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PA Domingo : « On est 15 000 personnes devant Auxerre sur FM »

Propos recueillis par Clément Bernard
PA Domingo : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On est 15 000 personnes devant Auxerre sur FM<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pierre-Alexis Bizot, PA pour les intimes, est l’un des rares pontes du Twitch game qui s’aventure dans des parties de Football Manager sur la plateforme de streaming. Ses lives avec son double Coach Bizot réunissent souvent plus de 10 000 spectateurs, qui apprécient son entrain et l’esprit communautaire régnant sur sa chaîne. Retour sur sa partie en cours avec l’AJ Auxerre, ses souvenirs du club ou sa vision de FM. Et sa passion pour le foot, le vrai.

Qu’est-ce qui guide ton choix d’équipe pour tes aventures Football Manager, sur ta chaîne Twitch ? Sans que cela ne soit trop réfléchi, je dois trouver la bonne formule entre un club qui va plaire, un défi suffisamment costaud et une aventure qui sera intéressante à suivre. Je prends généralement un club qui évolue en seconde division, car ça me permet de le faire évoluer sans perdre beaucoup de temps à monter depuis les divisions amateurs. Avec déjà quinze à vingt heures par saison, je dois quand même accrocher les gens qui ne sont pas forcément tous fans de football ou du jeu. J’ai beaucoup de personnes qui sont là pour l’énergie que je mets ou pour l’esprit communautaire de soutenir une équipe, même virtuelle. L’idéal, c’est aussi d’avoir un peu de difficulté. Avec une montée pas trop compliquée la première année, pour ensuite être dans le dur et se battre pour ne pas descendre. C’est d’ailleurs trop facile cette année, dommage.

Dès que je lance une partie sur FM, je me prends au jeu et je suis le club à fond.

Après des parties avec le RC Lens ou Leeds, tu as choisi l’AJ Auxerre. Football Manager rime avec clubs historiques, pour toi ? Clairement ! Je trouve ça cool de faire revivre des clubs que tout le monde connaît, l’AJA est un club qui sent la passion et l’amour des supporters. Tout le monde a plein de souvenirs en tête : Guy Roux, Djibril Cissé, les soirées Ligue des champions… Même les gens qui ne connaissent pas spécialement le foot ont les références, ils vont s’accrocher plus facilement à l’identité du club. À la base, j’avais hésité avec Toulouse. Mais il y avait moins d’affect. Auxerre comme Lens, on respecte, car c’est l’histoire du foot français.


Tu gardes quels souvenirs de l’AJA ?Même si je ne suis né qu’en 1994, c’est vraiment un club qui m’a marqué. Ça fait mal de les voir en Ligue 2, mais je suis même récemment allé visiter leur stade avec Bruce Grannec. Quand je pense à Auxerre, je vois Guy Roux direct. C’est un personnage, quoi ! Ils ont eu pas mal de joueurs marquants, quand je commençais à suivre le football : Mexès, Boumsong, Cissé, même Lachuer… Et puis, souvenir un peu con, mais ce sont quand même les premiers à avoir eu le maillot moulant Kappa en France. L’AJA me rappelle mes soirées du samedi soir à écouter les matchs en direct sur RMC, car je n’avais pas le droit de regarder la télé. Le petit but à l’Abbé-Deschamps, il faisait plaisir !

FM n’est pas la vraie vie, le joueur qui a roulé sa bosse et qui a de l’expérience ne marche pas trop.

Ta partie te permet de redécouvrir le club sur Football Manager, mais est-ce que tu deviens un suiveur du club dans la vie réelle ? Dès que je lance une partie sur FM, je me prends au jeu et je suis le club à fond. Je vais regarder quelques matchs, checker les compositions d’équipe, voir tous les résultats… Pareil pour les clubs de mes précédentes parties, comme Lens ou Leeds. Je continue de m’y intéresser, c’est assez cool de voir que ces deux clubs vont bien. J’adore le foot et si je suis de près mon club de cœur qui est l’Olympique lyonnais, je ne mate pas beaucoup d’autres matchs. Mes différentes périodes sur Football Manager me permettent de me replonger et de me mettre à jour, notamment au niveau des joueurs. On connaît le degré de précision des mercatos et des transferts sur FM, donc ça m’aide. Certaines personnes m’attendent d’ailleurs au tournant pendant mes parties sur ces sujets, mais je n’ai pas un tel niveau de connaissance. J’avais même refusé de participer à l’After Foot, car il y a une différence entre aimer le foot comme moi et être consultant. Je suis coach, moi ! (Rires.)


Justement, tu as pu t’amuser un peu avec l’effectif de l’AJ Auxerre. Qui fait ton bonheur, pour le moment ?Sachant qu’on évolue en Ligue 1, j’ai dû me séparer de Mickaël Le Bihan. FM n’est pas la vraie vie, le joueur qui a roulé sa bosse et qui a de l’expérience ne marche pas trop. J’aime beaucoup Jubal, le central brésilien, Hamza Sakhi ou Mathias Autret, le capitaine ! Pour le recrutement, j’ai trouvé une pépite qui, dans la vraie vie, est à Bursaspor et qui évoluera à Francfort la saison prochaine : Ali Akman. Je peux te dire qu’on va en entendre parler, les saisons prochaines !

Mes streams font en moyenne entre 8000 et 15 000 spectateurs simultanés, mais je ne sais pas si la plupart s’identifient forcément en tant que joueurs de FM.

Ce qui est sympa dans tes streams sur Football Manager, c’est que tu arrives à lier gaminget monde réel comme avec tes interactions avec des joueurs pros. Ça se fait naturellement et je ne veux absolument pas imposer ce genre d’échanges, car il y a un rapport à ma partie assez fort. Si un joueur est nul sur FM, ça va être compliqué de parler avec le vrai sans que ce soit bizarre. Pareil avec Eliaquim Mangala, qui avait pu me tweeter : pas de chance, son avatar venait de se blesser pour neuf mois. Avec Lens, on avait commencé à interagir et c’était sympa, car ça avait créé une petite hype. Ils voulaient même me faire venir à Bollaert ! Auxerre ne m’a pas contacté, mais ce n’est pas grave. Je ne vais pas forcer le truc, j’ai envie que mes parties sur FMrestent un jeu, même si je peux pousser le délire roleplayà fond. Après, si un jour Hamza Sakhi me tweete « Coach, j’espère que je vais être bon ce soir », je vais adorer.

On se raconte tous des histoires fictives, quand on joue à Football Manager. Avec ta façon de faire vivre ton aventure devant des milliers de personnes, tu rends tout ça presque réel. C’est tellement ça ! J’ai toujours aimé les stories sur Football Manager racontées sur les forums, c’est peut-être ça qui m’a donné envie de partager mes parties d’une façon différente des autres streamers sur Twitch. FMest un jeu dans le top des ventes chaque année, mais si je vais sur Twitch, c’est très rare de trouver des lives qui ont de l’audience. Mes streams font en moyenne entre 8000 et 15 000 spectateurs simultanés, mais je ne sais pas si la plupart s’identifient forcément en tant que joueurs de FM. C’est peut-être plus la dynamique que je vais mettre, le délire de parler aux joueurs, d’aller au match tous ensemble. Le côté roleplayde Coach Bizot, ça nous met tous à fond. Lorsqu’il y a des mauvais résultats, c’est d’autant plus marrant avec tellement de gens en mode Bizot Out dans le chat. Les viewersvont souvent assez loin, et ça joue beaucoup sur l’ambiance du stream, il y en a même un qui a créé un compte PAB ultras sur Twitter.

J’ai pu récemment discuter avec Bruno Guimarães sur un live FIFA, j’étais comme un gosse.

Football Manager est aussi, pour toi, une manière de vivre ta passion pour le football. Non plus du point de vue du spectateur, mais comme un véritable acteur grâce à l’audience large qui regarde tes streams. Ce que j’aime le plus est de transmettre des émotions, c’est ce que je fais sur Football Manager avec cette casquette de coach et de premier supporter. On est 15 000 personnes devant un AJA-Toulouse, ça me met en transe et c’est kiffant de voir que les gens partagent ça avec moi. C’est vraiment incroyable de vivre ce genre d’expérience, j’essaye de faire ça même au-delà de FM. J’avais déjà pu essayer de commenter des matchs de l’OL, notamment en duo avec Wiloo sur le huitième de finale aller de la C1 contre la Juventus avec le but de Tousart. J’avais retenté l’expérience lors du ZEvent pour un OL-PSG avec d’autres potes streamers, Zack Nani et Kameto. Je ne me verrais jamais commenter un Dijon-Amiens, car j’ai ce besoin d’avoir cet angle de supporter. Je suis un peu contre le lissage des commentaires, tu as parfois envie d’entendre un mec qui est à fond pour ton équipe tout en restant honnête. J’ai pu mettre en place d’autres projets, comme le semi-marathon de Paris que j’ai couru en live devant 40 000 personnes. Les mecs t’encouragent comme si tu étais Usain Bolt, c’est une sensation incroyable. Je pense que c’est ce que doit ressentir un joueur moyen qui met le but de la victoire à la 95e dans un stade plein, je vis un peu le rêve de toute personne qui a fait du sport au niveau amateur. Grâce à mon audience, je peux créer des concepts qui vont me stimuler, mais aussi véhiculer des bonnes valeurs de partage et de bienveillance. Dans le même temps, j’ai des milliers de personnes qui me soutiennent dans mes aventures. On ne peut pas rêver mieux.


Tu es donc également un vrai passionné de l’Olympique lyonnais, quel est ton lien avec ce club ?C’est tout simple, mon papa était un fan de l’OL, et ça m’a plongé dedans sans trop de raison, alors qu’on ne vient pas de la région. Je pense que j’ai eu la chance de découvrir le club à la bonne période. Sonny Anderson arrive alors que j’ai cinq ans, je vais rapidement devenir un giga fan avec mon beau maillot Pathé. J’habitais à Paris, on allait donc au Parc des Princes à chaque fois que Lyon venait, et j’ai pu faire quelques voyages à Lyon pour découvrir Gerland. Toutes les victoires, avec l’époque Juninho qui a suivi, ont forcément renforcé mon amour pour l’OL. Je voulais vraiment tout savoir, j’ai même demandé à mon père d’aller à Tola Vologe. Je me souviens que la mort de Marc-Vivien Foé avait été un énorme choc. Je suis encore à fond aujourd’hui, malgré un petit passage à vide il y a quelques années quand les jeux vidéo ont pris une grande place dans ma vie. Je ne me revendique donc pas comme l’ultra numéro 1, mais j’ai ça dans la peau. J’ai pu récemment discuter avec Bruno Guimarães sur un live FIFA, j’étais comme un gosse. Surtout que c’est un bon gars, qui respire le foot et qui a montré rapidement l’amour du maillot. Grâce à mon métier, j’ai rencontré pas mal de mecs connus. Mais je n’ai été impressionné qu’une fois : je bossais à beIN Sports pour animer une émission sur l’e-sport, et j’ai pu aborder Sonny Anderson. Jamais je n’ai été comme ça de ma vie. Je voulais lui dire à quel point je l’aimais, mais je n’ai pas pu !

Si on doit parler de Rudi Garcia, il y a des choses que je ne comprendrai jamais. Notamment sa gestion d’effectif, avec Cornet ou avec les jeunes.

Qu’est-ce que tu penses de ce que réalise l’OL, ces derniers temps ?Je suis un peu mitigé, car on a eu une sale année dernière malgré le beau parcours européen. Il y a beaucoup de choses à revoir dans la gestion du club, mais des efforts sont tout de même faits. Et quand on voit l’aspect résultat brut, ça fait combien d’années qu’on n’a pas vraiment joué le titre ? Après, si on doit parler de Rudi Garcia, il y a des choses que je ne comprendrai jamais. Notamment sa gestion d’effectif, avec Cornet ou avec les jeunes. Mais globalement, ça va mieux. On a des joueurs qui ont la dalle, comparé à il y a quelques mois où l’on avait des mauvaises histoires avec Toko Ekambi ou Jeff Reine-Adélaïde. Sans compter les départs avortés d’Aouar, ou de Depay. J’étais très content de voir Juni devenir le directeur sportif, mais il faut qu’il ait vraiment les rênes. C’est surtout lors du prochain mercato et de l’ère d’après qu’on pourra vraiment voir l’avenir du club, je ne veux donc pas trop me plaindre. Il y a un moment pour être exigeant, un autre pour être content des résultats et du scénario de la Ligue 1 cette saison.

Du coup, Coach Bizot va-t-il reprendre l’OL ?En vérité, je voulais prendre l’OL cette année dans mon aventure Football Manager. Je sentais venir la saison catastrophe dans la réalité, mais ça ne s’est pas passé. Je n’avais pas envie de voir les Gones jouer le titre dans la vraie vie, et moi être en train de galérer sur FM. Si ça allait mal, j’aurais viré Rudi et j’aurais repris les rênes. Je nous aurais remis là où l’on mérite d’être. Pour le moment, ça se passe bien. Si jamais la crise arrive, Coach Bizot sera là.

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