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OM : attention, voilà Luis Henrique
Après la fameuse première saison d’adaptation à l’OM, Luis Henrique a entamé la préparation estivale à 200 à l’heure, avec ses dribbles chaloupés, sa vitesse, et ses centres ajustés. À 19 piges, et après une fin de saison pleine de promesses depuis l’arrivée de Sampaoli, le Brésilien semble taillé pour prendre son envol au Vél. Et on ne parle pas que de ses nouveaux muscles.
Depuis le début de l’été, la partie de Football Manager de Pablo Longoria a pris un sacré coup d’accélérateur sur la Canebière. En quelques semaines, les grosses prises se sont accumulées dans le Vieux-Port, annoncées par l’arrivée du gros poisson Milik en janvier 2021 : Gerson, Ünder, Luan Peres, Pau Lopez, Balerdi, Guendouzi, Saliba… De quoi faire oublier le premier coup de Pablo Longoria, réalisé en septembre 2020, et un peu vite tourné au ridicule : Luis Henrique. Sauf qu’un an après avoir traversé l’Atlantique depuis Botafogo, le Brésilien de 19 ans se rapproche de ce qui ressemble à un rythme de croisière, dans la lignée d’une fin de saison où il aura permis à l’OM de sortir la tête de l’eau plus d’une fois.
Le vrai printemps marseillais
À ce rythme-là, il ne serait pas surprenant de voir les virages marseillais – qui seront de retour dès l’ouverture du championnat – remixer un de leurs tubes : « Oh… Luis… Henriqueeee ! » On s’enflamme ? Peut-être un peu. Mais il n’empêche qu’en dehors d’un Dimitri Payet déjà rayonnant, le gamin de 19 ans, un temps approché par le Bayern et la Juventus avant d’opter pour l’OM, est l’homme en forme de cet été 2021, avec toutes les pincettes qu’il convient de prendre sur une prépa estivale. Suffisamment en forme en tout cas pour faire oublier ses débuts compliqués, notamment à cause du malentendu autour de son poste, lui l’ailier présenté comme le buteur qu’André Villas-Boas attendait.
À cette méprise, il a fallu ajouter la période d’adaptation inévitable pour un môme brésilien de 19 ans, affublé d’un chèque de huit millions d’euros qui a fait grincer jusque dans le club olympien, notamment du côté de la formation. Et comme si cela ne suffisait pas, Luis Henrique a posé ses valises dans un club en pleine crise, qui a explosé en plein vol au cœur de l’hiver dernier. Abonné au banc de touche sous AVB après quelques apparitions contre-nature en pointe, Luis Henrique a donc vite été étiqueté comme un flop de plus de la direction marseillaise. Y compris par Villas-Boas lui-même, qui a flingué le joueur en conférence de presse en décembre 2020 : « On a manqué un neuf de référence, on s’est raté, car Luis Henrique ne va pas être ce joueur pour jouer dans cette position. On a fait une erreur. »
Rhabillé pour l’hiver, Luis Henrique a vu Arkadiusz Milik débarquer en janvier pour enfiler ce costume, alors même qu’AVB prenait ses cliques et ses claques. Des bonnes nouvelles pour le Brésilien, paradoxalement. Intérimaire, mais formateur de métier, Nasser Larguet l’a relancé, imité ensuite par Jorge Sampaoli. « J’ai été surtout déstabilisé par les changements d’entraîneurs. Avec Villas-Boas, tout le monde parlait portugais et c’était plus facile pour moi de comprendre les consignes. Là, on parle en espagnol, mais aussi en anglais ou en français. Après, l’aspect tactique et l’intensité des entraînements ne sont plus les mêmes… », confiait Luis Henrique au printemps, après avoir repris des couleurs. Et le soleil méditerranéen n’a rien à voir là-dedans.
L’avenir à gauche
Après ses trois passes décisives en deux entrées sous Larguet, Luis Henrique est rapidement apparu comme une solution crédible sur l’aile gauche. Ce que Sampaoli n’a pas tardé à comprendre en lui offrant un rôle de piston bien plus rutilant que Yuto Nagatomo. Résultat : cinq passes décisives en Ligue 1 malgré un temps de jeu famélique. Et même une nomination au Golden Boy 2021. Surtout, des belles promesses affichées par l’ailier rapide, bon dribbleur, et doté d’une vraie qualité de centre, trois qualités devenues rares à l’OM les mois précédents.
Seuls @dimpayet17 (6) et Aleksandr Golovin (7) font mieux sur la période !#OMRCSA pic.twitter.com/GtyWlyq2uJ
— Ligue 1 Uber Eats (@Ligue1UberEats) April 30, 2021
Depuis cette fin de saison de canonnier, Luis Henrique a fait ce qu’on appelle une Bouna Sarr : revenir de vacances avec une masse musculaire doublée, voire triplée. Plus de muscles, et plus de copains puisque le futur marié – elle a dit oui début juin – a vu Gerson et Luan Peres, deux compatriotes, augmenter le contingent auriverde de l’OM. Sa future épouse n’y est d’ailleurs pas étrangère : « Je me souviens de Luis Henrique à Botafogo. Ma femme connaît sa copine, elles ont beaucoup parlé avant qu’on vienne à Marseille », a raconté Luan Peres, arrivé de Santos.
Mais en plus d’avoir une plus grande influence sur le mercato marseillais qu’Andoni Zubizarretta en son temps, Luis Henrique change surtout de dimension sur le terrain. Alors qu’on pouvait s’attendre à le voir camper sur le banc avec les arrivées des cracks De la Fuente et Ünder, le Brésilien enchaîne les titularisations depuis le début de l’été, et surtout les bonnes prestations. La dernière en date ? Celle contre Benfica dimanche, où son entente avec Dimitri Payet a encore sauté aux yeux. Et pas seulement sur le caviar délicieux qu’il a servi au Réunionnais sur le but olympien.
Aligné sur le côté gauche du 3-4-2-1 (pour faire simple) de Sampaoli, Luis Henrique apporte – pour l’instant plus que Konrad et Ünder – ce qui a tant manqué à l’OM ces derniers mois : de la vitesse, un vent de folie et une justesse technique dans le dernier geste. Enfin, surtout au niveau des centres. Parce que le Brésilien, aussi rapide soit-il, court toujours après son premier but en ciel et blanc. Mais vu les progrès affichés, et la pression moins forte autour de lui – puisque qu’il n’est plus le seul crack de l’effectif -, ça ne saurait tarder. De là à reprendre les comparaisons avec Mbappé, Henry ou Ronaldo entendues au Brésil avant son arrivée, quand même pas. Pour l’instant.
Par Adrien Hémard
Propos de Luis Henrique recueillis par la Provence.