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Portugal, le bonheur est dans la souffrance

par Steven Oliveira
3 minutes
Portugal, le bonheur est dans la souffrance

Comme à son habitude, le Portugal s'est compliqué la tâche et s'est offert quelques minutes de souffrance face à l'Iran (1-1). Et si finalement les coéquipiers de Cristiano Ronaldo prenaient du plaisir à souffrir pendant 90 minutes ? D'autant plus que cela leur a réussi à l'Euro 2016.

Le cœur qui s’accélère, la goutte de transpiration qui dégouline le long de la joue, le biceps qui se contracte, la pupille qui se dilate. Voici l’état physique dans lequel se sont retrouvés les supporters portugais au moment de cette frappe de Mehdi Taremi qui fait trembler le filet extérieur de Rui Patrício, au bout du bout du temps additionnel. Mais comment le Portugal a-t-il pu infliger une telle crise d’angoisse à ses fidèles dans un match qui semblait pourtant être maîtrisé après cette ouverture du score succulente de l’extérieur du pied de Ricardo Quaresma ? Simple. Cristiano Ronaldo a vu son penalty détourné par Alireza Beiranvand, le Portugal s’est mis à reculer et l’arbitre de la rencontre est venu offrir l’égalisation à l’Iran en sifflant un penalty plus que généreux dans le temps additionnel. Basique. Bien qu’il coûte la première place du groupe aux hommes de Fernando Santos, l’homme en jaune n’est en revanche pas responsable de la montée de stress au moment du tacle de boucher de Ricardo Quaresma, ni du coup de coude de Cristiano Ronaldo qui prend un carton jaune après deux minutes de VAR interminables. Et encore moins de cette frappe de Mehdi Taremi qui aurait pu renvoyer les Portugais chez eux.

Remember l’Euro 2016

Mais tout ceci ne vaut que pour les supporters qui commencent à avoir l’habitude de ne plus avoir d’ongles et de transpirer à grosses gouttes à chaque match de la Selecção. Car de leur côté, les joueurs, eux, semblent prendre un malin plaisir à souffrir. Et cela s’est vu durant l’Euro 2016. La Hongrie en phase de poules ? Le Portugal est mathématiquement éliminé à trois reprises, mais revient au score à chaque fois pour se qualifier pour les huitièmes de finale. La suite ? Une victoire en prolongation en huitièmes, aux tirs au but en quarts et à nouveau en prolongation en finale. Le tout, en proposant un jeu défensif, basé sur la capacité à souffrir. Et visiblement, les joueurs ont adoré gagner dans la souffrance et veulent retrouver cette sensation en Coupe du monde. Alors, à quoi bon assurer une victoire et une première place synonyme de huitièmes contre la Russie lorsque l’on peut souffrir jusqu’au bout du temps additionnel, et donner rendez-vous au tour suivant à l’Uruguay ?

Saudade

Face au Maroc lors du deuxième match de poule, le Portugal avait, comme face à l’Espagne, ouvert la marque dès les premières minutes. Et alors que les petits potes de Cristiano Ronaldo auraient pu se rendre la tâche facile, ils ont préféré, comme contre l’Iran, trembler jusqu’au bout. À la différence qu’ils n’avaient pas rompu face aux Marocains. Après la rencontre, Bernardo Silva ne s’était alors pas caché en zone mixte : « Il est vrai que nous avons beaucoup souffert. Nous avons marqué très tôt, et le Maroc, ayant perdu le premier match, a dû prendre plus de risques et nous avons alors essayé de bien défendre. »

Mais pourquoi alors ne pas avoir cherché à aller mettre le deuxième plus tôt ? Peut-être pour rendre hommage à leur sélectionneur Fernando Santos qui avait déclaré après la victoire contre la Croatie à l’Euro 2016 : « J’aimerais être beau, mais entre être beau et à la maison, et être moche et être ici, je préfère être moche. » Ou alors pour s’offrir 85 minutes de souffrance commune. Ce qui fait sens dans un pays qui pleure encore la reine Amália Rodrigues et son fado rempli de tristesse et de souffrance. De là à dire que la souffrance fait partie intégrante de la culture portugaise ? Possible. Quoi qu’il en soit, le Portugal compte bien à nouveau souffrir face à l’Uruguay pour tenter de rejoindre les quarts de finale de cette Coupe du monde. Et tant pis pour le cœur de ses supporters.

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