Pourquoi N’Golo Kanté est meilleur qu’Andrés Iniesta

N’Golo Kanté n’a pas vraiment le même profil sur le terrain qu’Andrés Iniesta. Plus défensif, plus dans l’endurance que dans le geste juste de l’Espagnol, il ferait plus penser à ce bon Claudius Makelele période nantaise, qui passait ses matchs à aller presser les onze adversaires, parfois en même temps, mais qui perçait aussi pas mal les lignes en jouant sur le côté droit. Mais dans son attitude, N’Golo Kanté a beaucoup plus de similitudes avec l’enfant lune du Barça. Mêmes espoirs suscités chez les connaisseurs de ballon, même mentalité, avec le curseur de la discrétion et de la simplicité poussé au maximum.

Né à Paris, le petit N’Golo a franchi les étapes une à une : envoyé à Boulogne-sur-Mer pour jouer avec la réserve, il saisit sa chance en équipe première et devient le meilleur joueur de National. Il choisit ensuite d’aller à Caen, prenant en compte les conseils de ses formateurs qui ne veulent pas le voir brûler d’étapes. Boom, meilleur joueur de Ligue 2 et montée dans l’élite à la fin. Où il s’illustre dès les premiers matchs, avant de se faire remarquer dans les grands rendez-vous, que ce soit au Parc des Princes ou au Vélodrome. En fait, dès la quatrième journée, un joueur de Rennes lui assure qu’ils avaient mis en place un système « anti-Kanté » pour lui faire péter les plombs. Ses détracteurs ne manqueront pas de souligner cependant qu’il n’a plus marqué en L1 depuis le 23 août.

Savoir marquer utile

Et alors ? Cette saison, Andrés Iniesta n’a pas marqué le moindre but en Liga, ni en Ligue des champions. Ça ne l’empêche pas d’être un acteur prépondérant dans la saison des Blaugrana, en tête de leur championnat avec quatre points d’avance, en quarts de finale de la Ligue des champions et qualifiés pour la finale de la Copa del Rey contre l’Athletic Bilbao. En fait, sur ses 13 saisons pro avec le Barça, le milieu offensif qui a joué un paquet de matchs en tant qu’ailier n’a jamais passé la barre des 10 buts. Oui, mais quand on se souvient ne serait-ce que de son but face à Chelsea à la dernière seconde en demies de Ligue des champions en 2009 ou de celui contre les Pays-Bas en finale du Mondial 2010, on se dit de suite que la quantité, autant laisser ça à Cristiano Ronaldo. Le palmarès d’Iniesta parle pour lui : Coupe du monde, Euro (2 fois), Ligue des champions (3 fois), championnat (6 fois)… et toujours l’estime de tous ses coéquipiers. Mais pas de Ballon d’or, pas 500 couvertures de magazines. Le milieu de terrain ne défraie pas la chronique, ne fait rien pour attirer les médias. Le coup du mec simple, qui garde les pieds sur terre. Un credo qui va bien à N’Golo, qui a tenu à obtenir tout seul son BTS comptabilité.

Pas de la même bulle

Autant le dire de suite, il y a des chances pour que N’Golo Kanté n’aille pas aussi haut qu’Iniesta. Mais suivre sa carrière sera sûrement bien plus excitant que celle du penchant de Xavi, qui vient d’une région paisible et qui a enchaîné môme avec la Masia, une sacrée bulle. Kanté, lui, s’est ouvert au monde du football au milieu de toutes les tentations. Originaire de région parisienne, il a maintenant des clubs de Premier League et l’OM à ses pieds. Les agents en tout genre commencent à lui tourner autour. Va-t-il encore résister et rester le même garçon simple, qui écoute attentivement les conseils des formateurs de son premier club, le JS Suresnes ? Vu le contexte, même s’il ne donne pas la victoire en prolongation d’une finale de Coupe du monde à son équipe, N’Golo Kanté peut être meilleur qu’Iniesta. Cela se vérifiera dans une quinzaine d’années, si un petit garçon dans le tunnel avant un match aura toujours envie de lui dire simplement en le voyant entrer sur la pelouse : « Allez, N’Golo Kanté, utilise ta magie » .

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