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Quand l’OM a testé le grand huit lyonnais

Par Antoine Donnarieix
Quand l’OM a testé le grand huit lyonnais

Pour le dernier match de la saison 1996-1997, l'OL et l'OM se rencontrent dans un match sans grand enjeu au stade Gerland. Au final, les Lyonnais infligeront la plus grosse défaite de l'histoire de l'OM en championnat (8-0). De quoi devenir fada.

En France comme dans toute l’Europe, les premiers signes de l’été sont visibles en ce 24 mai 1997. Malgré cette atmosphère chaleureuse, la fin de championnat n’affiche, elle, pas de réel suspense : Monaco est déjà champion depuis belle lurette, Caen, Nancy, Lille et Nice sont déjà les quatre équipes reléguées, la D1 passant à 18 clubs. En clair, seules les places d’honneur sont à attribuer. Parmi les matchs de cette 38e journée, Lyon-Marseille. Au stade Gerland, les deux équipes foulent la pelouse avec, déjà, des objectifs bien distincts. Jeune milieu de terrain de l’OL, David Linarès se souvient de l’ambiance. « Il y avait surtout une envie de partager ce dernier match avec notre public. Déjà c’était une belle affiche, et puis c’était aussi les dernières de Florian Maurice, Marcelo Kiremidjian et Franck Gava. On voulait réussir ce match pour leur offrir une belle sortie avec l’OL. » En face, la première saison de l’OM pour son retour dans l’élite voir les Phocéens finir dans le ventre mou, sans réelle pression. Arrivé au club en début de saison, Éric Roy veut tout donner. « Ce retour à Lyon était important pour moi, étant donné mon passé au club. Quand tu reviens, tu as toujours envie de bien figurer, évoque l’actuel consultant chez Bein. Le problème, c’est qu’à Marseille, il y avait beaucoup de joueurs qui n’avaient pas cette envie. Certains étaient déjà un peu en vacances… Bref, je crois que les conditions étaient réunies pour avoir un match pas simple à vivre. » C’est peu de le dire.

3-0 en 14 minutes

Focalisés sur leur rencontre, les Gones ne prennent pas le temps de savoir si les Marseillais sont prêts mentalement. La réalité, c’est celle du terrain, et elle fait son apparition dès la première minute de jeu. Une-deux entre Cocard et Caveglia, frappe croisée, 1-0. « Dès la première minute, ça commence bien (rires) ! Notre équipe était en confiance avec cette bonne entrée en matière. On souhaitait démarrer la rencontre pied au plancher et mettre la pression sur l’OM. » Un pari réussi, d’autant que Marseille ne parvient pas à se sortir de ce mauvais début de match. De sang-froid, Maurice ajuste Andreas Köpke pour le but du break (8e). « Je ne sais pas trop pourquoi, mais on jouait toujours le hors-jeu en défense, se souvient Roy. Du coup, on laissait beaucoup d’espace dans notre dos, c’était un peu la journée portes ouvertes… Tu sais, quand tu n’as pas vraiment envie de faire les efforts, c’est la solution de facilité de jouer la ligne. Mais si tu ne presses pas le porteur du ballon, tu le paies au prix fort. » Marseille prend le bouillon, Gava ajoute un troisième but. « Après chaque but, je me souviens que Köpke prenait le ballon dans ses filets et tirait des grosses mines le plus haut possible, décrit Linarès. Il jurait en allemand en criant « Scheisse » ! C’était un gardien international quand même, mais là il se sentait vraiment abandonné. » Le promu tire déjà la langue.

7-0 en 35 minutes

Quitte à ce que la fête soit belle, autant mettre les formes. Sur un petit nuage, les Lyonnais continuent leur festival pendant que Köpke s’entraîne à la chandelle. Par deux fois, Giuly fait filoche et amène ainsi le score à 5-0. La 25e minute vient de passer à Gerland, mais pour l’équipe dirigée par Gérard Gili, elles prennent plus la forme d’heures. « Quand tu prends 4 ou 5 cinq buts en moins d’une demi-heure, tu ne peux pas te relever de ça, avoue Roy. Psychologiquement déjà, il faut se ressaisir et retrouver son honneur. Une équipe, elle peut déplacer des montagnes si elle est soudée, mais quand elle fait naufrage, c’est très compliqué… » Pour imiter le lutin rhodanien, Maurice et Caveglia s’offrent eux aussi un doublé. Sept pions en 35 minutes, la gifle est très, très violente. « Mon souhait principal, c’était de voir Flo marquer des buts, voir Franck et Marcelo se faire plaisir sur le terrain, retient Linarès. On enchaînait les actions sans vraiment se rendre compte de ce qu’il se passait. » Après dix minutes vierges de buts, Lyon rentre aux vestiaires sous un tonnerre d’applaudissements.

« La direction voulait nous mettre une amende »

Dans le camp marseillais, l’ambiance est loin d’être à la rigolade. « Je peux te dire que tu n’as pas envie de retourner sur le terrain, avoue Roy. Tu te fixes des objectifs simples : essayer de gagner la deuxième période, par exemple. Tu sais que dans 45 minutes, c’est les vacances et que l’an prochain, tu reviendras avec la volonté de faire une grosse saison. » À défaut de succès, l’OM ne prendra qu’un seul but supplémentaire, le troisième pour Giuly. Sans jouer avec les nerfs des visiteurs, l’arbitre Franck Glauchon met fin au massacre à la fin du temps réglementaire. « En tant que joueur responsable et pour les supporters, ce n’est pas un résultat admissible, admet Roy. D’ailleurs, la direction voulait nous mettre une amende après le match. Dans le fond, on peut le comprendre. » Pour Linarès, l’heure est aux courtes vacances. « La fête était belle à domicile et je souhaitais profiter à fond avec ma famille, les personnes dans le stade. J’avais seulement une semaine de congés, car j’enchaînais ensuite avec le bataillon de Joinville… » Corvée de patates pour l’OM.

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