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« Quand j’ai signé, le staff connaissait déjà toutes mes statistiques »

Par Maxime Brigand
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Membre de la génération 91, demi-finaliste de la Coupe du monde des U20 en Colombie il y a quatre ans, Maxime Colin a débarqué cet été en Championship, à Brentford. Paroles d'un voyageur, entre Boulogne, Dortmund et la gare de Burnley.

Le 17 novembre dernier, tu étais à Wembley avec certains coéquipiers. Comment as-tu vécu cette rencontre en tant que joueur français évoluant en Angleterre ?C’était beaucoup plus qu’un simple match de foot. Tout était spécial, l’ambiance, l’atmosphère. J’avais acheté mes billets bien avant le match. Mais après les événements de Paris, la rencontre avait complètement changé d’envergure. J’ai rarement vu une minute de silence comme celle-ci. D’habitude, tu as toujours un ou deux abrutis pour gueuler, mais là, rien. Le stade était en plus entièrement décoré aux couleurs de la France, tout le monde était réuni pour la même cause. C’était vraiment fort.

La Marseillaise, tu l’as également entendue le week-end dernier avant le match de ton club, Brentford, contre Nottingham Forest.Oui, et même si c’était forcément moins impressionnant que Wembley, il y avait le même respect. Après les attentats, tous les joueurs anglais et espagnols sont venus nous voir dans le vestiaire, nous ont posé beaucoup de questions. Ce sont des problématiques qui dépassent les frontières, et cette semaine il n’y en a pas eu pour soutenir la France. Tout le monde était avec nous.

Tu es arrivé en Angleterre cet été après une expérience d’un an à Anderlecht. Comment ça s’est fait ?J’avais déjà eu par le passé des offres de clubs anglais. Déjà quand j’étais à Boulogne-sur-Mer. Cardiff m’avait aussi fait une offre un jour, mais ça ne s’était pas fait à l’époque. Cet été, Brentford a perdu son latéral droit et c’est un club qui me suivait depuis Troyes. Je venais de faire une bonne première année avec Anderlecht, les dirigeants et le coach étaient contents de moi. Je ne pensais pas partir, mais quand je suis rentré de vacances il y a eu cette offre. La proposition a été intéressante, j’en avais eu en Turquie aussi qui était même plus avantageuse financièrement, mais c’était pas l’objectif. Le choix a été compliqué, mais dans la vie, il faut en faire. Quand j’ai signé à Brentford, les dirigeants m’ont prouvé qu’ils avaient continué à me suivre, ils m’ont montré toutes mes statistiques. En Angleterre, les staffs bossent beaucoup avec les données sur les passes et tout. En trois jours, tout était ficelé.

Le coach qui t’avait fait venir, Marinus Dijkhuizen, est pourtant parti au bout de neuf matchs. Comment as-tu vécu ce départ ?Je m’étais blessé entre-temps, il était encore là. C’est vrai qu’on avait mal commencé la saison, mais ça a été un petit choc. L’entraîneur de la réserve a pris la suite, mais il ne voulait pas du poste. C’est un intérim, un nouveau coach va arriver bientôt. Je n’ai pas trop connu cette période, exceptés un ou deux entraînements. On va voir ce qu’il va se passer.

Brentford comptait dans son effectif plusieurs Français avant ton arrivée. Yoann Barbet est arrivé en juin, Raphaël Calvet, lui, a quitté le club il n’y a pas longtemps. Est-ce que ça a joué dans ta signature ?Avant de venir, je ne les connaissais pas. C’est sûr que pour l’adaptation, c’est plus facile. Il y a un joueur qui joue en Angleterre depuis neuf ans dont on parle moins souvent, Toumani Diagouraga, et qui est aussi hyper important. C’est lui qui nous aiguille.

Quand t’étais gosse à Arras, le foot anglais était quelque chose qui te faisait rêver ?Oui, même si je savais que ça serait compliqué d’y aller. Il faut beaucoup travailler, avoir les propositions aussi. Mais tu verrais cette atmosphère, les gens aiment trop le foot ici. Notre club a en plus la chance d’avoir encore l’un des derniers vrais stades anglais, même si un nouveau est prévu pour 2018. Les supporters sont situés à un mètre de la ligne de touche, quand le ballon sort du terrain, c’est eux qui nous le rendent. Rien que quand tu fais un petit geste de technique, ils t’applaudissent, c’est assez dingue.

Justement, comment sont exactement les supporters des Bees ? Des vrais passionnés, des connaisseurs. Pendant les matchs, aucun mec n’est assis sur son siège. Je me rappelle quand je suis arrivé, l’un de mes premiers matchs où on avait perdu à Burnley, je m’attendais à voir les supporters en colère. Quand on est arrivé à la gare, tous nos fans nous attendaient et ont foutu un bordel pas possible, ils chantaient, et j’ai compris que c’était des personnes qui nous suivraient dans tous les moments.

Brentford est l’un des nombreux clubs de Londres. Quelle est exactement sa place dans la culture foot londonienne ?Le club est en Championship depuis très peu de temps. Avant, il évoluait surtout en League One et League Two. Les gens ne connaissaient pas trop l’équipe, mais on a un proprétaire, fan du club, qui a injecté beaucoup de son argent personnel. Brentford a terminé cinquième l’an passé, donc les gens commencent à connaître, même si on est encore loin de Fulham par exemple. Cet été, il y a eu beaucoup de changements. L’objectif est clairement de monter en Premier League.

Justement, le 12 décembre, vous jouez à Fulham qui est l’un des rivaux historiques du club. Est-ce qu’on vous en parle déjà ?Oui bien sûr. Il y a trois semaines, on a déjà battu les Queens Park Rangers qui sont, dans la rivalité, l’égal de Fulham. Il faut savoir que ça faisait neuf ans que les supporters attendaient ça, de se retrouver. Les deux clubs s’étaient souvent croisés, mais ne s’étaient plus rencontrés depuis un moment. On a gagné 1-0, l’ambiance était magnifique. Après ça, tu sens que tu as fait un gros coup. Pour Fulham, les dirigeants adverses ont déjà décidé de prendre des mesures pour contenir nos supporters. L’an passé, il y avait eu plus de personnes venues supporter notre équipe dans le stade de Fulham. Ils ont donc décidé de nous donner beaucoup moins de places pour ne pas que ça se reproduise.

Et au quotidien, à l’entraînement, comment tu le ressens ?L’approche est différente. Le football est différent, beaucoup plus porté sur le physique. La Championship est très exigeante, il y a 46 matchs, on va jouer le 26 et le 28 décembre, soit tous les deux jours. Il y a plus de courses, plus de pressing. Tu dois être à 100% pendant et à tous les matchs. C’est un championnat très homogène, à l’image de la Ligue 2, même si le niveau est plus élevé. Après, au niveau des séances, tout dépend des coachs, mais en général, les séances sont assez longues quand on ne joue qu’une fois par semaine.

Tu as pu également voir la culture du foot lors de votre défaite en League Cup contre Oxford United (D4), à domicile, 4-0 en août dernier.Je n’étais pas encore arrivé, mais mes coéquipiers m’ont raconté. L’objectif pour nous cette saison est de faire les playoffs, donc la League Cup a été clairement mise de côté par les dirigeants. Les onze titulaires alignés n’avaient jamais joué en pro. Après, quand tu vois que le meilleur buteur de Premier League, Jamie Vardy, évoluait encore il y a pas longtemps en D5, tu te rends compte que le niveau est partout.

En France, tu as joué à Boulogne, à Troyes. Quels souvenirs gardes-tu du football français ?Forcément que des bons souvenirs. Notamment à Boulogne où j’ai signé mon premier contrat pro. Troyes aussi, où j’avais été recruté pour remplacer Djibril Sidibé parti à Lille, il y avait aussi ce côté famille. Aujourd’hui, ça me fait de la peine de les voir dans cette situation en Ligue 1 alors qu’ils écrasaient tout le monde en Ligue 2. En France, on a tendance à ne regarder que la France, mais il y a de très bons championnats à côté aussi. La Belgique, Anderlecht, c’était quelque chose. Le club n’a rien à envier à de nombreux clubs de Ligue 1.

C’est notamment là-bas, qu’il y a un an, tu t’es retrouvé sur le banc de l’Emirates.Anderlecht est un club énorme, il représente aussi beaucoup de choses. Quand tu arrives, tu comprends vite que c’est du lourd. Alors forcément, quand tu joues à Troyes en août et que tu te retrouves à Dortmund, ou à Arsenal en Ligue des champions, ça fait bizarre. C’était formateur, ça te permet de te rendre compte du niveau qu’il faut atteindre pour jouer un jour dans ces clubs-là.

Le football français t’avait avant tout découvert avec la génération 91 en Colombie lors de la Coupe du monde U20. Comment peut-on expliquer la différence de trajectoires au sein d’un même groupe ?Il faut se remettre dans le contexte. Lacazette et Grenier évoluaient déjà à Lyon, avaient connu les titres de l’OL. Après, chacun a eu son parcours. Gaël Kakuta et Timothée (Kolodziejczak, ndlr) sont à Séville. Il y avait aussi Mavinga, Enzo Reale et Griezmann qui faisait déjà de belles choses avec la Real Sociedad. Moi, j’étais à Boulogne.

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