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Olivier Giroud, l’histoire sans fin
Auteur d'un doublé salvateur lors du derby de Milan ce samedi, Olivier Giroud raconte toujours la même histoire. Un récit de résistance et d'extraordinaire résilience, qu'on ne se lassera jamais d'entendre.
Dans une réalité alternative, Olivier Giroud n’a peut-être plus grand-chose à voir avec le foot de haut niveau. À 35 ans, on aurait pu l’imaginer s’offrir une retraite dorée dans un club chinois ou saoudien. Ou alors, choisir de prendre quelques billets, en balançant des poncifs footballistiques comme consultant sur un plateau TV. Mais dans notre ligne temporelle, Olivier Giroud joue encore à l’AC Milan, où il officie comme substitut de Zlatan Ibrahimović. Ce qui ne l’empêche pas de voler périodiquement la vedette au géant suédois. Illustration ce samedi soir, lors du derby de Milan. Longtemps paralysé par un axe central interista impérial, le Français a inscrit deux purs buts d’avant-centre en quatre minutes, pour permettre finalement au Diavolode l’emporter (1-2).
On prend le même, et on recommence
En vérité, ce sont toujours les mêmes choses que raconte Olivier Giroud, aux esprits obtus qui refusent d’entendre sa version de l’histoire. D’abord, que la technique, la vraie, ne trouve pas son essence dans un enchaînement cosmétique de passements de jambes ou de crochets courts. La pesanteur de son grand corps a souvent laissé croire aux profanes que l’ex-Montpelliérain n’avait qu’une adresse limitée balle au pied. C’est faire abstraction de la finesse évidente de ses déviations, de la délicatesse de son jeu en une touche et de son adresse instinctive dans la surface de réparation. Son deuxième but de la soirée face aux Nerazzurri est un modèle du genre : servi par Davide Calabria dans le coin droit de la surface, le Français a mystifié Stefan de Vrij d’un modèle de contrôle orienté, avant de battre Handanovič d’un plat du pied placé. Quant à sa première réalisation, elle atteste peut-être plus encore des qualités pas toujours tape-à-l’œil de Giroud : longtemps très esseulé ce samedi, l’ancien Gunner n’a jamais lâché son bout de gras. Et a fini par trouver la faille, en déviant un tir manqué de Brahim Diaz dans les filets adverses.
Un pion de neuf à l’ancienne, évidemment. Soit un profil qui se fait toujours rarissime en équipe de France, alors que Didier Deschamps a dernièrement choisi d’écarter Giroud du groupe Bleu. Le néo-Rossonero a encaissé, mais il n’a rien changé. À vrai dire, il serine toujours la même ritournelle. Semaine après semaine, il démontre pudiquement que personne n’est peut-être encore assez mûr pour le remplacer. Les attaquants pivots de sa qualité ne sont, après tout, pas légion dans l’Hexagone. Sa différence est un glaive inoxydable. Sa résilience, un bouclier à l’épreuve du temps. Dans dix mois, le récit du mondial qatari s’écrira, et il faut pourtant se figurer qu’Olivier Giroud n’est pas prévu à l’index des protagonistes. Mais dix mois, c’est long. Ça laisse assez de temps à Olivier Giroud pour raconter une histoire. Une histoire que tout le monde connaît, mais que personne ne se lasse décidément d’entendre.
Par Adrien Candau