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PSG-ASSE : la politique de la tribune vide

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
PSG-ASSE : la politique de la tribune vide

On aurait aimé pour cette finale de la Coupe de France renouer enfin avec le fil du football ordinaire. Convoquer l'histoire de cette messe républicaine qui parle tant à la nation ou se souvenir avec émotion du choc fondateur pour le PSG contre les Verts en 1982. Mais, de guerre lasse, tout sonnera bien creux. En cause, l'absence des supporters des deux camps, un vide qui révèle à quel point nous ne sommes toujours pas sortis complétement de la crise du Covid-19. Et cette question lancinante : le retour des spectateurs a-t-il un sens s'ils ne peuvent être des ultras ?

Le foot français commençait à y croire, de nouveau, après avoir si longtemps rongé son frein et regardé avec envie la Premier League ou la Bundesliga. Un léger retour à la normale faute d’une reprise de la L1. Quelques matchs amicaux. Et surtout deux finales de coupes. Sans parler d’une timide réapparition du public dans les gradins. Cela sentait presque bon. Sauf que de fait, les paramètres de départ n’ont pas véritablement changé. Sans oublier que les inquiétudes concernant une seconde vague de l’épidémie, surtout avec quelques statistiques stressantes en région parisienne, ont de nouveau réveillé les angoisses administratives et ministérielles. Du coup, après un amical face à Waasland-Beveren, durant lequel le CUP avait défrayé la chronique par une manifestation trop tactile de son enthousiasme, la désormais ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu avait tapé du poing sur la table, sortant l’épée de Damoclès du huis clos « si les mesures destinées à lutter contre la propagation du virus ne sont pas respectées ».

Faute et hypocrisie

Certes, les vieilles habitudes sont tenaces, y compris celle, très médiatique, de taper sur les ultras. Le CUP a parfaitement su gérer l’affaire, cela dit, endossant sa part de responsabilité, tout en pointant à juste titre l’hypocrisie qui entourait une indignation et un rigorisme à géométrie variable. Dans l’After RMC, son président, Romain Mabille, a ainsi déclaré : « Il y a eu des dysfonctionnements, mais ce n’est pas une raison pour nous tirer dessus comme ça. » Le compte Twitter du collectif s’amusa ensuite à partager des photos, y compris de la ministre, mais aussi d’apéros géants, qui démontraient que tout le monde n’était semble-t-il pas logé à la même enseigne. Bref, alors que les fameuses mesures (distanciation sociale, port du masque, etc.) sont systématiquement bafouées dans la vie sociale, le peuple des tribunes se voit demander une exemplarité culpabilisante un peu facile et surtout très pratique. Les instances du foot et les clubs de leur côté ne songeant en effet qu’à retrouver le ruissellement des droits télé et un peu de billetterie. Par ailleurs, les images de matchs avec des sièges occupés, même de manière parsemée, se vendent mieux.

Boycott et après ?

Est-il nécessaire de rappeler que le mouvement ultra français avait tout au long de la crise sanitaire témoigné d’une maturité et d’un sens du bien commun assez remarquable, multipliant les gestes et actions de solidarité envers le personnel soignant, dont il comptait d’ailleurs quelques membres parmi ses troupes. Il ne cessa d’expliquer dans une unanimité assez rare qu’il pouvait attendre les conditions optimums (en gros la fin de l’épidémie) pour que le foot revienne, que son souci n’était pas économique, mais avant tout social et culturel. Finalement, le communiqué commun des groupes de supporters stéphanois, notamment Magic Fans et Green Angels, ne racontait pas autre chose, annonçant leur retrait volontaire ce soir pour un choc pourtant tant attendu. Ces groupes stéphanois pointaient en particulier le flou « entourant des conditions sanitaires impossibles à respecter ».

Voila sûrement le dilemme auquel va être confrontée cette composante essentielle de notre foot populaire. La reconnaissance et les petits acquis de ces derniers temps (par exemple sur une possible autorisation des fumis) se heurtent à la dure réalité du contexte et de fait à l’impossibilité d’assumer leur rôle et leur fonction, tant qu’il faut pour le moment se conformer stricto sensu aux consignes officielles. Et si la Ligue 1 reprend fin août, quelles en seront les limites et les jauges ? En outre, à cela se rajoute le sentiment une fois de plus que l’on exige plus du stadeuxde base en Adidas et Stone Island que des costards-cravates ou des fêtards éméchés des bords de Seine – ou du public du Tour de France, voire du Puy du Fou. Dans la patrie de l’égalité, cela passera toujours mal.

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