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Pourquoi il ne faut pas s’offusquer de la prime de 340 000 euros des Bleus

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
Pourquoi il ne faut pas s’offusquer de la prime de 340 000 euros des Bleus

L’Euro approche, et avant même le premier but de Benzema, déjà un petit air de polémique s’invite autour des possibles primes des Bleus. Rien de neuf certes, qui peut néanmoins prendre de l’ampleur avec la séquence pandémie dont nous ne sommes pas encore sortis et la démagogie RN sur le foot en ce moment (Youssoupha, etc.). Donc autant remettre tout de de suite les pendules à l’heure, et rappeler où se situent les véritables responsabilités en la matière, et où se trouve le vrai problème.

De quoi parle-t-on finalement ? En gros, si les 26 Bleus, ainsi que le staff de Didier Deschamps, passent le premier tour, ils pourraient, en cas de victoire finale, engranger jusqu’à 340 000 euros. Une somme inférieure à ce qu’ils avaient empoché – environ 400 000 euros (30% de ce que la FIFA versa à la FFF, soit 32,5 millions) – après la seconde étoile en 2018. Cette somme ne sort évidemment pas des poches du contribuable et provient des masses faramineuses que récolte l’UEFA à cette occasion et qu’elle redistribue partiellement aux fédérations participantes et à leurs équipes nationales. Si désormais, la fibre patriotique trouve dans le foot un de ces derniers espaces d’expression sans fard, avec toutes les références d’autrefois entre vintage idéologique et exemplarité de circonstance, impossible d’occulter que les compétitions sportives internationales représentent d’abord d’immenses machineries économiques appuyées sur une industrie du spectacle. Dans cette perspective, comment être choqué que ceux qui produisent un show si rentable ne bénéficient quelque peu en retour des immenses prébendes (droits télé, marketing, tickets, etc.) induites par leur labeur sur la pelouse. Certes, les primes ne constituent pas un salaire. Elles sont indexées sur une performance. Elles récompensent malgré tout un travail. Reprocher cette situation aux Bleus se révèle facile, surtout pour les bonnes âmes qui ne regardent que les consonances de leurs noms et prénoms. Il faudrait alors surtout penser abolir le capitalisme, même simplement dans le foot. Or ce n’est au programme de personne.

Morale et râles

Toutefois, on s’en doute, les arguments sont déjà prêts à être dégainés par les bonnes âmes dont le passe-temps est de se payer régulièrement les joueurs de l’équipe de France. Les Bleus devraient donner l’exemple, « renoncer » à leur prime, soit pour le foot amateur, soit pour des œuvres de charité. Sur ce dernier point, il faut rappeler le précédent de 2018. La charité est une valeur respectable, et les footeux n’en sont pas démunis, surtout qu’elle peut s’avérer également profitable en matière d’image. Kylian Mbappé avait reversé l’intégralité de ses rémunérations liées au Mondial à l’association «  Premiers de cordée  » . Et d’autres, en divers pourcentages, avaient suivi l’exemple. En 2021, après une si terrible année, les plus malins en appelleront à leur devoir de solidarité envers les clubs « d’en bas » . D’autres citeront le cas des salariés que la FFF s’apprête à licencier, malgré une plutôt bonne santé économique (notamment grâce aux 70% de la dotation FIFA après le Mondial). Une fois de plus, il s’agit de faire reposer, comme par exemple dans le cas du boycott pour le Qatar 2022, la décision et le poids éthique sur les épaules des stars à crampons, anciens pauvres devenus riches, et riches sans pouvoir, ni politique ni économique, sans jamais interroger l’institution ou les institutions.

La FFF et l’État

La FFF, avec sa délégation du ministère, donc de l’État et de la République, a beau jeu de mettre en scène ces primes, dons, donations et redistributions caritatives, quand il s’imposerait pour elle de proposer une ligne de conduite. Pour mémoire, Noël Le Graët, déjà en forme à l’époque, avait en 2018 dégainé un argumentaire qui visait surtout à éteindre une éventuelle polémique tout en dédouanant par avance sa fédé : « Mbappé a choisi une position personnelle de laisser la quasi-totalité de ses gains à des associations. D’autres joueurs se sont regroupés, on les a un peu aidés. D’autres sont tout à fait libres de faire ce qu’ils veulent, il n’y a pas de directives particulières. » Personne n’attend que la fédération baisse les salaires de ses plus grands cadres seniors, leur train de vie, leurs défraiements ou encore même de réfléchir à utiliser leurs fonds propres pour sauver des emplois. En revanche, elle pourrait officialiser une vraie démarche transparente et officielle autour de cet argent « tombé » des poches de l’UEFA ou de la FIFA – ne serait-ce que pour ses salariés.

Ce cercle vertueux éviterait que soient pointés du doigt, tels des moutons noirs, des joueurs qui ne font que profiter d’un système qu’ils n’ont pas instauré. La fédération y retrouverait sa fonction, au-delà de faire profiter les membres de sa direction des loges VIP et des excellents repas d’après-match. Ensuite, qui sait, au président ou à la ministre d’indiquer ce que désire la nation de la sélection tricolore et de la FFF. Le bon peuple s’épargnant de la sorte d’encenser ses héros d’un soir pour le lendemain scruter avec suspicion leur rapport à l’argent.

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