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Protégeons la Coupe de France !
La programmation de la finale de Coupe de France entre le PSG et Monaco un mercredi soir entre les deux dernières journées de Ligue 1 interroge sur la place donnée à la compétition centenaire dans le paysage du football français.
La Coupe de France version 2020-2021 doit livrer son épilogue ce mercredi soir (21h15), et il n’est pas incongru de pronostiquer que cette finale entre le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco ne sera pas le grand sujet de conversation entre amateurs de foot à la machine à café ou sur les terrasses hexagonales. Hasard(s) du calendrier ou non : l’affiche alléchante devrait se jouer dans un relatif anonymat, 24 heures après l’annonce de la liste des 26 Bleus pour l’Euro et du retour de Karim Benzema. Pas de chance, c’est vrai. Sauf que rien n’empêchait les grands décideurs du football français de ne pas programmer cette finale un mercredi soir, comme s’il s’agissait d’un vulgaire match en retard, entre deux dernières journées d’une Ligue 1 passionnante. Un drôle de timing pour mettre en valeur la finale d’une compétition centenaire et historique dans le paysage footballistique français (et européen). À une époque où les idées saugrenues des têtes pensantes du sport roi sont légion, il est pourtant indispensable de glorifier la Coupe de France, sans toucher à son format, afin de ne pas casser l’un des derniers liens apparents entre les professionnels, les amateurs, et surtout les passionnés.
La Coupe de France marche à l’ombre
Il n’est pas simple de tirer des grandes conclusions au bout d’une édition inédite et sauvée des griffes de la crise sanitaire au début de l’année, alors que tout indiquait que la FFF allait tirer un trait dessus. Il a fallu un format un peu bâtard, avec la voie des amateurs et celle des professionnels, pour permettre à la Coupe de France d’exister au-delà des premiers tours disputés par les clubs amateurs. Un moindre mal. Reste que l’avenir de la Vieille Dame pourrait s’assombrir si la FFF et les instances continuent de la reléguer au second plan. Une finale un mercredi soir, qui fait écho à celle de 2018 entre le PSG et Les Herbiers un mardi soir, le 8 mai, sous prétexte que la journée était fériée. Cette fois, la rencontre devrait être plus disputée, et une question se pose : cette finale peut-elle être préjudiciable pour Paris et Monaco quatre jours plus tard en Ligue 1 ? Pas impossible. Une histoire de dates, mais aussi une question de diffusion. Ces dernières années, la Coupe de France a parfois flirté avec l’anonymat à force d’être retransmise sur des chaînes que personne ne possède (mais il paraît que ce sont les jeunes qui ne s’intéressent plus au foot). Moins de business, plus de logique : un retour de la compétition populaire par excellence — la demi-finale Montpellier-PSG était seulement diffusée sur Eurosport 2 — sur des chaînes gratuites tout au long de la compétition serait une bénédiction pour la Coupe de France et le football français.
Une exception française à entretenir
Il faut se rendre derrière les mains courantes dès la fin de l’été pour saisir les particularités de cette compétition vieille de 104 ans, et qui ne ressemble à aucune autre. La Coupe de France est une institution qu’il faut respecter, chérir, câliner. Celle-ci est peut-être moins populaire auprès des grands clubs (les stades font rarement le plein avant les quarts de finale, voire les demies), mais elle n’a pas perdu de sa superbe sur les terrains champêtres, où l’atmosphère est toujours spéciale un jour de Coupe de France. En Europe, seule la FA Cup peut regarder dans les yeux la coupe nationale française, qui regroupait encore plus de 7000 clubs cette saison. Pas mal pour un pays qui n’aurait ni culture foot ni amour profond pour ce sport selon quelques avis éclairés. En Allemagne ? La Pokal n’a pas le même prestige. En Espagne ? La Coupe du Roi n’est pas ouverte aux clubs du bas de l’échelle. En Italie ? On réfléchit sérieusement à réserver la coupe nationale aux 40 clubs de Serie A et de Serie B. Loin des paillettes et des privilèges vendus par la Superligue ou la future Ligue des champions, la Coupe de France pourrait être le merveilleux bastion d’un foot à l’ancienne, où les pauvres et les riches peuvent cohabiter et s’affronter. Une exception française.
Par Clément Gavard