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Percy Tau, permission refusée
Miraculeusement qualifiée pour les huitièmes de finale de la CAN, l’Afrique du Sud affronte l’Égypte ce samedi (21h). Si les Bafana Bafana peuvent compter sur Percy Tau, ce dernier mise également gros sur cette compétition. Et pour cause, un succès continental est quasiment sa seule chance d’obtenir son permis de travail, condition sine qua non pour qu'il puisse évoluer en Premier League.
Le 5 juin dernier, les supporters de Brighton scandent le nom de Percy Tau dans les tribunes de l’Emirates Stadium, Pourtant, le joueur de 25 ans n’est pas sur la pelouse. Acheté à l’été 2018 pour la somme record de 3,2 millions d’euros, avant d’être prêté à l’Union Saint-Gilloise faute de permis de travail, Tau vient simplement d’être élu joueur de l’année en D2 belge. Avec onze buts et douze passes décisives toutes compétitions confondues, l’attaquant de poche a vite retenu l’attention des supporters des Seagulls. Mais depuis 2015, pour ralentir l’afflux de joueurs étrangers et aider les jeunes joueurs britanniques à s’imposer au pays, la Fédération anglaise a imposé de nouvelles règles afin que l’obtention d’un permis de travail soit plus corsée.
Sortez vos calculettes
Pour acquérir ce précieux sésame, Tau (16 sélections) et les Bafana Bafana devront au moins aller en finale de la CAN, voire même l’emporter. Car pour obtenir un permis de travail britannique, un joueur hors UE doit avoir désormais disputé un certain pourcentage des matchs de son équipe nationale lors des 24 derniers mois, ce pourcentage étant déterminé par le classement FIFA du pays tout au long de cette période. Pour les équipes classées au-delà de la 50e place, comme l’Afrique du Sud, le permis ne peut être délivré que si le joueur en question a évolué dans l’un des sept principaux championnats d’Europe ; ce qui n’est pas le cas de la deuxième division belge cette saison.
Reste la CAN, ultime chance pour les Sud-Africains d’intégrer le top 50. Si Tau a confié avoir l’impression d’être à son apogée, le pari s’annonce malgré tout compliqué, les résultats et l’aura de la sélection sud-africaine n’étant pas au mieux ces dernières années. L’époque de Steven Pienaar et Siphiwe Tshabalala est déjà un lointain souvenir, et le pays n’est que 72e au rang FIFA. Au coude-à-coude avec la Guinée (71e), l’Algérie (68e), la Côte d’Ivoire (62e), le Mali (61e), le Burkina Faso (59e), l’Égypte (58e), le Cameroun (51e) et le Ghana (50e), sept pays encore en lice lors de cette CAN.
Tau ou tard
Fort d’un nouveau statut au pays à la suite d’une LDC africaine remportée en 2016 avec Mamelodi Sundows, club de sa ville natale de Pretoria, Percy a mené les siens lors des éliminatoires, prouvant qu’il était le nouvel atout de la sélection. Blessé en fin de saison, mais finalement apte pour le voyage en Égypte, il a vécu un début de CAN quelque peu difficile, la faute à une sélection limitée et en manque cruel de références. Après une défaite contre la Côte d’Ivoire, les joueurs de Stuart Baxter ont battu la Namibie puis perdu face au Maroc. Quatrième meilleur troisième de la phase de groupes, l’équipe s’est quand même hissée en huitièmes, sans grandes certitudes. En alignant Tau en soutien de Lebo Mothiba, puis en tant qu’ailier, le sélectionneur écossais n’est pas encore parvenu à exploiter pleinement le talent du petit gaucher, avare d’espaces et de liberté.
À Bruxelles, Tau a explosé sous les ordres de Luka Elsner, ce dernier n’ayant pas hésité à lui confier les clés de son attaque, propulsant ainsi le club aux portes de la Jupiler Pro League. Mais l’USG, racheté en 2018 par le président de Brighton, ne reverra pas son joyau après la CAN. D’ailleurs, si cette dernière ne lui permet toujours pas de jouer en Angleterre, elle pourrait lui ouvrir les portes d’une nouvelle terre d’exil plus clémente. Avec l’arrivée de Luka Elsner à Amiens, la presse sud-africaine a imaginé un prêt en Picardie, aux côtés également de Bongani Zungu, à qui il a offert le but vainqueur contre la Namibie. À moins que Percy et les siens ne battent l’Égypte et n’aillent au bout de la compétition. Le seul titre continental de l’Afrique du Sud remonte à 1996, Percy Tau avait deux ans et Nelson Mandela soulevait la coupe au Soccer City Stadium de Johannesburg.
Par Maxime Renaudet