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Quand Tottenham et Chelsea s’affrontaient en finale de FA Cup
Ce mercredi soir, Chelsea et Tottenham s'affrontent pour le compte de la 20e journée de Premier League. Or, 2017 va marquer les cinquante ans de l'unique finale de FA Cup entre les deux équipes, disputée le 20 mai 1967.
Des maillots bleus. Des shorts bleus. Des chaussettes bleues. Des maillots blancs. Des shorts blancs. Des chaussettes blanches. Pas de sponsor, pas de publicité pour venir pourrir la pureté de ces ensembles. Ce 20 mai 1967, Chelsea et Tottenham se parent de leurs plus beaux habits pour disputer la finale de la FA Cup. Wembley a fait le plein. Ils sont 100 000 à venir assister à la première finale 100% londonienne de l’histoire. Oui : un derby de Londres en finale, ce n’était jamais arrivé en 94 ans d’histoire. Déjà cinq fois vainqueurs de la compétition, dont deux fois depuis le début des années 60 (1961, 1962), les Spurs briguent là un sixième trophée dans leur histoire. Tout cela pendant que Chelsea, lui, n’a encore jamais apposé son nom sur la liste des vainqueurs. Le seul fait d’armes des Blues en FA Cup jusque-là ? Une finale perdue 3-0 contre Sheffield United en 1915. Maigre bilan.
Des succès et une relégation
Il faut, avant tout, replacer le contexte de l’époque. Les années 60 symbolisent, pour Tottenham, une vraie période glorieuse. Ailier gauche du club de 1938 à 1955, soit pendant l’intégralité de sa carrière, Bill Nicholson s’assoit en 1958 sur le banc des Spurs. Il connaît le club comme sa poche, et va lui permettre de prendre une nouvelle dimension, aussi bien sur le plan national qu’européen. Pour son premier match en tant que coach, le 11 octobre 1958, son Tottenham démolit Everton, 10-4. Comme le signe annonciateur d’une domination qui va véritablement débuter en 1961.
Cette année-là, Tottenham réalise le premier doublé de son histoire et même de l’histoire du football anglais au XXe siècle : championnat d’Angleterre-FA Cup. Qualifiés pour la Coupe des clubs champions, les Spurs vont alors faire forte impression, en se hissant jusqu’en demi-finales. Ils s’inclinent face au Benfica d’Eusébio, futur vainqueur de la compétition.
Ils se consoleront toutefois la saison suivante, en remportant haut la main la Coupe des vainqueurs de coupe, avec une victoire 5-1 en finale contre l’Atlético de Madrid. Ce qui restera, à jamais, à la fois la plus large victoire en finale de la C2, mais aussi la première victoire d’un club anglais en Coupe d’Europe.
Bref : le Tottenham de Bill Nicholson, en à peine cinq ans, a déjà marqué de sa patte l’histoire du foot british. Face à cela, le rival londonien de Chelsea a peu d’arguments à faire valoir. Champion d’Angleterre pour la première fois de son histoire en 1955, Chelsea va rapidement redevenir un club anonyme, jusqu’à être relégué en D2 en 1962. Les Blues restent un an au purgatoire et remontent immédiatement. Ce retour donne un nouveau souffle à l’équipe alors entraînée par l’Écossais Tommy Docherty. Les Blues se stabilisent dans le haut de tableau, et remportent la League Cup en 1965, trophée qui semble être le point de départ d’une nouvelle ère. Une ère qui pourrait définitivement être validée par une victoire en FA Cup 1967, avec cette finale tant attendue contre Tottenham.
À Chelsea les occasions, à Tottenham la victoire
Et Chelsea y croit. De fait, depuis sa victoire en Coupe des coupes 1963, Tottenham a légèrement reculé d’un cran. Son capitaine, Danny Blanchflower, a dû raccrocher les crampons en 1964 à cause d’une blessure au genou. Quant à son attaquant, John White, il décède tragiquement à l’été 1964, frappé par la foudre sur un terrain de golf. Bill Nicholson est donc contraint de reconstruire une nouvelle équipe, qui n’est toutefois pas du niveau de l’armada 1960-63. La preuve : quelques mois plus tôt dans la saison, en octobre 1966, Chelsea terrasse les Spurs en championnat d’Angleterre, 3-0. De quoi attaquer cette finale de Wembley avec de belles intentions.
Et c’est bien Chelsea qui allume la première mèche, avec des frappes lointaines qui donnent des suées à Pat Jennings, mythique gardien de Tottenham. Pourtant, contre le cours de jeu, ce sont bien les Spurs qui ouvrent le score par Jimmy Robertson, à cinq minutes de la pause. Même topo en deuxième mi-temps : les Blues poussent, mais Tottenham les punit sur une reprise en pivot de Frank Saúl. Chelsea réduira l’écart à la 85e minute par la légende Bobby Tambling. But trop tardif, donc inutile. Tottenham s’impose 2-1 et remporte la sixième FA Cup de son histoire.
Battu, mais pas abattu, Chelsea devra attendre encore trois années avant de soulever, enfin, sa première Cup (1970, victoire 2-1 en finale replay contre Leeds). Quant à Tottenham, l’état de grâce durera jusqu’au milieu des années 70. Bill Nicholson réussit un dernier grand coup d’éclat en 1972, avec la victoire de la Coupe UEFA, puis met un terme à sa carrière en 1974. Aujourd’hui, une route menant au stade de White Hart Lane porte son nom. Pour ne jamais oublier cette période dorée. Ni cette finale-derby de 1967.
Par Éric Maggiori