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On était avec Véronique Rabiot à la manifestation de l’US Alfortville

Par Alexandre Delfau, à Alfortville
On était avec Véronique Rabiot à la manifestation de l’US Alfortville

Le 8 septembre dernier, l'US Alfortville était mis à la porte du Parc des sports Val-de-Seine, et 700 licenciés se retrouvaient sur le carreau. En cause, un bras de fer entre le club historique de la ville et le maire Luc Carvounas, ce dernier leur reprochant une mauvaise gestion. L'USA, toujours SDF depuis, ne digère pas son éviction, mais peut compter sur le soutien infaillible de Véronique Rabiot. La mère et agent d'Adrien, nommée présidente d'honneur puis trésorière de l'association, est au chevet des ex-Lions d'Alfortville pour lesquels son fils a rugi durant une saison, lorsqu'il avait huit ans. Outre un important soutien financier, elle donne également de son temps comme ce samedi, où elle était à la tête d'une délégation souhaitant rencontrer Luc Carvounas. Spoiler : le maire était absent. Pas nous.

Ce samedi matin devant l’hôtel de ville, un petit Alfortvillais s’interroge au guidon de sa trottinette : « Qu’est-ce qui se passe ? » « C’est le club de foot qui manifeste parce qu’ils n’ont plus de terrain », lui répond sa mère. « Et pourquoi ? » questionne à nouveau le bambin. Nouvelle réponse : « Pour des histoires de grands. » Des histoires de grands qui ont en effet poussé Luc Carvounas, maire PS de la commune du Val-de-Marne, à mettre hors jeu l’US Alfortville du Parc des sports Val-de-Seine, occupé désormais par le tout nouveau FC Alfortville. Pour rappel, l’élu reproche à l’association une convention d’objectifs – leur permettant une subvention de 94 500 euros – non signée, une absence de bilan d’activité et de bilan comptable 2019, une dette qu’il estime à hauteur de 100 000 euros, mais aussi des menaces, l’usage des locaux sans autorisation ou encore le saccage du bureau du directeur des sports. Du côté de l’USA, on affirme être la victime d’une bisbille politique datant des élections municipales 2020, quand Abdoulaye Diakité, à ce moment-là directeur général du club et ancien candidat à la mairie, s’était rallié à la liste d’En Marche, plutôt qu’à celle du PS emmenée par Luc Carvounas.

L’USA avec Rabiot en défense, au milieu et en attaque

Sept mois après sa mise à la porte, l’US Alfortville ne compte pas baisser les bras pour retrouver le chemin des filets du Parc des sports Val-de-Seine. 341 licenciés, sur les presque 700 que comptait l’USA, continuent d’en porter haut et fort les couleurs en s’entraînant désormais à Créteil, avec en prime le soutien moral et financier de Véronique Rabiot. « Lors de la réinscription à l’US Créteil en 2003, il n’y avait plus de place, et mon grand frère Geoffroy connaissait deux entraîneurs de l’US Alfortville. Donc c’est comme ça qu’on s’est retrouvés à jouer là-bas avec Adrien », raconte James, aîné d’un an d’Adrien Rabiot et présent ce samedi à la « marche persévérante » emmenée par sa mère. Une action forte et deux objectifs liés : rencontrer Luc Carvounas et retrouver les anciens terrains du club fondé en 1958.

Sans Véronique Rabiot, on n’existerait plus. Depuis septembre, ce qu’elle donne au club doit dépasser les 100 000 euros.

Une lutte qui tient donc particulièrement à cœur à la meneuse de la marche, qui ne souhaite pas voir l’ancienne structure de ses deux fils s’éteindre. « Le club a été là quand j’en avais besoin, et je n’avais pas réussi à lui faire toucher un pourcentage sur le transfert d’Adrien, car il était trop ancien dans son parcours, explique Véronique Rabiot, investie corps et âme dans cette bataille contre la municipalité. C’est une façon pour moi de leur rendre tout ça. » Une touche personnelle, et un soutien précieux pour les membres de l’US Alfortville. Le président Gueye Diakhité est bien placé pour en parler : « Sans elle, on n’existerait plus. Elle nous paye la location des terrains, les éducateurs, des stages et des sorties pour les enfants pendant les vacances scolaires, elle leur offre des maillots d’Adrien et des masques de la Juventus. Depuis septembre, ce qu’elle donne au club doit dépasser les 100 000 euros. » Au cœur de la commune du Val-de-Marne, le parcours s’étire sur deux kilomètres, avec pancartes, distribution de tracts et chants pour animer le défilé. La mère du milieu de terrain des Bleus donne même de la voix pour motiver les troupes. « Les enfants, il faut faire plus de bruit si vous voulez récupérer votre club », lance au mégaphone la présidente d’honneur et trésorière de l’USA.

Dos au mur de la mairie

Car si les amoureux du club, par lequel sont également passés Jean-Eude Maurice et Mehdi Abeid, mettent du cœur à l’ouvrage, il est parfois difficile de cacher le déchirement qu’ils subissent dans leur chair face à la situation. « Pour beaucoup, leur histoire tourne autour du club. Moi, j’y ai rencontré la mère de mes enfants et il y a des joueurs que j’ai connus des U11 aux seniors qui sont devenus mes meilleurs amis, s’émeut Stéphane Abadie, 42 ans et deux décennies au compteur chez les Lions, en tant que joueur, entraîneur puis directeur technique. Proposer un club de foot (le nouveau FC Alfortville) ne suffit pas, car un club de foot, c’est bien plus que ça. Casser ce club, c’est aussi et surtout casser un gros boulot socio-éducatif. » Un vecteur extrasportif qui a justement poussé Véronique Rabiot à s’impliquer de la sorte. « Aujourd’hui, on nous dit que les jeunes sont mal éduqués et qu’il faut intégrer les enfants des cités, mais on tombe sur un maire qui a un double discours et pénalise des gamins en reprochant des problèmes financiers qui datent d’avant la direction actuelle », regrette la mère du joueur de la Juventus.

On nous dit que les jeunes sont mal éduqués et qu’il faut intégrer les enfants des cités, mais on tombe sur un maire qui a un double discours et pénalise des gamins.

Le cortège, entré en grande pompe dans la mairie à l’issue de sa marche persévérante, n’obtiendra pas gain de cause, puisque l’élu a brillé par son absence. « À aucun moment Madame Rabiot ne m’a sollicité, se défend l’intéressé, quelques heures après la manifestation devant l’hôtel de ville. Tous les Alfortvillais peuvent vous le dire, dès qu’on m’envoie un texto ou un mail, je réponds à tout le monde. » Réponse de Mireille Motte, à la tête du Comité de soutien de l’US Alfortville : « C’est faux, on a envoyé un mail pour demander à être reçus. C’est une histoire qui va durer indéfiniment parce que c’est un club qui fonctionne. Carvounas ne se rend pas compte du tollé qu’il crée dans la ville. »

Chacun se renvoie la balle pendant que la situation de l’USA demeure inquiétante. « Je n’ai jamais été en guerre avec l’USA Foot, mais il n’y aura pas de retour en arrière, c’est fini, tient à clarifier le maire. Quand j’ai des interlocuteurs qui ne veulent pas entrer dans les clous des règles, je n’ai pas le droit de continuer à les accompagner. Et le premier arrêt du tribunal administratif de Melun en octobre 2020 écrit noir sur blanc sur onze pages qu’il n’y a rien de politique de ma part et que l’USA Foot s’est mise toute seule dans un corner parce qu’elle n’a pas voulu apporter les documents et signer le contrat d’objectif. » À ce sujet, l’avocat du club de foot, Me Rajnish Laouini, fait savoir que des procédures administratives sont encore en cours et qu’une audience d’un référé pour suspendre la décision de la mairie n’a pas pu se tenir, car « les juges ont statué qu’il n’y avait pas d’urgence puisque les enfants ont un autre terrain pour s’entraîner ». Après le départ de la plupart des manifestants, Véronique Rabiot, elle, a animé une réunion en plein air avec la direction de l’US Alfortville pour prévoir d’autres actions, et faire que la bataille gagnée par la mairie ne soit pas la guerre toute entière.

Dans cet article :
Pourquoi les entraîneurs français s’exportent si mal ?
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Par Alexandre Delfau, à Alfortville

Tout propos recueillis par AD.

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