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Nice : Kasper Dolberg, la belle et le diabète
Après avoir annoncé être diabétique de type 1 début novembre, Kasper Dolberg a retrouvé une place de titulaire ces dernières semaines avec l'OGC Nice ainsi que le chemin des filets à Rennes pour mettre fin à une disette de trois mois. L'international danois, qui enchaîne les coups durs depuis son arrivée sur la Côte d'Azur à l'été 2019, semble avoir accepté sa condition et les changements provoqués par le diagnostic.
Les attaquants ont chacun leur manière de célébrer un but, Kasper Dolberg, lui, n’est pas du genre exubérant. Le Danois de 24 ans n’est pas un grand souriant, il est plutôt adepte de la sobriété et du visage fermé. Le grand blond n’a pas dérogé à son habitude il y a dix jours sur la pelouse de Rennes, où il a montré la voie à ses copains niçois en ouvrant le score sur penalty, signant ainsi sa première réalisation depuis le 12 septembre et un déplacement à Nantes, soit trois mois tout pile de disette. Une éternité pour un buteur de ce calibre, qui aura également eu le mérite de se transformer en passeur en seconde période après un excellent travail dos au but et un décalage parfait pour servir Youcef Atal. Un véritable soulagement pour Dolberg, qui enchaînait pour la première fois de la saison une troisième titularisation d’affilée en championnat. Cette prestation réussie, saluée par son entraîneur et ses coéquipiers dans la foulée, a surtout sonné comme la promesse que l’attaquant niçois était enfin prêt à lancer sa saison ainsi qu’à vivre sa carrière de joueur professionnel après avoir été diagnostiqué diabétique.
Une forme de soulagement
C’est au cœur d’une période compliquée sur le terrain, entre pépins physiques et performances décevantes, que Dolberg a pu mettre un nom sur ce dont il souffrait. Le 8 novembre, au lendemain d’une entrée en jeu contre Montpellier, l’international danois connu pour être réservé et discret a pris le soin de communiquer sur son compte Instagram : « J’ai reçu cette semaine des résultats de tests médicaux et il s’avère que j’ai un diabète de type 1. Bien entendu, c’est une surprise pour moi et je suis honnêtement soulagé de savoir enfin pourquoi je ne me sentais pas bien ces deux dernières semaines. Aussi, je suis extrêmement heureux que les médecins aient pu me confirmer qu’avec le bon traitement, cela n’aurait aucun effet négatif sur ma carrière footballistique. Je me suis entraîné toute la semaine, et je me sens déjà beaucoup mieux. »
Une positive attitude remarquable, mais aussi le besoin de digérer la nouvelle. Dolberg s’est donc privé du dernier rassemblement de l’année civile avec la sélection danoise après un échange avec Kasper Hjulmand, laissant ainsi ses compatriotes se chamailler avec les îles Féroé et l’Écosse sans lui (10 buts en 32 sélections). Son idée ? Se retaper physiquement sur la Côte d’Azur, où il a vu débarquer cet été une colonie néerlandaise (Pablo Rosario, Calvin Stengs et Justin Kluivert) facilitant la vie de vestiaire de l’ancien artilleur de l’Ajax. Mais aussi Andy Delort, compère d’attaque et concurrent dans le système à deux pointes de Christophe Galtier. Le technicien azuréen compte sur le Danois, dont la connexion technique semble plus évidente avec Amine Gouiri qu’avec l’ancien Montpelliérain aux côtés duquel il était aligné lors des matchs décevants contre le PSG (0-0) et Strasbourg (0-3).
Cote d’usure et nouvelle vie
La concurrence est pourtant le cadet des soucis de Kasper Dolberg, habitué à devoir gagner sa place avec le Danemark comme à l’Ajax, où il s’était révélé entre 2015 et 2019. Depuis son arrivée sur la promenade des Anglais, la première recrue phare du projet INEOS à Nice, achetée 20 millions d’euros, enchaîne les tuiles extrasportives. La poisse du Danois est même légendaire. En un peu plus de deux ans, il a été victime du vol de sa montre par son jeune coéquipier Diaby-Fadiga, du vol de sa voiture puis d’un cambriolage, mais a également été contaminé à deux reprises par la Covid-19 avant d’être opéré à la suite d’une crise d’appendicite en février dernier. La découverte de son diabète cet automne aurait pu être la goutte d’eau. « Il faut assimiler, intégrer le fait que vous êtes diabétique, je sais que ça va prendre un certain temps, comprenait Galtier le 25 novembre. Kasper a aussi besoin de découvrir ses sensations, mais il n’y a aucun aménagement. Il y a des moyens pour regarder à l’instant T où est-ce que vous en êtes en matière de glycémie, et il peut contrôler très souvent son taux pendant l’entraînement. Il fait la totalité des séances et quand il doit rester plus longtemps pour travailler, il reste. C’est bien maîtrisé, on n’a pas de problème particulier. »
Il n’est pourtant pas simple d’encaisser une telle nouvelle quand on a 24 ans et une carrière professionnelle devant soi. Mais après le choc et la mauvaise surprise, Dolberg semble avoir rapidement compris que sa condition l’obligerait désormais à contrôler son alimentation comme jamais ainsi qu’à réguler sa glycémie, ce qui peut être effrayant dit comme ça. Pour mieux comprendre les changements provoqués par ce diagnostic, il s’est rendu au Danemark pendant quelques jours pour y rencontrer un spécialiste. « Il voulait tout savoir dans les moindres détails, ce qui est normal. C’est un cérébral, il est toujours dans l’analyse. Depuis son retour à Nice, il est combatif et investi, assurait récemment Julien Fournier, le directeur du football du Gym, au Parisien. Je n’aime pas chercher des excuses, mais il a eu quelques circonstances atténuantes. Il n’est pas encore à 100%, mais ça va finir par payer. » Dolberg a en tout cas relancé la machine à Rennes et peut désormais espérer vivre une deuxième partie de saison plus tranquille, sans pépins ni coups durs, et peut-être même avec quelques sourires.
Par Clément Gavard