est importante pour le natif de Lisbonne, car elle lui permet de devenir, à 34 ans et 272 jours, le joueur le plus âgé à inscrire un but lors de sa première titularisation en Coupe du monde. Car oui, aussi surprenant que cela puisse paraître au regard du talent du bonhomme, Ricardo Quaresma dispute, en Russie, le premier Mondial de sa carrière.
2002 ? Révélation de la saison avec le Sporting Portugal, Quaresma est annoncé comme 24e homme par António Oliveira, au cas où Luís Figo, incertain, doive déclarer forfait. Raté. 2006 ? Alors qu’il sort d’une belle saison avec le FC Porto, O Cigano se fait snober par Luiz Felipe Scolari qui lui préfère notamment Luis Boa Morte. 2010 ? Après deux saisons sans vraiment jouer avec l’Inter, Quaresma n’entre logiquement pas dans les plans de Carlos Queiroz. 2014 ? Après s’être perdu aux Émirats arabes unis, il revient et casse la baraque avec Porto. Suffisant pour être dans les 30 de Paulo Bento, pas pour faire partie des 23 qui s’envolent au Brésil avec Rafa, Varela et Vieirinha. L’absence de trop pour les supporters portugais qui ne comprennent pas ce choix de Paulo Bento justifié par des raisons « technico-tactiques » qui ne se sont pas vraiment vues.
Le chouchou de Santos
En revanche, au moment de choisir ses 23 guerriers qui partiront en Russie, Fernando Santos, lui, n’a pas vraiment hésité à mettre le nom de Ricardo Quaresma, qui était l’un des premiers cochés par l’ancien sélectionneur de la Grèce. Un choix absolument pas dicté par sa solide amitié avec Cristiano Ronaldo. Il faut dire que le ministre de l’Extérieur du Portugal n’a jamais semblé aussi fort avec la Selecção que sous l’ère Santos dans son meilleur rôle : celui de supersub, capable d’apporter sa folie offensive et sa rage défensive. Et cela fonctionne. Comme lors de l’Euro 2016, où Ricardo est sorti du banc en huitièmes pour délivrer le Portugal face à la Croatie en prolongation, avant d’inscrire le tir au but de la qualification au tour suivant contre la Pologne.
Mais, plus que sur le terrain où il semble avoir gommé une partie de ses défauts – même s’il a toujours tendance parfois à péter un plomb tout seul –, c’est dans le vestiaire que Ricardo Quaresma a évolué en devenant un des leaders derrière CR7. C’est d’ailleurs lui qui est monté au créneau après le match face à l’Iran pour critiquer les déclarations de Carlos Queiroz sur l’utilisation de la VAR et la faute de Cristiano : « Je ne vais pas répondre à Queiroz, sinon on va y passer la nuit. Les Iraniens m’ont irrité, mais l’entraîneur encore plus. En tant que Portugais, il devrait avoir plus de respect pour les Portugais. » Les Uruguayens sont prévenus : en cas de tacle sur le quintuple Ballon d’or, Quaresma sera là pour le venger. De l’extérieur du pied, évidemment.
par Steven Oliveira