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Papin, la fondue bourguignonne

Par Maxime Brigand
Papin, la fondue bourguignonne

Un budget qui tarde à être validé par la DNCG, une communication qui semble compliquée avec les nouveaux investisseurs chinois et donc cet épisode de la vraie-fausse nomination de Jean-Pierre Papin dans un triple costume. L’AJA va définitivement mal, très mal. Mais avait-elle besoin de tout ça ?

Un silence. Aucune voix qui ne s’élève, aucun responsable qui ne s’exprime et, là-bas, deux monuments qui s’amusent à se faucher. L’un parle « de la folie » de voir le second devenir à la fois « entraîneur, directeur sportif et ambassadeur » . L’autre répond avec autorité : « Monsieur, vous m’insultez et parlez de moi de façon fausse et humiliante dans les médias depuis une semaine pratiquement chaque jour. Ne croyez pas que parce que je ne dis rien, je ne le sais pas. Voulez-vous qu’on reparle de l’équipe que vous m’avez laissée à Lens ? De votre salaire de l’époque ? De votre château ? De la catastrophe que je n’ai hélas pas pu éviter à votre suite (et à votre fuite ?)(…)Je vous pense très sincèrement sur la mauvaise pente… Comme l’a dit Gervais Martel : « Vous me faites de la peine ! » » D’un côté, Guy Roux, aujourd’hui membre de l’association AJA, qui siège au conseil d’administration du club après plus de quarante ans passés sur le banc du club. De l’autre, Jean-Pierre Papin, la nouvelle boule puante lâchée dans une maison où rien n’a plus de logique malgré le rachat récent de 60% des parts de l’institution par la société chinoise ORG Packaging. L’AJ Auxerre avait-elle vraiment besoin de ça à un moment où la DNCG tique encore à valider son budget pour la saison en cours ? La réponse est définitivement non.

L’idée de base, venue de l’esprit du nouveau propriétaire James Zhou, était la suivante : installer JPP dans un triple costume, le tout sur un contrat de deux ans et demi avec un salaire d’un million d’euros par an. Soit court-circuiter tous les fusibles qui tenaient encore au cœur d’un club actuellement dix-neuvième de Ligue 2 et qui n’a gagné que deux de ses dix dernières rencontres de championnat. Depuis la fuite de cette information et alors que Cédric Daury, nommé début octobre sur le banc de l’AJA, a un match à gagner vendredi soir contre Bourg-Péronnas, les voix se sont élevées en interne où un proche du club parle d’une « situation de chaos où aucune ligne directrice n’est tracée. Oui, à ce rythme, on va définitivement mourir à petit feu. » Personne ne sait si Papin va un jour s’installer à Auxerre, et ce, alors que son arrivée plomberait définitivement les finances d’un club déjà en difficulté. Mais au-delà de ça, il faut se poser la question de l’intérêt d’un tel recrutement et revenir sur la seconde vie du Ballon d’or 1991. Celle où le costume est passé par-dessus le maillot.

« Jean-Pierre est quelqu’un qui marche à l’affectif »

La dernière fois que Jean-Pierre Papin a été vu sur un banc, c’était à Arcachon, il y a maintenant un peu plus d’un an. Sa carrière d’entraîneur, JPP l’a débutée là-bas, en DH, avec le FC Bassin d’Arcachon. C’était en 2004 et il faisait monter le club en CFA2 à l’issue de sa première saison de coach, avant de partir ensuite grandir à Strasbourg. Revenu pour une pige en Gironde lors de la saison 2014-15, Papin y a laissé un souvenir costaud. « Je pense simplement qu’il ne faut pas se moquer de lui, remet son ancien président, Yves Jablonski. Jean-Pierre est une super personne. Il nous a amené ses connaissances, son enthousiasme. La clé, c’est qu’il avait décidé de s’impliquer au-delà de son rôle d’entraîneur. Il s’est battu pour trouver des partenaires, des sponsors, mais il marche à l’affectif. Il a besoin de confiance et de savoir que les personnes qui travaillent avec lui vont dans le même sens. » L’entraîneur JPP, lui, a sa réputation d’homme rigoureux et finalement assez mystérieux. Comment expliquer que plus personne ne lui fait confiance depuis son départ de Châteauroux après un maintien assuré en Ligue 2 lors de la dernière journée en mai 2010 ? Dans l’entourage du club castelroussin, depuis descendu en National, reste le souvenir d’un homme qui a sauvé l’équipe malgré « quelques remous » en quelques mois, mais aussi d’un coach « qui ne s’occupait pas forcément des séances, mais était plus présent dans la gestion des rencontres » , d’après un ancien joueur. JPP connaît le foot, cela ne fait aucun doute, mais faire marcher un groupe professionnel n’est pas simple. Pour lui, c’est donc souvent plus dans une position de meneur que de gestionnaire impliqué à 200% dans certains cas.

La relation courte

Des succès, Papin en a malgré tout eu quelques-uns : une remontée en Ligue 1 avec Strasbourg – objectif minimum qui lui avait été fixé – et ce sauvetage de la Berrichonne donc. Sinon, il y a ce souvenir à Lens d’une descente en Ligue 2 après une saison marquée par la démission à la mi-temps d’un match de Guy Roux – tiens donc – en début de championnat et l’arrivée de Daniel Leclercq – « qui faisait tous les choix tactiques » comme l’expliqua un jour Papin – en janvier pour l’assister dans ses fonctions. Ça, c’était la saison 2007-2008, mais aussi une nouvelle preuve qu’avec l’ancien attaquant de l’AC Milan, les relations sont souvent courtes. Son ancien joueur à Strasbourg, Nicolas Puydebois, va pourtant lui aussi dans le sens d’Yves Jablonski et se souvient d’un « homme sympa, très humble » . Trop ? Peut-être. « Sincèrement, il a les compétences pour entraîner et j’estime même qu’il fait partie des bons entraîneurs que j’ai connus. Au Racing, le seul défaut, c’est qu’il avait encore son côté joueur par moments, donc il ne mettait peut-être pas assez de distance avec ses joueurs. Certains avaient alors tendance à se comporter avec lui comme avec un pote plus qu’avec un entraîneur, mais il a toutes les qualités techniques et psychologiques pour ce poste. Il a un déficit d’image, de crédibilité, qui est injuste selon moi, parce qu’il a tendance à ne peut-être pas assez valoriser son image » , complète Puydebois. Voilà maintenant plus de six ans que Papin n’a pas retrouvé le banc d’un effectif pro. Auxerre devait être un rebond, mais ses accrocs passés avec Guy Roux ont refait surface alors que le temps presse pour lui, histoire de ne pas rester à jamais comme l’homme d’une saison.

Dans cet article :
Christophe Pélissier : « C’était le seul club de Ligue 1 contre lequel je n’avais pas pris un seul point »
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Par Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB sauf ceux de Guy Roux, tirés de L'Équipe, et ceux de Jean-Pierre Papin, tirés de Facebook.

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