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- J4
- PSG-Monaco (1-1)
PSG-Monaco : la leçon de Mohamed Camara
Pour sa première titularisation avec l'AS Monaco, Mohamed Camara, 22 ans, a été brillant au Parc des Princes pour aider son équipe à ramener un point sur la Côte d'Azur. Le successeur d'Aurélien Tchouaméni, dans un registre différent du néo-Madrilène, a aussi renvoyé le PSG de Christophe Galtier à ses limites au milieu de terrain dans une rencontre où l'intensité et l'impact étaient au rendez-vous.
Les supporters monégasques peuvent être confrontés à des sentiments contraires au sortir du match nul mérité ramené du Parc des Princes (1-1). Face à Paris, l’AS Monaco a affiché le visage que l’on attendait d’elle cette saison, celui d’une équipe capable de rivaliser avec l’ogre parisien sur une rencontre et destinée à s’installer sur le podium en mai prochain. Le mérite revient à la préparation impeccable de Philippe Clement, une semaine après la déroute contre Lens à Louis-II. Une transformation qui s’explique aussi par la présence d’un homme, Mohamed Camara, débarqué le 14 août sur la Côte d’Azur en provenance du RB Salzbourg contre un chèque de 15 millions d’euros, et titulaire pour la première fois avec l’ASM face au champion en titre. Le Malien ne s’est pas caché, il a rayonné, laissant planer la frustration de ne pas l’avoir vu rejoindre le Rocher plus tôt pendant l’été, ce qui aurait peut-être changé l’histoire de la double confrontation contre le PSV au troisième tour préliminaire de Ligue des champions. Il est maintenant important de tourner la page, sans verser dans la fiction, pour se satisfaire d’avoir trouvé un remplaçant à Aurélien Tchouaméni qui, dans un autre registre que le néo-Madrilène, a su mettre en évidence les premières limites du PSG dans l’entrejeu à dix jours du retour de la C1, avec la réception de la Juventus, le prochain match à la maison des Parisiens.
C’était un bon Camara
Les statistiques ne racontent pas tout de la prestation d’un joueur, celles de Camara peuvent paraître contrastées au sortir de la partie contre Paris : 44 ballons touchés, 87% de passes réussies, 50% de duels gagnés, sept ballons récupérés, deux passes cassant une ligne, une interception et un tacle décisif sur l’ouverture du score monégasque. Au-delà des chiffres, celui que l’on compare souvent à N’Golo Kanté a semblé être partout sur le terrain en première période, éteignant le duo Marco Verratti-Renato Sanches, et dictant le tempo d’une équipe parfaitement rodée tactiquement. « On a été un peu secoués en début de match, confirmait l’international italien au micro de Prime en fin de rencontre. Si on ne gagne pas de duels, ça donne des actions à l’adversaire. » Ce qui a été le cas sur l’intervention bien sentie de Camara devant Lionel Messi à proximité du rond central, avant que le Malien de 22 ans ne puisse lancer Kevin Volland au bon moment. En à peine 125 minutes de jeu (45 contre Monaco la semaine dernière et 75 ce dimanche soir), le milieu a quasiment confirmé que Monaco ne s’était pas trompé en misant sur lui pour succéder à Tchouaméni. « Ce n’est pas facile parce qu’il n’est là que depuis deux-trois semaines et qu’il n’a pas joué une minute pendant la préparation. Il n’est pas au top physiquement pour le moment, mais il a montré les qualités que nous recherchions, a expliqué Philippe Clement en conférence de presse. Ce n’est pas facile de remplacer Tchouaméni, avec le même style de jeu. Il a aussi formé un bon duo avec Youssouf (Fofana), c’est très important. Le milieu de terrain, c’est le moteur d’une équipe. »
Cela pourrait presque être un message envoyé à Christophe Galtier, qui a connu son premier accroc en tant qu’entraîneur du Paris Saint-Germain. Dans un club où les stars de l’attaque (Neymar, Messi, Mbappé) occupent le devant de la scène et concentrent l’essentiel des critiques, il n’est pas toujours simple de rappeler que le cœur du jeu ne se situe pas dans les vingt derniers mètres. En l’absence de Vitinha, suspendu, le PSG a affiché ses premières limites dans ce système en 3-4-2-1 face à un milieu plus fort que ceux de Clermont, Montpellier et Lille, et dans une rencontre où l’adversaire impose une vraie intensité et un pressing intelligent. Dans cette configuration, l’association entre Verratti et Sanches n’a pas fonctionné, les deux joueurs manquant de temps, d’espaces et d’impact pour régner dans l’entrejeu. L’Italien, encore trop nerveux avec l’arbitre, est d’ailleurs souvent redescendu auprès des centraux à la relance, s’éloignant ainsi de sa zone sur le terrain et laissant aux visiteurs le luxe de rester en place. « Monaco est venu contrarier nos premières sorties de balle et a été très présent sur le plan athlétique pour gagner des ballons, a confirmé Galtier dans l’auditorium du Parc des Princes. C’est la première équipe qui nous impose un tel défi physique et tactique. » Il reste quelques jours de mercato aux dirigeants parisiens pour se creuser la tête et juger si cette équipe a besoin d’un autre profil dans ce secteur de jeu. Un casse-tête dont Monaco s’est débarrassé en mettant la main sur Mohamed Camara, dont la Ligue 1 risque d’entendre parler d’ici la fin de saison.
Par Clément Gavard, au Parc des Princes
Propos recueillis en conférence de presse par CG