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OL : tout est devenu flou
Cet été, l’OL a annoncé l’arrivée du milliardaire américain John Textor comme futur propriétaire du club, le maintien d’un Peter Bosz en échec total sur sa première saison et les retours des enfants du pays, Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso. Un été de paris et de promesses qui, deux mois plus tard, ne se confirment pas et ont finalement entretenus un flou ambiant à tous les étages du club.
Le 21 juin dernier, une nouvelle ère devait débuter à l’OL. Présenté en grande pompe par Jean-Michel Aulas, John Textor était intronisé comme le futur nouveau propriétaire de l’OL. Le milliardaire américain, qui détient Botafogo (Brésil), Molenbeek (Belgique) et 40% du capital du club anglais de Crystal Palace, semblait être la poule aux œufs d’or tant cherchée par Jean-Michel Aulas. Sur le papier, l’homme d’affaires a de l’expérience et surtout des fonds à disposition, l’association parfaite en somme. Il débarque donc en conférence de presse en homme désiré et en profite pour faire son one-man show. Le gendre idéal séduit Jean-Michel Aulas en lui laissant les commandes du club : « Il n’y aura pas de changements dans la gestion, ce n’est pas l’objectif. » Il charme aussi les supporters lorsqu’il évoque ses objectifs sportifs, ramenant tous les Gones aux souvenirs de la décennie 2000. « On veut gagner des titres, on veut revenir sur la scène européenne et gagner, on veut battre le PSG. »
Pour couronner le tout, John Textor promet du flouze, beaucoup et très rapidement. Sauf qu’à moins de quinze jours de la date butoir de la finalisation du processus de vente fixée au 30 septembre, le candidat au rachat du club serait encore en recherche de fonds, a annoncé L’Équipe. Il fouillerait dans son carnet de contacts pour trouver des sommes s’élevant à quelques dizaines de millions d’euros afin de convaincre « une douzaine d’institutions financières qui détiennent actuellement la dette d’OL Groupe », rapporte le quotidien français. Il se murmure que John Textor devrait tout de même s’en sortir à l’arrache, et il assistera d’ailleurs à son premier match au Parc OL, ce dimanche soir face au Paris Saint-Germain.
Peter Bosz le bad Gone
Espérons pour lui qu’il assiste à un meilleur spectacle que ce qu’ont livré les Gones depuis le début de saison. L’équipe menée par Peter Bosz reste sur deux défaites la semaine dernière à Lorient (3-1) et Monaco (2-1). La pression s’intensifie sur le coach, comme l’a laissé entendre le directeur du football Vincent Ponsot dans les colonnes du Progrès : « On n’a pas attendu le match de Monaco pour fixer des objectifs à Peter. On veut retourner sur le podium. On attend des résultats de manière plus rapide que d’attendre la fin de la saison. Peter a des objectifs à remplir fixés à la trêve de la Coupe du monde (15e journée) ». Un ultimatum qui n’a rien de réjouissant pour l’entraîneur et son groupe, cinquième du championnat en n’ayant joué que Monaco comme concurrent aux places européennes. Le tout après une saison dernière en enfer terminée à la huitième place en championnat et par une fessée à domicile en quarts de C3 face à West Ham (1-1, 0-3).
La mission s’annonce périlleuse pour le technicien qui devra se déplacer à Lens au retour de la trêve internationale début octobre et enchaîner avec notamment Rennes, Lille et Marseille. Les motifs d’espoir apparaissent minces, car les énormes lacunes tactiques entrevues l’année dernière quand il s’agissait de déstabiliser des blocs compacts se projetant rapidement en contre ont été remises à la lumière face à Reims et Lorient. L’ancien de l’Ajax et du Bayer Leverkusen n’a pas su non plus rendre sa défense imperméable, en témoignent les 51 buts concédés la saison dernière, ce qui a fait d’elle la neuvième pire du championnat en la matière. Il faut quand même le décharger de quelques responsabilités dans ce secteur, car ses supérieurs Cheyrou (directeur du recrutement) et Ponsot n’ont pas été vraiment inspirés sur la question du recrutement, à l’heure d’enrôler Damien Da Silva et Jérôme Boateng (34 ans chacun), qui sont actuellement en échec dans le 69.
Cherki sans permis de jouer, mais avec les clés du camion
Un énorme point d’interrogation qui n’a pas trouvé réponse lors du mercato estival. Car si Bruno Cheyrou pavanait à l’annonce de la signature des deux revenants Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso, le choix de ne recruter personne afin de repositionner Thiago Mendes en défense centrale pour la saison entière semblait douteux. Cela semble se confirmer au sortir d’une semaine à deux défaites où il aura été impliqué directement sur la majorité des buts. La vente tardive de Lucas Paquetá a également occasionné une véritable perte pour le onze lyonnais qui ne peut être uniquement compensé par Lacazette, même si son indéniable apport technique et ses quatre buts plus une passe décisive sont un atout pour l’équipe. Le champion du monde 2018 revenu du Bayern n’occupera pas non plus ce poste de créateur laissé vacant puisqu’il est doucement en train de prendre ses marques au poste de numéro six après s’être remis d’un pépin physique qui lui a fait rater la totalité de la préparation physique.
Les joueurs de Bosz ne peuvent pas non plus s’en remettre à leur portier Anthony Lopes, expulsé dès la première journée sur une sortie hasardeuse. Son mauvais positionnement a même été pointé du doigt par Enzo Le Fée (FC Lorient) qui l’a trompé sur coup franc : « À la base, je voulais tirer côté gardien, et je me rends compte qu’il est presque collé à son poteau. Je me suis donc dit que sans mettre de force, j’avais juste à lober le mur. C’est ce que j’ai fait et c’est rentré. » Alors comme souvent en ces temps troubles, l’OL s’appuie sur sa pépinière. À sa capacité de déstabiliser les défenses et d’y mettre le feu, Rayan Cherki a su ajouter celle d’être décisif, à l’image de ses trois offrandes lors de ses 80 petites minutes de jeu depuis le début de saison. En détonateur, c’est de lui que la décision est venue face à Reims puis à Auxerre, donnant enfin l’impression que quelqu’un détenait les clés du camion de l’animation offensive. Mais quand il s’agit d’écrire une nouvelle ère, la stratégie de tout faire reposer sur les épaules d’un gamin de 19 ans qui ne joue pas plus de 20 minutes par match apparaît presque inconsciente.
Par Alexandre Le Bris