Le pire adversaire ?
Là comme ça, je dirais Viorel Moldovan. Non pas qu’il me mettait la misère sur le terrain, mais plus parce qu’à chaque fois que je jouais contre lui, je finissais le match avec la lèvre éclatée, parce qu’il aimait bien jouer des coudes. C’était un joueur qui aimait bien jouer dos au but, et pour se retourner, il n’hésitait pas à balancer des coups de coude. Il était toujours très limite. Selon moi, il y avait souvent faute, mais l’arbitre n’a pas souvent sifflé (rires). Sinon, en talent pur, celui qui m’a le plus impressionné, c’était Andreï Shevchenko à l’époque où il jouait encore au Dynamo Kiev. Il était très rapide, très technique et très intelligent dans sa façon de jouer. Lui, il m’avait posé pas mal de problèmes.
Le pire coéquipier ?
Il y en a un avec qui je me suis souvent pris la tête quand j’étais à Monaco, c’est Yohan Mollo. C’est un joueur qui était vraiment talentueux, et ça m’énervait de ne pas le voir faire les efforts suffisants sur le terrain. Il avait tendance à être trop individualiste, il fallait lui rappeler que le foot est avant tout un sport collectif. Je l’aimais beaucoup, Yohan, mais on avait l’impression qu’avec son énorme potentiel, il pouvait faire beaucoup plus. D’ailleurs, je suis content car ça se passe plutôt bien à l’ASSE pour lui, maintenant.
Le pire stade dans lequel tu as joué ?
J’espère que mes amis corses ne vont pas m’en vouloir, mais je dirais celui d’Ajaccio. Le stade était tout petit, et à l’époque, ça changeait des gros stades dans lesquels on avait l’habitude d’évoluer, comme le Parc des Princes ou le Vélodrome. En revanche, il faut bien reconnaître que les supporters sont extraordinaires là-bas, surtout qu’ils sont juste derrière la grille, il y a une vraie proximité avec les joueurs sur la pelouse. Lorsqu’on s’échauffait avant d’entrer en jeu, je me rappelle qu’on avait le droit à de bonnes sorties de la part des supporters. Je ne me rappelle pas d’une en particulier, mais ils étaient plutôt rigolos.
Le pire moment de ta carrière ?
Je pense que c’est avec l’équipe nationale, lors de l’Euro 2008. J’avais été blessé assez durement l’année qui avait précédé la compétition, puisque j’avais eu une rupture des ligaments du genou et j’étais parvenu à revenir sur les terrains au mois de mai. Et là, chance incroyable, le sélectionneur me fait quand même confiance, alors que je n’avais pas joué depuis neuf mois. Cette année-là, l’Euro se disputait chez nous, en Suisse, et tout le monde attendait ça avec impatience. On voulait vraiment réaliser quelque chose de grand, sauf que dès le premier match, bah on perd contre la Turquie. Et encore une défaite au deuxième match. Donc voilà, on avait tous hâte que cet événement commence et on se retrouve éliminés après seulement deux matchs… C’était une vraie déception, un moment très difficile.
La pire demande de fan ?
Je me souviens d’une fois où j’ai reçu un courrier de la part d’une Hollandaise, lorsque j’étais encore à Lyon. En gros, elle avait mis une bague dans la lettre et me demandait s’il y avait moyen que l’on puisse faire un bout de chemin tous les deux (rires). C’est assez saugrenu, surtout que l’on ne s’était jamais vu. Je crois que j’ai gardé la lettre, d’ailleurs. De toute façon, tous les courriers de fans que j’ai pu recevoir, je les ai mis dans un carton que j’ai encore chez moi. Un jour, je vais l’ouvrir pour me faire une petite séance de nostalgie.
La pire blague ?
Non, je n’ai pas le souvenir d’une blague en particulier. Après, ta question me fait penser à Éric Abidal qui est l’un des hommes les plus drôles que j’ai pu croiser dans ma carrière. Dès qu’il arrivait le matin, jusqu’à ce qu’il reparte le soir, il n’arrêtait jamais. Il était toujours de bonne humeur, à faire des blagues. C’était clairement lui le comique du groupe. Souvent, les gens n’ont pas cette image-là de lui, alors qu’il était vraiment drôle.
Le pire tacle ?
Je n’étais pas un défenseur qui avait l’habitude de beaucoup tacler. L’autre jour, je discutais avec Sonny Anderson et Greg Coupet et ils m’ont dit : « De toute façon, toi, le seul tacle que t’as mis dans ta vie, c’était au Stade de France, en finale de la Coupe de la Ligue, pour marquer le but du 2-1. » Et ce n’est pas faux du tout (rires).
Le pire style vestimentaire ?
Je vais être obligé de dire Jérémy Toulalan (rires). Les fringues, pour lui, c’est quelque chose qui passe vraiment au second plan. Il n’en a vraiment rien à battre de sa tenue. De toute façon, je pense que chaque matin, il prend les premiers trucs qui lui passent sous la main et terminé. Il ne prêtait absolument aucune importance à son style vestimentaire. Dans le vestiaire, il se faisait un peu chambrer, mais il le prenait bien, car il s’en foutait vraiment.
La pire honte ?
J’ai marqué deux CSC dans ma carrière, notamment un avec l’OL contre le Bayern Munich. Et l’autre, c’était quand je jouais à Bâle où, en voulant dégager un ballon, je finis par marquer dans mes cages d’une superbe tête décroisée dans le petit filet. Évidemment, quand tu marques un CSC, tu as toujours un peu honte. Mais sinon, je me rappelle une fois, lors d’un Troyes-Lyon où j’étais totalement passé à travers. Le pire, c’est que j’avais déjà été mauvais la semaine d’avant, contre je ne sais plus quelle équipe, et j’avais dit à ma femme : « Bon bah je crois que je ne peux pas faire pire que le match d’aujourd’hui » . Sauf que la semaine suivante, à Troyes, je fais un match encore plus mauvais et, en rentrant, je dis à ma femme : « Ah bah en fait si, j’ai réussi à être encore plus nul, finalement » . Là, je me souviens que j’avais vraiment honte de ma prestation, c’est assez dur à vivre comme moment.
La pire tristesse liée au football ?
Gamin, je me souviens avoir été pas mal marqué par le drame du Heysel. C’était quelque chose d’assez traumatisant. Après, d’un point de vue personnel, il y a évidemment le décès de Marc-Vivien Foé. On a joué ensemble, partagé pas mal de moments, ça a été quelque chose de très dur d’apprendre sa disparition. En plus, avec Marc-Vivien, on est arrivés en même temps à Lyon. À l’époque, il m’a pris sous son aile car je débarquais tout juste de Suisse, on était assis à côté dans les vestiaires. Bref. C’est quelqu’un que j’appréciais beaucoup.
La pire baston ?
Ah bah c’est forcément le match de barrage retour, qualificatif pour la Coupe du monde 2006, Turquie-Suisse. On avait gagné 2-0 au match aller, et le match retour était particulièrement tendu. Dès notre arrivée à Istanbul, c’était la misère. Pour récupérer les bagages, pour passer la douane, pour aller jusqu’à l’hôtel : tout était compliqué. Mais le plus chaud, c’est surtout ce qu’il s’est passé après le match. Quand l’arbitre siffle la fin de la rencontre, on est qualifiés, et tout le monde part en courant vers le tunnel. Et là, il n’y a plus de lumière dans le tunnel, il fait ultra sombre et les coups commencent à pleuvoir. Personnellement, j’ai eu de la chance car j’ai pu rentrer au vestiaire sans encombre, mais pour pas mal de mes coéquipiers, il y a eu beaucoup de coups échangés. Je pense notamment à Stéphane Grichting qui a eu du mal à se remettre d’un coup de pied dans les parties intimes…
La pire chose dans la vie d’un footballeur ?
Je dirais que c’est quand ça s’arrête (rires). On sait tout au long de notre carrière qu’on est des privilégiés, car on a la chance d’avoir réalisé notre rêve de gosse en devenant footballeur professionnel. Mais on sait aussi que la carrière est courte. Et lorsque l’on doit arrêter, ce n’est jamais évident. Le pire, c’est quand on doit mettre un terme à sa carrière à cause d’une blessure, ça c’est très dur.
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