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On était à Bastia-Istres pour fêter la montée

Par Florian Cadu, à Bastia
4 minutes
On était à Bastia-Istres pour fêter la montée

Deux ans après sa mise à l'écart du monde professionnel et sa descente dans les limbes du football français, Bastia a obtenu sa première montée. Et Furiani l'a bien fêtée, à l'occasion de l'avant-dernière journée de National 3. Avec les joueurs, l'apéro, les beignets au brocciu et un peu de pluie.

La Corse sous la pluie et dans le gris en plein mois de mai, alors que la saison du figatellu est bel et bien achevée, c’est possible. La preuve avec ce cru 2019, durant lequel l’été est retardé. À moins qu’il ne soit déjà passé, vu les températures et le soleil observés au début de l’année. Pour les supporters du Sporting, l’étrangeté des choses naturelles fait de toute façon désormais partie de leur quotidien. Leur club, habitué au football professionnel, végète depuis bientôt deux ans dans les limbes du monde amateur. Mais ça, comme le sale temps, ils ne s’y habituent pas.

En ce samedi, il y a pourtant du monde sur la route de Furiani. Comme d’habitude, lorsque l’enceinte s’apprête à faire retentir les chants du territoire. Car les conducteurs qui circulent en direction du stade et se payent quelques bouchons ne profitent pas, pour la plupart, de leur week-end pour faire du shopping dans les affreux centres commerciaux de l’immonde zone industrielle de la ville qui viole l’esthétisme et le nom de l’Île de Beauté. Non : ils roulent pour aller voir leur équipe défendre l’honneur de leurs couleurs.

Dernier effort avant la teuf

Une fois un endroit trouvé en guise de place de parking (trottoir, bord de route, espaces dédiés aux magasins…), il suffit de se laisser guider par la musique corse et s’installer dans les tribunes forcément moins garnies qu’en période Ligue 1. Pietra, Orezza ou Saint Georges à gauche, canistrelli et frappes sucrés à droite, la fête peut démarrer avec un petit hommage aux joueurs. Pourquoi ? Parce que depuis le 1er mai et un match nul sur la pelouse de Lucciana, le Sporting est officiellement champion de National 3 (groupe D) et monte par ricochet en quatrième division. Une joie immense et un petit soulagement pour le club, qui a été éjecté des sommets il y a maintenant deux saisons.

Alors, le responsable de la communication a prévenu d’emblée : au regard des festivités qui vont rythmer la journée, les joueurs ne seront pas vraiment dispos pour les journalistes. Trop occupés à célébrer le titre avec les fans, et à kiffer enfin le moment après une grosse période de galère. Mais avant ça, il reste tout de même à leur faire plaisir avec un ballon entre les pieds pour l’avant-dernière journée et la réception d’Istres. Ce qui correspond au premier match disputé à Furiani en tant que campioni.

Furiani, l’antre toujours vivante

Le foot à Furiani justement, parlons-en. Pour les adversaires, cette terre représente une certaine idée de l’enfer : en douze rencontres de N3 cette saison, le Sporting s’y est imposé… à douze reprises, lui qui est invaincu à domicile depuis avril 2017 (revers contre l’Olympique lyonnais sur tapis vert, Caen n’ayant éliminé Bastia en Coupe de France qu’aux tirs au but) et qui n’a perdu qu’une seule fois en championnat en 2018-2019 après un premier exercice plus tardif à prendre en main.

Dès lors, comment voir autre chose qu’un succès ? Ainsi, les fumigènes craquent dès la 24e minute pour répondre à l’ouverture du score de Kevin Schur et à son salto. Dans une ambiance sympa et apaisée, celle où l’objectif premier est d’apprécier, le break est réalisé par Benjamin Santelli juste avant l’entracte. Durant laquelle tout le monde se tape la bise, le dos et les sourires. Les plus téméraires parlent déjà de Ligue 2 et de Ligue 1, critiquant les conditions de barrages – qui sont, il est vrai, favorables aux plus gros.

Ensemble, c’est tout

84e minute : troisième pion, signé Rahavi Kifoueti que même le portier vient féliciter après avoir traversé l’intégralité du terrain. Reste que les applaudissements sont davantage dirigés vers les futurs retraités Ludovic Genest, Louis Poggi et Yannick Lorenzi. Vient enfin le coup de sifflet final, l’envahissement du terrain par le public et les accolades avec les joueurs qui vont avec. Des smiles, des câlins et des selfies : Furiani revit, comme il avait refait parler de lui durant la petite épopée en Coupe de France qui s’est arrêté en huitièmes de finale. « Personne ne veut être pris avec moi ? C’est toujours la même chose : tout le monde veut avoir une photo avec mon mari, mais on ne me demande jamais à moi » , se marre Madame Cioni dans le tunnel, alors que son Gilles file prendre sa douche en compagnie de ses potes. Pour mieux revenir ensuite en tribunes Sud avec notamment Frédéric Née, au milieu des supporters auxquels le club offre apéritif et beignets au brocciu.

« Qu’est-ce que ça fait plaisir de voir ça… Qu’est-ce que ça fait du bien ! Mine de rien, ces deux dernières saisons ont été éprouvantes, s’émeut un passionné devant cette jolie communion, se demandant à quelle heure la soirée post-match organisée à Lupino va s’arrêter.Tout ça à cause des anciens dirigeants. C’étaient des salops, des ordures, des crapules… Maintenant, il faut repartir de l’avant, et cette montée montre la bonne voie à suivre. Moi, j’ai tout connu avec le Sporting. Mais celle-là, elle fait vraiment du bien. Et puis, c’est parfait de terminer sur ce score. » Et un et deux et trois, on décolle de zéro.

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Par Florian Cadu, à Bastia

Photos et vidéos tirées des comptes Twitter et Facebook du Sporting Club Bastiais

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