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Nayef Aguerd : « J’ai toujours pensé que le foot pouvait changer une vie »

Propos recueillis par Clément Gavard
17 minutes
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Passé de Dijon à Rennes l'été dernier, Nayef Aguerd s'est imposé comme une valeur sûre au sein de la défense bretonne. L'histoire n'était pourtant pas écrite à l'avance pour ce défenseur qui a grandi dans une famille de footballeurs, mais surtout auprès d'une mère omniprésente dans son éducation et pas vraiment adepte du ballon rond. Avant la réception de Lille ce dimanche, l'international marocain s'est longuement confié sur ses souvenirs du Maroc, entre son passage à l'académie Mohamed VI et ses premiers pas dans le monde professionnel au FUS Rabat, avant de s'arrêter sur ses difficultés au moment de rejoindre l'Europe, son rêve ultime, à l'âge de 22 ans en 2018. Entretien.

Tu es passé de Dijon, une équipe habituée à subir, à Rennes et son jeu de possesion. En quoi c’est différent pour toi dans ton rôle de défenseur ? Ce sont aussi des ambitions différentes. À Dijon, on savait que chaque match était important pour la survie en Ligue 1. Ce qui me plaît à Rennes, c’est qu’on cherche à contrôler le jeu, être dominant. Et ça correspond à mes qualités. J’aime beaucoup sortir le ballon proprement, trouver les bonnes relances. C’est vraiment un jeu de possession ici, j’ai pu voir la différence avec Dijon.

C’est vrai que tu dégages cette image du défenseur élégant, un peu à la Ramy Bensebaini, également passé par Rennes. D’où ça vient, cette aisance technique ? J’essaie toujours d’être propre, mais j’aime aussi défendre, hein ! Tu sais d’où ça vient en vérité ? Quand j’étais petit, j’avais un manque d’agressivité dans les duels. Je n’étais pas dur sur l’homme, donc je compensais toujours avec la relance et la technique pour que ça ne se voie pas trop. Aujourd’hui, je constate que ça m’a aidé. Surtout que j’estime être devenu dur sur l’homme, agressif, même si je dois encore progresser dans ces domaines.

Maintenant qu’on a goûté à la Ligue des champions, on a envie d’y retourner.

Avec Rennes, tu as découvert la Ligue des champions. Qu’est-ce que ça représente pour toi ? C’est aussi ce qui m’a attiré à Rennes, la Ligue des champions. Je ne me suis mis aucune pression, j’étais surtout content et très fier de pouvoir la jouer. Maintenant qu’on y a goûté, on a envie d’y retourner. Et on fera tout pour la rejouer.

Quand on est un gamin au Maroc, c’est aussi une compétition qui met des étoiles dans les yeux ou la Ligue des champions est moins populaire qu’en Europe ?Les Marocains sont des fous de foot, ils adorent la Ligue des champions. Ils vont surtout aimer suivre les joueurs du Maroc qui vont la jouer. (Rires.) Je crois que comme tous les jeunes, c’est la musique qui me faisait rêver. La première fois que je l’ai entendue contre Krasnodar, je me suis dit dans ma tête que le travail payait et qu’il fallait continuer.

Vous avez connu une période très difficile en championnat avec le Stade rennais pendant la Ligue des champions. Depuis la fin de la campagne européenne, vous n’avez plus perdu un match. Comment expliques-tu ce trou d’air ? C’est la première fois que le club jouait la Ligue des champions, mais c’était aussi un rythme inédit à cause du coronavirus. Le plus dur, c’était la fraîcheur mentale. Quand on sortait d’un match de C1 avec un mauvais résultat, c’était tout de suite plus difficile en championnat. C’est mécanique : quand on gagne, tout marche bien, mais quand on perd, c’est beaucoup plus dur de récupérer et de retrouver de la fraîcheur. Ça se joue beaucoup dans la tête.


Parlons un peu de tes origines et de ta jeunesse. Quelle place occupe le foot dans la famille Aguerd ? Je viens d’une famille de footballeurs. Mes oncles et mon père ont joué au Maroc. À l’époque, ce n’était pas professionnel, mais c’était quand même la première division. Mon oncle M’Jid a même joué avec l’équipe nationale. C’est lui qui a vraiment duré d’ailleurs, si tu fais des recherches sur le KAC (le club de Kénitra, sa ville), tu tombes immédiatement sur son nom. Mon rêve, c’était de surpasser mon père. (Rires.) Dans ma famille, ça parlait beaucoup des carrières de mon père et mon oncle, donc c’était un beau challenge pour moi de me faire une place.

Ma mère a compris que le foot pouvait être un métier.

Et ta mère dans tout ça ? Ma mère était plutôt contre. (Il se marre.) Elle voulait que j’étudie et que je ne me focalise pas trop sur le foot. Elle me disait que c’était trop risqué et que ça ne pouvait pas me garantir un futur. Aujourd’hui, elle a changé d’avis et elle a compris que le football pouvait aussi être un métier.

Comment viviez-vous votre passion du foot du coup ? Tu as des souvenirs de stade avec ton père ou tes oncles ? Pour aller au stade, c’était un peu compliqué avec ma mère. (Rires.) Ah, elle était anti-foot, mais je comprends qu’elle voulait me protéger. C’est aussi pour ça que j’ai tenu à continuer mes études après le bac. Je voulais être un joueur professionnel, mais je voulais montrer à ma mère que j’avais compris ce qu’elle m’avait appris. J’ai grandi avec ma mère depuis l’âge de 9 ans, c’était elle qui prenait les décisions à la maison. C’était la patronne. (Il se marre.) Si je peux faire passer un message : si vous voulez devenir pro, il ne faut pas zapper les études. En tout cas, on a travaillé longtemps psychologiquement avec ma mère pour lui faire accepter que je voulais devenir footballeur. (Rires.)

Je jouais même au foot à la maison, il ne fallait surtout pas casser les vases.

On imagine quand même que tu allais tâter le ballon dans la rue avec les copains. Quels souvenirs gardes-tu de ces moments ? Je kiffais trop jouer dehors. Je n’avais même pas besoin de chaussures, des tongs suffisaient. On va encore en revenir à ma mère, j’ai l’impression que cette interview est pour elle. (Il se marre.) Elle ne me laissait pas jouer, c’était la guerre. Elle n’osait pas trop venir me gronder devant les copains, mais je savais que j’allais prendre cher le soir. Avant la douche, je prenais une babouche. (Il explose de rire.) Je passais mon temps à jouer au foot, c’était dingue. Le dimanche, c’était hors de question que je sorte de chez moi avant d’avoir terminé mes devoirs. Du coup, je me levais très, très tôt pour les finir avant midi et pouvoir jouer au foot. Je jouais même dans la maison, il ne fallait surtout pas casser de vases. On était dans un appartement, ça énervait ma mère. Je respirais le foot.

Tu devais avoir des petites techniques pour duper ta mère et aller jouer avec les copains, non ? Tiens, j’ai une petite anecdote. On jouait souvent sur un terrain stabilisé avec les potes à Kénitra. Je rentrais à la maison tout sale, ma mère ne l’acceptait pas du tout. Un jour, je suis revenu avec des belles baskets blanches toutes marron, elle m’a demandé de les jeter immédiatement tellement ça l’agaçait. Mais je les aimais trop, tu sais ce que j’ai fait ? J’ai pris mes baskets, je suis allé creuser un trou dans la terre pour les cacher et j’ai mis un signe pour m’en rappeler. Le lendemain, j’ai fait croire à ma mère que je sortais traîner dans la rue avec mes tongs bien propres. En fait, je suis allé déterrer mes baskets pour jouer au foot avec les potes sur le stabilisé. Sauf que ma mère m’a vu ! Elle avait deviné mon mensonge, elle m’avait suivi… Là, j’ai pris vraiment cher devant les potes. (Rires.) Mine de rien, il fallait être intelligent pour jouer au foot à l’époque.

Tu as l’air d’avoir reçu une éducation assez stricte, mais tu parles de ta famille, et notamment de ta mère avec beaucoup d’affection. Quelle vie meniez-vous au Maroc ? Mon père était employé d’une société, et ma mère travaillait dans une crèche. Elle aime trop les enfants, d’ailleurs elle continue aujourd’hui par amour pour son métier. Elle ne veut surtout pas rester chez elle. J’ai grandi dans un environnement simple, modeste. J’avais l’impression de ne manquer de rien, c’était le plus important.

Quel a été le déclic pour ta mère ? Le vrai tournant, c’est quand Nasser Larguet, le directeur de l’Académie Mohamed VI, est venu chez moi pour parler avec ma mère et lui dire qu’il voulait que je rejoigne le centre. Dans un premier temps, elle a dit non, et c’est là qu’il a été intelligent parce qu’il lui a proposé de venir visiter l’Académie. Elle a pu voir que la scolarité comptait là-bas : il y avait des classes, des professeurs et des infrastructures incroyables. Elle s’est rendu compte que le foot et les études n’étaient pas incompatibles, donc elle a accepté.

À la fin des années 2000, l’Académie Mohamed VI est un centre de formation flambant neuf. Raconte-nous comment tu arrives là-bas. C’était en 2009 lors d’un tournoi avec l’école de foot de Kénitra. Il y avait Nasser Larguet dans les gradins, je n’étais même pas au courant. À la fin du match, il vient me voir pour me dire qu’il cherche à recruter des joueurs pour l’Académie et qu’il souhaite organiser un dernier match pour affiner la sélection. Ensuite, j’ai fait cette détection et j’ai eu la chance d’entrer à l’Académie, où j’ai passé cinq ans. C’est un peu l’équivalent de Clairefontaine, même si au Maroc on n’avait pas la culture formation.

À quoi ressemblait ta vie là-bas ? C’était un internat. Quand je quitte ma famille, j’ai 12 ans, même si Rabat n’est pas très loin de Kénitra (une quarantaine de kilomètres, NDLR). Ça m’arrivait de rentrer le week-end en fonction des matchs, ou pendant les vacances. C’est dur de partir à 12 ans, même si on sait que c’est pour de bonnes raisons. On apprend le mot responsabilité, on apprend à être seul, à ne pas toujours compter sur la famille. Comme le disait Nasser Larguet, ils formaient plus des hommes que des joueurs.

Comment as-tu fait pour surmonter les moments difficiles aussi jeune ? On peut imaginer des petits coups de mou, surtout à cet âge. On avait une psychologue, Sophie Huguet, à notre disposition à l’Académie. Il y avait une grosse confiance entre les joueurs et elle. C’est dur de faire des sacrifices à l’âge de 12 ans, s’éloigner de sa famille… Elle savait tout ça, elle était très bonne dans son rôle et elle m’a beaucoup aidé.

À 12 ou 13 ans, tu as envie de bouffer des Kinder. On se faisait parfois choper par le directeur avec du chocolat caché sous le tee-shirt.

On a parlé de l’éducation stricte de ta mère, comment était celle donnée par les formateurs à l’Académie ? Tu as dû faire quelques bêtises en cinq ans… (Il se marre.) C’était interdit de faire entrer des cochonneries, comme le chocolat ou les bonbons. Sauf qu’à l’âge de 12-13 ans, t’as envie de bouffer des Kinder de temps en temps. Pour nous, c’était la diète : il fallait manger correctement, faire attention à l’hygiène de vie. Ça nous arrivait de nous faire choper par le directeur avec des chocolats cachés sous le tee-shirt. Les punitions étaient dures : on se levait à 4h30 ou 5 heures du matin pour aller courir, afin de nous pousser à ne plus recommencer. Aujourd’hui, on a compris, mais ce n’est vraiment pas facile les sacrifices aussi jeune.

Tu parles beaucoup de sacrifices. C’est une réalité pour de nombreux joueurs dans les centres de formation. Quelles étaient tes motivations pour les accepter ? J’ai toujours pensé que le foot pouvait changer une vie. Quand j’ai fait le choix de devenir un joueur professionnel, j’ai compris qu’il allait falloir faire des sacrifices. Je voulais surtout rendre à ma famille, notamment à ma mère, ce qu’elle avait fait pour moi.

Quand le FUS Rabat veut me recruter, je considère que c’est un échec.

Quand tu signes au FUS Rabat en 2014, c’est une première belle récompense ? Je vais être très honnête : quand je sais que le FUS veut me recruter, je considère que c’est un échec. À la base, je dois signer à Valence, en Espagne, mais ça ne se fait pas dans les derniers jours du mercato parce que le club change de propriétaire. Je savais que le FUS était l’un des meilleurs clubs marocains, bien structuré, mais j’ai toujours rêvé d’aller en Europe. Ne pas aller à Valence, c’était un énorme échec.


Tu avais seulement 18 ans à l’époque, mais est-ce que tu considères après cet échec avoir laissé passer ta chance de rejoindre un club européen ? J’ai pris un bon coup sur la tête, oui. Surtout que je suis victime d’une fracture à la main dans la foulée, ce qui m’empêche de commencer les entraînements avec le groupe du FUS. Le jour de cette blessure, le coach Walid Regragui était venu me voir pour me demander de venir m’entraîner avec le groupe professionnel, c’était à la mi-temps d’un match avec la réserve. En seconde période, je me fracture le poignet… J’ai dû lui annoncer au téléphone que j’allais me faire opérer, et il m’a dit qu’il allait m’aider à revenir.

Dans le foot, le plus important se joue entre 18 et 22 ans.

Finalement, tu es resté quatre ans au FUS Rabat. Avec le recul, j’ai compris que je n’étais pas prêt à partir à 18 ans, pas aussi tôt ! J’ai passé quatre années exceptionnelles avec un entraîneur comme Walid Regragui, qui m’a beaucoup appris. Si j’étais parti à Valence, je serais peut-être revenu à 22 ans au Maroc. Pour moi, il y a la formation et la post-formation. Dans le foot, le plus important se joue entre 18 et 22 ans. C’est une période qui permet de savoir si un joueur va réussir à passer un cap ou non.

Puis tu as quand même été champion de la D1 marocaine avec le FUS Rabat en 2016. Une performance exceptionnelle à l’échelle du club. C’est le plus beau succès collectif de ma jeune carrière. Gagner le championnat avec le FUS, ce n’était pas arrivé depuis 70 ans. Je n’oublierai jamais l’année 2016. Il y a eu le titre, bien sûr, mais aussi un groupe fabuleux. On était une famille. C’était la folie en ville.

Tu as connu de nombreux formateurs et entraîneurs français ou estampillés France. Peut-on dire que tu as reçu une formation à la française ? C’est surtout vrai pour la formation avec Nasser Larguet, Pascal Théault, Thomas Pavillon, Romain Lacombe, tous des formateurs qui ont vécu en France et connaissaient les méthodes françaises. Mais je dirais que ma post-formation était plutôt à l’espagnole, avec Walid Regragui et ses principes. C’est enrichissant.

Pourquoi avoir fait le choix de Dijon en 2018, au moment de quitter le Maroc pour rejoindre l’Europe ? Sans citer de clubs, j’avais des propositions en Turquie, en Espagne ou en Suisse. Mon rêve, c’était de jouer dans un des cinq grands championnats européens. Quand Dijon s’est manifesté, je me suis dit qu’il était temps de venir m’endurcir en Europe.

Quelles sont les différences entre le championnat marocain et la Ligue 1 ? Est-ce vraiment un autre monde ? Au Maroc, il y a des joueurs avec beaucoup de qualités, mais il y a aussi de vrais manques. Quand je suis arrivé en France, j’ai senti une énorme différence au niveau tactique et physique. Au début, je trouvais que ça allait à 2000 à l’heure à l’entraînement, il a fallu que je m’adapte.

Quand tu arrives tout seul dans un nouveau pays, c’est ce qui se passe en dehors du terrain qui compte.

Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie, soulignait récemment les difficultés pour les jeunes maghrébins de rejoindre la France sans suffisamment d’encadrement. Comment ça s’est passé de ton côté ? Je suis venu en France tout seul. L’adaptation, c’était très dur, mais je le savais avant de venir. Ce n’est pas la même culture, la même vie, le même climat, ni la même intensité ou le même rythme sur les terrains. Mon agent m’a beaucoup aidé, rien que pour les papiers, c’était précieux. À Dijon, Fouad Chafik a aussi joué un rôle très important. C’est devenu un grand frère. Pour moi, l’essentiel est d’avoir un entourage sain. Sur le terrain, on finit par comprendre le rythme et le jeu. Mais quand tu arrives dans un nouveau pays seul, c’est ce qui se passe en dehors du terrain qui compte.


Dans quels domaines estimes-tu avoir progressé depuis ton arrivée en France ? J’ai beaucoup bossé sur l’aspect physique. Ce n’est vraiment pas la même intensité entre la France et le Maroc. À Dijon, je sentais que je devais faire beaucoup plus d’efforts que les autres. Je me suis ajouté des séances d’entraînement pour arriver au niveau des autres, qui avaient l’habitude de travailler comme ça. Pour ne rien arranger, j’ai eu une blessure musculaire quelques semaines après mon arrivée à Dijon. On me disait que c’était normal puisque mon corps découvrait un nouveau mode de travail.

Quand tu as signé à Rennes l’été dernier, on a beaucoup lu que tu étais un joueur fragile physiquement. Mais tu réalises pour le moment une saison assez complète. C’est vrai qu’il y a eu des blessures à Dijon, mais ça ne s’arrête pas à ça. Il faut aussi dire que le coach Olivier Dall’Oglio ne comptait pas trop sur moi, je suis allé chercher ma place de titulaire, je me battais chaque jour pour ça. Il estimait que j’avais besoin de temps. Six mois plus tard, il me dit qu’il compte sur moi et dans la foulée, il se fait virer par le club… Quand Antoine Kombouaré arrive, je dois repartir de zéro. La deuxième année, je n’étais plus le même joueur. Je connaissais la Ligue 1, les entraînements, et mon corps avait intégré les différents degrés d’intensité. Quand j’arrive à Rennes, je suis prêt.

J’ai mis un peu de temps à retrouver le rythme après avoir été guéri, mais je dois remercier tout le club pour le soutien et l’accompagnement. La première semaine d’entraînement a été très dure, j’étais très fatigué.

Tu as été touché par la Covid-19 cet automne. Dans quelle mesure ça a été compliqué pour toi de revenir au niveau physiquement à cause du virus ? C’était vraiment très dur. J’ai eu quasiment tous les symptômes, c’était très pénible. Ce qui a aussi été difficile, c’est de rater les matchs et de devoir se contenter de regarder l’équipe à la télévision, notamment en Ligue des champions, sans pouvoir rien faire. J’ai mis un peu de temps à retrouver le rythme après avoir été guéri, mais je dois remercier tout le club pour le soutien et l’accompagnement. La première semaine d’entraînement a été très dure, j’étais très fatigué. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux.

On a beaucoup parlé de ta ville de Kénitra pendant l’entretien. Tu es le deuxième joueur de là-bas à porter les couleurs du Stade rennais après Houssaine Anafal (1974-1976 et 1979-1982). Tu as raconté lors de ta première conférence de presse que tu l’avais bien connu. Oui, il a joué avec mes oncles et mon père à Kénitra ! Je le connaissais personnellement parce qu’il bossait à l’école de foot quand j’y étais. Malheureusement, il est décédé en 2012. Quand j’ai signé à Rennes, j’ai immédiatement pensé à lui et à son parcours. Surtout qu’on le voit en photo quand on se rend dans le musée du club. Deux semaines après avoir parlé de lui en conférence de presse, j’ai même croisé son fils qui vit toujours à Rennes. Il était très content de m’avoir entendu dire le nom de son père. Houssaine Anafal a beaucoup donné au football marocain, et surtout à ma ville de Kénitra. C’était le premier joueur à sortir du Maroc en professionnel. Dans ma ville, c’est une légende. Il a montré le chemin à tous les autres. C’est une figure, tout le monde le connaît. Quand on a appris son décès, les gens étaient très tristes à Kénitra.

En novembre, tu as connu ta première sélection depuis août 2018. Mais tu avais déjà été appelé pour la première fois dès 2016, sans pouvoir participer à l’aventure à la Coupe du monde 2018. Était-ce une déception à l’époque ? Non, ce n’était pas un échec, ça fait partie de l’apprentissage. Le coach Renard m’avait appelé avant la liste, il n’y a pas eu de problèmes. Je suis devenu un supporter marocain comme les autres pendant la compétition. Je regardais les matchs avec les potes. Quand on a perdu contre l’Iran lors du premier match, je n’étais pas bien du tout. Dans ces moments-là, on sort de l’image du footballeur professionnel pour redevenir un supporter.

Tu es en France depuis bientôt trois ans, comment faire pour garder ce lien avec tes racines ? Ce n’est pas compliqué, ma famille est toujours là-bas. Puis, ça ne fait que deux ans et demi que je suis ici. On vit à une époque où il y a les téléphones, le Facetime, ça me permet de rester en contact avec mes proches. On a un beau pays. Dès que j’en ai la possibilité, je rentre chez moi pour profiter de la famille. Le Maroc, c’est dans mon cœur.

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