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Neymar, c’est le (dernier) geste qui compte

Par Alexandre Aflalo
3 minutes
Neymar, c’est le (dernier) geste qui compte

Le Brésilien, brillant dans le jeu, a autant marqué les esprits par ses dribbles au millimètre que par ses ratés qui ont plombé la première période parisienne. Élu homme du match en fin de soirée, il représente tout le paradoxe de ce Paris Saint-Germain qui, même quand il est dominateur, peut se montrer fébrile dans le dernier geste. Retenons toutefois que l'histoire s'est bien terminée, avec une passe décisive pour Marquinhos et une avant-dernière passe décisive sur le but de la victoire de Choupo-Moting.

Dans les heures qui précèdent le match, il s’est créé comme une ambiance mystique autour de Neymar. Pour la première fois depuis son arrivée au PSG, il n’était pas blessé au moment où son club allait affronter un match couperet en Ligue des champions. Pis, avec les blessures de Mbappé et Verratti, il allait en être l’unique véritable créateur, l’esprit libre, celui sur qui la créativité offensive parisienne allait reposer. Sur Twitter et depuis le Brésil, la propagande autour du « Roi » battait son plein, mystique : dans une crête, une paire de lunettes, une enceinte, les supporters parisiens ont cherché des porte-bonheurs auxquels s’accrocher. Même lui en jouait : « La crête est faite, les lunettes de côté et l’enceinte est en train de charger », gazouillait-il peu avant 16 heures. Tout était réuni pour une performance historique, non ?

Pourtant, le match de Neymar n’a pas été le conte de fée promis par le retour de l’iroquoise magique. Il a plutôt ressemblé à un paradoxe aigre-doux, qui aura vu Neymar être autant le meilleur joueur du PSG que celui qui a failli lui coûter sa qualification. Le ton est donné dès la 3e : Icardi bouffe Djimsiti, Neymar s’engouffre dans la profondeur, ne cède pas à la pression de Caldara… et bouffe complètement la feuille. Un degré de maladresse inhabituel chez le Parisien, si clinique dans sa finition en temps normal, pas du genre à claquer des guibolles face au portier adverse. Une action qui a aussi résumé le match du numéro 10 rouge et bleu : une capacité à percer la défense de la Dea, une résistance aux assauts physiques bergamasques, mais une finition à gerber. Frustrant.

Un 10 presque parfait

Parce qu’à côté, Neymar a sorti un match de virtuose. Le seul à briller offensivement dans une équipe parisienne peu inspirée, et qui n’a quasiment compté que sur lui pour créer quoi que ce soit. Toutes les relances de Navas le cherchaient entre les lignes bergamasques, toutes les attaques parisiennes partaient de lui. Il se baladait dans la défense de l’Atalanta sans effort (23 dribbles tentés, dont 1000 petits ponts), affichant une facilité déconcertante à slalomer entre les imposants défenseurs nerazzurri. Là où ses arabesques lui coûtent souvent de se faire découper ou de perdre une pelletée de ballons, le Brésilien a, ce coup-ci, réalisé un quasi-sans-faute dans le jeu : presque aucun déchet ni ballon perdu, peu de fautes subies, des passes justes données dans un bon tempo (59 passes, 79% de réussite, le troisième total parisien). Dans ce rôle de numéro 10 où on l’attendait, il n’est pas passé loin du match parfait.

Sauf que voilà : même s’il signe une passe décisive (pour Marquinhos, sur l’égalisation) et l’avant-dernière passe sur le but de la victoire, on retiendra surtout ce face-à-face vendangé à la 3e, cette frappe puissante qui frôle le poteau gauche à la 20e, ce gauche dévissé à la 43e, ce coup franc dans les gants de Sportiello et cette autre frappe trop écrasée à la 75e. On n’oubliera pas non plus que son jeu n’a été sublimé qu’à partir du moment où Sarabia et Icardi ont laissé leurs places à Mbappé et Choupo-Moting, marquant la renaissance offensive parisienne. On se souviendra enfin que Neymar, qui a tellement manqué au PSG ces deux dernières saisons dans les phases finales de la Ligue des champions, a cette fois-ci manqué les occasions d’en être le sauveur. L’histoire a tendance à retenir les buteurs ? Alors ce mercredi soir, le héros s’appelle Choupo-Moting. Mais ce n’est pas si cruel pour Neymar, qui va s’endormir avec deux lots de consolation : il a été élu homme du match et, surtout, le PSG a désormais une demi-finale à jouer.

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