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Ole Gunnar Solskjær et José Mourinho, des copies conformes ?
Successeur de José Mourinho sur le banc de Manchester United en décembre 2018, Ole Gunnar Solskjær semble réussir progressivement son pari là où son prédécesseur avait échoué. Mais les armes utilisées par le Norvégien ne paraissent pas si différentes de celles du Portugais, finalement. Retour sur les points communs et les statistiques partagées par les deux entraîneurs, avant le déplacement des Red Devils à Tottenham pour le compte de la 31e journée de Premier League.
140. Ce samedi, Ole Gunnar Solskjær dirigera Manchester United pour la 140e fois depuis son arrivée. Fou, comme le temps passe vite. Hier encore, le Norvégien avait 45 ans et caressait le temps en attendant une opportunité. Prêt à se lancer dans des projets toujours en l’air et à fonder tant d’espoirs pas encore envolés, l’ancien avant-centre s’est lancé dans le grand bain en décembre 2018 en répondant aux sirènes du club pour lequel il avait marqué tant de buts avant de raccrocher les crampons. Enjoué comme un gamin, le jeune entraîneur à la faible expérience prenait alors la suite d’un certain José Mourinho.
Un Mourinho qui, de son côté, fermait son chapitre avec les Red Devils au bout de deux saisons et demie plutôt décevantes au regard de son parcours XXLn avant de relever le défi Tottenham quelques mois plus tard. Lorsqu’il était aux manettes de MU, le Portugais s’est assis à 144 reprises sur le banc (en comptant également celles où, suspendu, il squattait les tribunes). À l’heure où le Special One s’apprête à retrouver son successeur avec les Spurs pour le compte de la 31e journée de Premier League, les bilans mancuniens des deux coachs – qui diffèrent de quatre rencontres, au total – peuvent donc être comparés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils se ressemblent dans les chiffres.
Oh miroir, dis-moi qui est le plus beau !
Au niveau des statistiques, toutes compétitions confondues, le calque est en effet presque parfait et offre un miroir assez hallucinant : 58% de victoires et 22% de nuls pour Mourinho, 57% de succès et 22% de partage des points pour Solskjær. Concernant les tremblements de filet, la donne est un tout petit peu différente : 1,74 but marqué par match contre 0,90 encaissé pour le premier, 1,86 réalisation inscrite par rencontre contre 1,02 concédée pour le second. En apparence, la formation du Norvégien serait donc un poil plus joueuse que celle du Lusitanien. Mais en réalité, OGS a « pompé » pas mal des armes favorites du Special One pour s’offrir une courbe ascendante (troisième position au classement avec 1,737 point par match en moyenne en 2019-2020, deuxième place avec deux unités par sortie en 2020-2021).
À savoir un bloc dense avec une ligne arrière de quatre défenseurs, une solidité extrême quitte à en oublier parfois la folie offensive, un attentisme ou une patience (au choix) pragmatique, un réalisme plutôt efficace, une propension opportuniste régulière à profiter de l’erreur adverse et une capacité à fermer le jeu lors des « gros » rendez-vous. Ainsi, cette saison, Manchester a aligné pas moins de six 0-0 en championnat (à Liverpool, à Arsenal, à Crystal Palace, contre City et deux fois contre Chelsea) et dix de ses dix-sept victoires (!) l’ont été par un but d’écart (idem pour ses trois succès en FA Cup). Sans oublier ses douze clean sheets en l’espace de 30 journées, plus trois sur ses quatre duels de Ligue Europa.
Ignorer le passé, et conjuguer au futur
« La philosophie offensive est dans les gènes de Manchester United. C’est la tradition, c’est l’histoire et c’est ainsi que nous voulons jouer », chantait l’ex-attaquant lorsqu’il a débarqué à United, peut-être pour se démarquer (inconsciemment) de son prédécesseur réputé pour faire de ses surfaces de réparation des parkings de bus. Pourtant, force est de constater que cette mission est actuellement remplacée par une autre : soumis à la dictature des résultats et à la pression de sa hiérarchie, Solskjær impose davantage un style « mourinhesque » que sexy. Et, comme Mourinho avant lui, le technicien se repose largement sur les meilleures individualités de son effectif (Marcus Rashford, Bruno Fernandes) pour créer les brèches.
Est-ce à dire que le coach pas encore cinquantenaire incarne une pâle (ou une meilleure) copie conforme de l’entraîneur des Spurs (qui, au passage, ne parvient plus du tout à retrouver son lustre d’antan) ? Non, le jugement serait trop facile. Rien que sur le plan relationnel, les deux hommes ne fonctionnent pas du tout de la même façon. Quand l’un se nourrit du conflit pour installer ses idées et son autorité, l’autre semble plutôt dans l’écoute et le compromis. De plus, l’actuel boss de MU paraît employer la tactique défensive plus par nécessité (période de reconstruction, confiance sur le long terme à retrouver) que par volonté, là où son confrère s’est progressivement enfermé dans sa propre caricature de frilosité en refusant volontairement le renouvellement personnel. Par ailleurs, la stratégie est bien mieux maîtrisée par le patron de Tottenham, vu son palmarès (trois titres avec Manchester, tout de même). Mais contrairement au Mou, OGS, ignorant le passé et conjuguant au futur, a encore le temps.
Par Florian Cadu