- Mercato
- Paris Saint-Germain
Paris est-il en train de réaliser le meilleur mercato de l’histoire ?
Georginio Wijnaldum, Gianluigi Donnarumma, Sergio Ramos sans débourser un centime d’indemnités de transfert, Achraf Hakimi pour soixante patates et maintenant Lionel Messi : au terme d’une année Covid compliquée et alors que les finances des clubs européens sont censées être exsangues, le Paris Saint-Germain s’est mis en mode Thanos avec un seul objectif, réunir toutes les pierres d’infinité. Déjà hypersolide, le mercato parisien va prendre une toute autre dimension avec l’arrivée du sextuple Ballon d’Or. Au point de pouvoir être considéré comme le meilleur de l’histoire ?
Florentino Pérez pensait avoir plié le game. Personne d’autre ne maîtrisait l’art de faire des mercatos de taré comme lui, l’homme qui a bâti de tels effectifs que deux générations de « Galactiques » portent son nom. Mais ça, c’était avant. Avant que le Qatar ne rachète le Paris Saint-Germain, que Nasser Al-Khelaïfi arrive à la tête de ce club, qu’il foute Leonardo à la direction sportive et que chaque fenêtre des transferts soit une opportunité de soigner le soft-power qatarien. Dans sa construction d’un projet d’envergure à Paris, les nouveaux propriétaires ont toujours affiché des ambitions qui n’ont eu de limites que celles du fair-play financier, se débrouillant toujours pour s’en extirper dès lors qu’une bonne opportunité de réaliser un transfert aussi onéreux soit-il se présentait, tant que celui-ci pouvait autant leur apporter sportivement que médiatiquement. Signer Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ? « C’est réaliste » , pavoisait en 2015 Nasser Al-Khelaïfi, qui avait annoncé dès son arrivée au PSG qu’il rechercherait activement le « nouveau Messi » . Marqué de près par l’UEFA depuis quelques années, Paris n’a pas eu à se faire prier pour profiter de l’assouplissement de ses règles. Et des paroles aux actes, pour fêter sa décennie dans la capitale, QSI a enfin atteint cet objectif fou, et ajoute avec Lionel Messi la cerise sur le gâteau d’un mercato qui deviendra sans conteste, au moment où l’Argentin paraphera son contrat avec Paris, le plus réussi de ses dix premières années parisiennes.
Un sacré rapport qualité-prix
Que ce mercato soit le plus réussi de l’histoire de Paris ne fait évidemment aucun doute. Pour Lionel Messi à lui tout seul, pourrait-on être tenté de dire, mais pas seulement. À l’inverse du millésime 2012 – qui a vu les arrivées de Thiago Silva, Ezequiel Lavezzi, Zlatan Ibrahimović, Marco Verratti et Gregory van der Wiel – qui lançait le projet parisien en grande pompes, ou de la goûteuse cuvée 2017 – Neymar, Yuri Berchiche, Dani Alves, Kylian Mbappé – ce marché parisien 2021 est un sans faute. À tous les postes, ou presque, où Paris avait besoin de renforts après la saison dernière, il a accueilli une pointure, un top 5 mondial du rôle. Avec un contexte qui a donné au PSG l’image d’un club aussi conquérant que séduisant. Sergio Ramos quitte le Real après seize ans ? Il choisit le PSG pour écrire la suite de sa carrière. Georginio Wijnaldum se retrouve sans club après cinq années couronnées de succès à Liverpool ? Il préfère le PSG au FC Barcelone, pourtant bien avancé sur le dossier. Gianluigi Donnarumma, le meilleur gardien de sa génération, ne prolonge pas avec son club de toujours ? Même sans assurance d’être titulaire alors qu’il vient de remporter un Euro dont il a été sacré meilleur joueur, il s’envole pour Paris. Vampiriser à ce point le marché des joueurs libres en signant ces trois gaillards sans débourser le moindre euro en indemnité de transfert relevait déjà d’un opportunisme d’exception. En y ajoutant Messi, on verse dans le génie. Car même en prenant en compte les diverses primes à la signature et autres petits (et gros) cadeaux aux agents, ces quatre arrivées coûteront sans doutes bien moins cher au PSG que ce qu’elles auraient coûté si Paris avait dû racheter leurs années de contrat, pour des retombées en termes d’image et de marketing qui seront à n’en pas douter colossales.
PSG 2021 > Real Madrid 2009 ?
Cette dimension qualité/coûts est peut-être ce qui fait de ce mercato parisien le plus fou de l’histoire du football. Car les deux seuls autres étés un peu dingues qui pourraient le concurrencer ont tous coûté un bras et demi. L’inoubliable mercato estival 2009 du Real (Cristiano Ronaldo, Kaka, Benzema, Xabi Alonso, Albiol, Negredo, Granero et Arbeloa) avait coûté, à une époque où les transferts étaient beaucoup moins onéreux, la bagatelle de 258 millions d’euros. Et inutile de rappeler la facture au terme du mercato 2017 du PSG, surtout très marquant parce qu’il avait justement bouclé les deux transferts les plus chers de l’histoire avec Neymar (222 millions d’euros) et Mbappé (180 millions d’euros avec bonus, après une saison en prêt). Sportivement, Paris est passé d’une équipe déséquilibrée avec des failles à une équipe all-stars, quasiment imbattable sur le papier et avec sans doute l’un des trios (voire quatuor, voire quintet) offensifs les plus excitants de ces 20 dernières années. Extrasportivement, Paris a envoyé un message : celui qu’il peut attirer n’importe qui pour peu que l’occasion s’y prête, même l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Cet été, les planètes se sont alignées pour le PSG. Place au terrain, désormais.
Par Alexandre Aflalo