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  • FC Nantes 2000-2001
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Nantes 2001 : « Dès le stage, on sent qu’il se passe un truc »

Propos recueillis par Ronan Boscher
28 minutes
Nantes 2001 : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Dès le stage, on sent qu&rsquo;il se passe un truc<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En 2000, le FC Nantes prenait la tête de la Ligue 1 à la trêve. Un semestre plus tard, il remportait un championnat où tous les gros se sont plantés, où Lyon a démarré trop tard, où les attractions s’appelaient le LOSC de Vahid, le Sedan de Pius N’Diefi, et Éric Carrière nageant dans un maillot trop grand. Le club nantais ne le savait pas encore, mais il s’agissait là de son chant du cygne, avant de passer les années suivantes à se saboter. Retour en témoignages et en trois chapitres sur la saison du dernier titre nantais à ce jour, avec 10 protagonistes de l’épopée. Au menu de ce chapitre 1 : mercato, tennis-ballon, le premier triplé de Pauleta et le déclic de Noël, à Bordeaux.

Le casting

Sylvain Armand (SA), latéral gauche, transfuge de l’ASSE, néo-pro et noctambuleFrédéric Da Rocha (FDR), attaquant-ailier droit, ascendant guerrierRaynald Denoueix (RD), un régal d’entraîneurGeorges Eo (GE), entraîneur-adjoint, Johnny addictNicolas Gillet (NG), défenseur tireur de coups francsMickaël Landreau (ML), « votre gardien et capitaine ! » Nicolas Laspalles (NL), latéral droit, recruté au PSGEric Leport (EL), directeur général du FC NantesNicolas Savinaud (NS), couteau suisse né en VendéeStéphane Ziani (SZ), meneur de jeu excentré gauche, prêté par Bordeaux


1. Une fin de saison 1999-2000 sur le fil

RD : J’ai un très mauvais souvenir de la finale de coupe (de France 2000, ndlr), contre Calais. On gagne à peine la finale que je pense déjà au prochain match au Havre, celui de notre survie en Ligue 1. Nantes n’était encore jamais descendu. Dans ma tête, ça va mal.

(Nantes doit obtenir, à l’extérieur, un résultat au moins aussi bon que celui de Nancy, pour s’assurer du maintien, N.D.L.R.)

NG : Indirectement, on prenait aussi pour nous toutes les critiques que le monde pro recevait, au regard du parcours de Calais, ces amateurs qui réussissent l’exploit d’arriver en finale.

NS : Des critiques injustes. Ladislas Lozano (coach de Calais, N.D.L.R.) a reconnu plus tard que ses déclarations sur les pros – des joueurs trop gâtés en gros – avaient été parfois maladroites.

FDR : On avait mérité cette finale, en tapant Monaco, le futur champion de France, à Louis-II (0-1), en demi-finales. Calais n’avait pas non plus gagné sa place en finale par des tirages chanceux. Ils avaient sorti Strasbourg, Bordeaux. Ils étaient extraordinaires.

NG : En gros, les trois quarts de la France voulaient nous voir perdre contre cette équipe de phénomènes. Pourtant, notre génération a tellement toujours respecté les clubs amateurs qu’on n’avait jamais perdu un match de coupe contre un club hiérarchiquement inférieur. Denoueix nous avait inculqué ça. On a été sérieux, mais, comme attendu, le match a été très dur. On perd 1-0 à la mi-temps, mais on l’emporte 2-1.

NS : Notre victoire en Coupe de France 1999 contre Sedan, une équipe de L2, nous a servi pour 2000.

Je m’en souviens par cœur du Havre, à Deschaseaux. Y a 3500 supporters nantais derrière mon but, une pression incroyable. Putain, les émotions de dingue…

FDR : On était juste soulagés d’un premier poids. Si on était allés au Havre avec une défaite contre Calais dans les bagages…

ML : Je m’en souviens par cœur du Havre, à Deschaseaux. Les journalistes nantais portent tous un tee-shirt de soutien. Dès qu’un but est marqué sur un autre terrain, un « dililing » retentit dans le stade, et les scores s’affichent en temps réel sur un écran. Seule une victoire nous maintient. On mène 1-0 depuis la 30e minute et faut tenir. Raynald est livide sur le banc. En toute fin de match, Gravelaine frappe entre les jambes d’un défenseur, je suis masqué, mais je réalise un des plus beaux et plus durs arrêts de ma carrière, sur mon côté gauche. Y a 3500 supporters nantais derrière mon but, une pression incroyable. Putain, les émotions de dingue…

FDR : Notre équipe n’est pas mauvaise, mais maladroite. Le maintien s’est joué à un nombre fou de points : 43, dans une Ligue 1 à 18 équipes ! Tu relativises : deux coupes de France d’affilée, c’est exceptionnel, t’es maintenu, t’es européen via la coupe. Pas mal, non ?

RD : Quand Coco (Suaudeau, N.D.L.R.) s’arrête en 1997, j’ai souvent entendu « Bon, Nantes ne gagnera plus jamais rien » ou « Avec l’argent de Pinault, c’est Rennes le futur ». Je comprenais le raisonnement. Le Nantes 2000-2001 n’était pas fait, a priori, pour jouer le titre.

Cinq minutes, douche comprise


2. « Le proprio de la Roma voulait nous racheter en 1998 »

EL : Antoine Sibierski, notre meilleur joueur en gros, s’en va à l’été 2000 à Lens, pour un salaire qu’on ne peut pas offrir (autour de 800 000 francs mensuels, N.D.L.R.). Tu grimaces pour la saison suivante. Puis début juin 2000, la Socpresse est choisie pour racheter le club. La mairie, pas réputée proche de la Socpresse, dit que « c’est pour appuyer le développement d’une télé locale ». 150 millions de francs dans un club, pour soutenir une télé déficitaire ? Aucun sens.

ML : Même si je suis capitaine, je découvre comme tout le monde. Nous, les joueurs, on ne mesure pas les enjeux, malheureusement. On subit, en fait.

EL : Les projets de rachat ne se bousculaient pas non plus. Franco Sensi, le proprio de la Roma, s’était intéressé à nous en 1998. Mais la mairie a bloqué. Comme pour un fonds allemand ou le proprio de Justin Bridou. La Socpresse nous laisse tranquille une saison. Kléber Bobin reste président, et on a plus d’aisance financière. Sans leurs sous, on n’aurait pas pu faire Moldovan.

Pour Sylvain Armand, René Le Lamer, que j’avais connu à Nantes à 18 ans, m’alerte depuis Clermont, qu’il entraîne alors : « J’ai un mec, prêté par Sainté, en fin de contrat, super fort. » Comme s’il me parlait d’un Roberto Carlos…

RD : Je n’avais jamais entendu parler de lui. Robert (Budzynski, le directeur sportif, N.D.L.R.) m’avait donné des cassettes. « Viorel Moldovan, international roumain, dis-moi ce que t’en penses. » Pas besoin d’en regarder dix. Viorel avait tout : malin, fort, justesse dans les 20 derniers mètres. J’en avais vu, sur cassettes, des mecs super, mais trop chers. « C’est tellement super, Robert, que ton Moldovan ne signera pas. Trop bon pour nous. » C’était pile le profil recherché devant, ce 9 qui la met au fond, qui nous manquait depuis Nico Ouédec.

EL : Je fais la négo en Turquie, avec le Fener. Un moment incroyable. T’as 20 vieux messieurs turcs en cravate autour de la table, Giovanni Becali – l’agent de Viorel – et son « assistante » . Ça dure des heures. Je me demande même si on n’a pas mis un truc dans mon thé, tellement je me sens mal. Tout s’accélère quand Becali se lève, et hurle « I’m tired of this, I want to finish, to go back and sleep at my hotel ». On achète finalement Viorel pour 35 millions, le plus gros transfert de Nantes à l’époque.

RD : Pour Sylvain Armand, René Le Lamer, que j’avais connu à Nantes à 18 ans, m’alerte depuis Clermont, qu’il entraîne alors : « J’ai un mec, prêté par Sainté, en fin de contrat, super fort. » Comme s’il me parlait d’un Roberto Carlos, capable de jouer en défense, sur les côtés, au milieu, et que Sainté ne voudrait plus. « Nom de Dieu, René, ça existe ça ? » Il insiste. Bud’ va voir et revient : « C’est pas mal… »

Pole dance

SA : Je suis à Sainté depuis les débutants, mais chez les pros, ils font de moins en moins confiance aux jeunes du centre. Stagiaire, je pars en prêt à Clermont, où je m’éclate. Beaucoup de clubs s’intéressent à moi. Guy Roux vient même me convaincre, sur le parking du stade : « Sylvain, cette discussion reste entre nous, n’en parle à personne, même pas à ton agent, ni à ton cheval ! » Je ne comprenais pas. En plus, je n’avais pas de cheval. (Rires.) Mais je suis perdu complet. Ma boîte vocale est pleine, elle se bloque même ! J’en parle à mes parents qui contactent alors Pape Diouf. Il récupère tout et me conseille Nantes. « Ça te correspond, c’est hyper familial. » J’ai un peu peur de me décider. Je comprends que je vais quitter ma région, mes parents et rentrer dans le métier, avec un premier contrat pro. Mais je ne veux pas traîner et je signe à Nantes. Durant ma période nantaise, Pape appelait toutes les semaines Bud : « Alors, Robert, comment va le garçon ? » Il m’appelait comme ça, « le garçon ». Un phénomène, Pape.

RD : Dès le début, je préviens Sylvain qu’il va d’abord jouer avec la CFA : « T’inquiète pas, tu vas découvrir, et nous, on va apprendre à te connaître. » Laspalles, on connaissait plus. Un bon joueur, à la relance, rompu à la Ligue 1. Un bon mec, comme tous les joueurs proposés par Bud.

À l’été 1999, Roger Lemerre m’a dit que La Corogne manquait de visibilité pour me permettre de prétendre à une place chez les Bleus.

NL : Quand j’étais à Guingamp, Nantes m’avait déjà contacté. Mais j’avais choisi le PSG. C’était compliqué au début, meilleure ambiance ensuite. Mais à l’été 2000, je veux retrouver une stabilité sportive et surtout un club plus à mon image : plus familial, moins médiatique. Nantes a de belles structures, un beau jeu, c’est un grand club, qui a 7 titres de champion et qui joue l’Europe. Denoueix m’expose le projet au téléphone. Malgré une saison éprouvante, il veut garder son ossature et la même philosophie : s’appuyer sur la formation, faire progresser individuellement et collectivement ses joueurs. Il cherche 2-3 renforts. Je signe à Nantes.

SZ : À l’été 1999, Roger Lemerre m’a dit que La Corogne manquait de visibilité pour me permettre de prétendre à une place chez les Bleus. Alors je signe à Bordeaux, racheté par M6. J’y ai déjà joué, ils jouent la C1 et ont une belle équipe : Micoud, Duga, Laslandes, Wiltord… Mais je tire trop sur la corde en prépa. Je me pète au troisième match, je reviens en janvier 2000 et je me luxe l’épaule : trois mois d’arrêt, Euro 2000 foutu et saison presque blanche. Bordeaux signe un autre milieu, Wilmots. J’entends que Nantes cherche à mon poste et j’y suis prêté. Je suis super content de retrouver Denoueix, mon coach formateur. Je reprends direct mes marques, comme chez moi.

NG : Les dirigeants ont très bien réussi ce mercato : un joueur confirmé de Ligue 1, un expérimenté hyper content de revenir au bercail, un international espoir portugais (Mario Silva, N.D.L.R.), un international roumain. Et Sylvain. On sent rapidement qu’il va être très fort. Mais on ne se doute absolument pas de ce qui nous attend en mai 2001.

Chevallier & Laspalles


3. Teambuilding autrichien et surprise portugaise

NL : Les installations en Autriche, à côté d’Innsbruck, sont superbes. Mais on bosse dur. Oh putain, les footings du matin…

SA : Le doc Bryand nous réveille tous les matins à 8h, nous prend le pouls et le poids, et on part faire des tours et des tours du lac. Sinon, c’est muscu. L’après-midi, t’es content de retrouver le ballon parce que tu ne le reverras que l’après-midi suivant.

NG : Depuis quatre ans, c’est la même préparation en Autriche. Un endroit vraiment magnifique, mais où le credo, c’est gros boulot. Pour ça que le soir, on a besoin de… décompresser.

NS : Dans l’hôtel, t’as un petit bar-club fréquenté par des touristes allemands, autrichiens voire italiens. T’as un petit show, pas comme au Club Med hein, mais les serveurs chantent tous les soirs des tubes allemands – dont un qu’on aimait bien reprendre – ou anglais. Avec notre polo, notre short et notre survêt’, tous les soirs, en route au spectacle, quoi ! Ça ressemble parfois à n’importe quoi. « C’est qui ces gars-là ? » ont dû se dire les touristes. On est bien 20 joueurs, à boire un coup, à rigoler ensemble. Tous les soirs.

ML : Bon, certains faisaient des pauses, mais d’autres, jamais.

FDR : Le coach n’était pas du genre à fliquer. C’était du « pas vu pas pris ! » Il ne fouinait pas. On respectait.

GE : On fait les pions en journée, mais le soir, c’est libre. On n’est pas invités d’façon. Mais tous ont des confidents au sein du staff, donc on sait ce qui se passe. Et les « anciens » de l’effectif – Landreau, Savinaud, Da Roch’- savent diriger la manœuvre et connaissent nos attentes du lendemain.

NG : On mate aussi pas mal de matchs de l’Euro 2000 à la télé.

FDR : Pour la finale, on se fait allumer tout le match par les touristes italiens. Quand Trezeguet marque le but en or, là, c’est fini pour eux. On n’a pas arrêté de les allumer. On a mis une ambiance là-dedans ! Normal, on est les plus jeunes. Charles Devineau leur fait même un spectacle, à vider une poubelle et la soulever comme un trophée, en chantant We Are The Champions sur la scène.

SA : C’est vers 1h du mat’. Les Italiens, pas des fanatiques, réagissent bien.

NS : On faisait toujours pareil à mi-stage en Autriche : une sortie VTT le samedi, t’en chies pour arriver au sommet, mais des petits beignets et une bière t’attendent là-haut. Quartier libre le soir et repos le dimanche, avant de repartir à fond. La finale France-Italie, c’était le dimanche. (Rires.)

NG : Sur ce stage, les anciens sentent qu’il se passe un truc. T’es à fond sur le terrain et humainement, c’est top. Lors des séances athlétiques, les premiers encouragent toujours les derniers, à parfois les accueillir par une haie d’honneur, à les attendre pour la douche. On ne se dit pas « Ok, on va être champion », mais ce groupe vit très très bien.

ML : On a gardé de très grands souvenirs de nos stages en Autriche. Mais cette année-là, on est vraiment tous à l’unisson, dans la qualité de vie et de travail. Personne ne réclame au doc Bryand un programme allégé. Lui, c’est un élément central de notre réussite. Il bosse très étroitement avec Raynald, dans le dosage des séances, l’analyse de nos vitesses, nos temps de passage, nos marges de progression. Et puis quelle qualité d’écoute, dans nos chambres, à son bureau, son cabinet ! On a tous fait nos premières visites médicales avec lui, vers 13-14 ans. Il connaissait tout de nous, même sur nos vies d’homme. Vous n’imaginez pas le nombre d’heures passées avec le doc. Moi, ma vie a changé le jour où mon père, stressé pour mon futur, a pris rendez-vous avec lui. Je n’en savais rien. Le doc l’a reçu à 22h30, à son cabinet de Carquefou, après tous ses patients. Il lui a défini exactement la carrière que j’ai eue. De retour à la maison, mon père a dit à ma mère : « C’est bon, il est entre de bonnes mains, on fait confiance. » Et mes parents m’ont soutenu, sans jamais aller au-delà de leur rôle de parents. Grâce au doc Bryand.

Il a tout d’un grand

RD : Avec le doc, le jour de France-Italie, on part récupérer à l’aéroport d’Innsbruck notre nouveau latéral gauche. J’avais demandé à Bud un grand costaud. On manquait de taille derrière, surtout sur les phases arrêtées. Orage d’enfer à Innsbruck, tous les vols en retard, et pas un seul grand costaud ne descend des avions. Que dalle de que dalle. Ça nous emmerde. On aurait bien regardé la finale nous aussi. D’un seul coup, on voit un chariot avancer tout seul. Avec les valises les unes sur les autres, tu ne vois pas qui pousse. « Imagine, c’est notre grand costaud derrière… » Bingo. On repart avec Mario Silva, 1,75m, invisible derrière ses valises. Ah putain… (Rires.) Mario, c’était un super mec, bon footballeur, type contre-attaquant à la Lizarazu, mais pas du tout ce que je recherchais pour équilibrer l’équipe. Comme si Bud avait saboté ma demande. Je lui téléphone et il me fait : « C’est pas moi, cette recrue ! Ça vient d’au-dessus. » Il évoque le DG de Nantes de l’époque.

EL : Ah bon ? Sur chaque mercato, le sportif décidait et je n’intervenais que sur le financier. Pour Mario, j’ai juste mis en contact Robert avec un agent que je connaissais. Ils ont discuté, et Bud m’a dit de faire Mario Silva.

À mon arrivée à Nantes, je suis seul au monde, avec mes deux valises. Je ne connais rien de la ville… À l’hôtel, j’apprends d’abord à connaître Nico Laspalles, qui m’emmène dans sa Porsche à l’entraînement. Au début, je le vouvoie.

SA : Vers la fin du stage, Raynald vient me voir : « Un arrière gauche va venir, mais faut pas que ça te perturbe, continue comme ça, tu fais un très bon stage. »

RD : Je me dis qu’il ne va pas passer longtemps par la case CFA. Il s’est intégré facilement dans l’équipe.

SA : À mon arrivée à Nantes, je suis seul au monde, avec mes deux valises. Je ne connais rien de la ville, pas de compagne, pas d’enfant, pas le permis. À l’hôtel, j’apprends d’abord à connaître Nico Laspalles, qui m’emmène dans sa Porsche à l’entraînement. Au début, je le vouvoie. Micka m’emmène souvent déjeuner en ville. Avant le stage, avec Yves (Deroff, N.D.L.R.) ou Da Roch’, ils m’expliquent le fonctionnement du club, du coach : jamais être en retard, respect des consignes, du personnel de l’hôtel, laisser une image nickel du club. Ça paraît bateau, mais ça aide vachement. Je suis vite à l’aise dans ce groupe, comme si j’y étais depuis 10 ans. Ce stage, j’y vais à la coule, insouciant. Et j’en ressors pareil.

NL : Quand t’es nouveau, t’as beau prendre toutes les infos possibles, tu ne sais jamais vraiment où tu mets les pieds. Mais je trouve des joueurs d’une simplicité et d’une sympathie au top. Ce club reflète vraiment ma personnalité. Je m’imprègne des entraînements, de leur jeu, les une-deux-trois, les appels. Je dois me retrouver sur le plan athlétique aussi. Je n’avais pas beaucoup joué les mois précédents. Au quotidien, je bosse avec des gars d’une très grande intelligence football, donc l’intégration sur le terrain se fait naturellement. Tu assimiles tout et tu tisses des relations. Je prends très vite tellement un plaisir de fou que j’arrive une heure avant la séance pour participer au tennis-ballon. Ah putain, c’est un truc de fou ce tennis-ballon « à la nantaise » . (Il se lève et laisse imaginer les lieux, tel un agent immobilier, N.D.L.R.) À la Jonelière, à côté de notre vestiaire, t’as une grande salle avec des vélos, l’accès aux kinés, un revêtement type lino. Au milieu de cette salle, un gros poteau, un filet de tennis accroché dessus et au mur, des espaliers en bois.

« Z’avez pas vu Mirza ? »


4. Le tennis-ballon made in FC Nantes

ML : C’est une marque de fabrique FC Nantes de pouvoir progresser, techniquement, par le tennis-ballon. La philosophie du club, c’était « jamais de temps perdu, profitez-en pour jouer, jouer, jouer, tout le temps ». Franchement, nos tennis-ballon sont d’une qualité technique exceptionnelle.

NG : On n’est pas là pour faire semblant, on joue la gagne. C’est un échauffement hyper intense avant la séance, tous les matins, dans cette salle biscornue, avec des règles hyper compliquées, inventées au fur et à mesure.

NL : Presque un « tennis-padel-ballon » , à jouer avec les murs après le rebond, viser l’extincteur, les espaliers. Le ballon fait tatatatatata comme dans un flipper et faut anticiper où ce foutu ballon va ressortir. Je suis loin d’être le seul à arriver tôt. T’arrives, tu prends un café, tu t’inscris direct sur le tableau blanc et tu te changes. Les doublettes se font par ordre d’arrivée. Tu gagnes, tu restes. Tu perds, tu te réinscris en dessous du dernier nom inscrit.

NS : On arrive parfois carbo sur le terrain. Ces parties en 15 points sont parfois tendues. Dans les bons joueurs, tu retrouves les gros gagneurs de l’effectif : Nestor, Viorel, Da Roch’, Micka, Eric…

FDR : Ça fout parfois les boules au coach et au doc tellement on y laisse d’énergie. Nestor et Viorel, des mecs qui ont joué des coupes du monde, hein, sont plus qu’à bloc. Dingue.

Franchement, je n’ai jamais vu un autre club que Nantes autant prendre le tennis-ballon au sérieux.

NL : Au début, 2-3 joueurs n’aimaient pas jouer avec moi. « T’es nul ! » Techniquement, je ne suis pas nul, mais j’ai pas encore leurs notions de déplacement rapide dans ce flipper-ballon. Je ne prends que des brindilles. Mais je m’inscris tous les jours. Au bout de quelques semaines, on aime bien jouer avec moi. J’ai même réussi à jouer une heure d’affilée.

NS : À la Beaujoire, même avant les matchs, on en fait dans une petite salle. Et on peut se mettre la mort, une grosse transpi, 5 minutes avant l’échauffement sur le terrain. C’est fou, quand t’y repenses.

NG : Franchement, je n’ai jamais vu un autre club que Nantes autant prendre le tennis-ballon au sérieux. Ailleurs, c’était toujours compliqué de trouver quatre mecs pour en faire un vrai.

Hassan Ahamada en plein tennis-ballon


5. « Mathieu Berson était le futur Deschamps »

RD : Depuis la formation, j’ai toujours adoré Piopio (Sébastien Piocelle, N.D.L.R.), un très bon et beau joueur, un super môme. En 2000-2001, il ne joue pas le premier match de la saison et juste après, il me dit vouloir partir. Il s’en va à Bastia. Même s’il avait joué ce premier match, il serait quand même parti, je crois.

NS : À l’époque, c’est pas simple pour Piopio, extrasportivement. En gros, quelqu’un lui monte un peu le bourrichon dans tous les sens. Ça le rend peut-être impatient. Et Mathieu commence à pointer le bout de son nez.

FDR : Franchement, Mathieu dégage une force naturelle supplémentaire. Il récupère énormément de ballons, en perd très peu. Ça ne m’a pas étonné qu’il soit titulaire en 6. Avec Carrière à côté, plus épanoui vers l’avant, c’est plus équilibré.

NG : Toujours au bon endroit sur le terrain, comme s’il ne se fatiguait jamais. Pourtant, il peine à suivre lors des footings. (Rires.) En match, c’est une machine d’efficacité. Et faut pas le chercher !

Mathieu Berson ? Au début, je ne m’imagine pas sympathiser avec lui. Et puis c’est devenu l’un de mes témoins de mariage…

RD : Oh la vache… Il en a pris des rouges chez les jeunes. C’est vraiment un mec différent des autres. Du temps du centre, Guy Hillion me disait souvent : « Mathieu en a marre, il veut rentrer chez lui à Vannes. » Il a mûri, en tant qu’homme et joueur, chez les pros. On le fait passer pour un découpeur là, mais c’est un très bon joueur, avec une sacrée vision du jeu. Quelle paire de milieux il forme avec Eric… Faut juste pas le chatouiller.

SA : Il est du genre à mettre la tête là où tu ne mettrais pas le pied. Au début, je ne m’imagine pas sympathiser avec lui. Et puis c’est devenu l’un de mes témoins de mariage. Un mec adorable, très franc, comme dans les contacts à l’entraînement, pote ou pas. Un Breton. Mathieu aurait mérité une meilleure carrière. Pour moi, c’était le futur Deschamps. Il a complètement tourné la page du foot. Il a même fini par faire du rugby, à Saint-Nazaire. Je vais te dire, Toulalan et Berson sont exactement pareils : même caractère, même poste, à ne plus vouloir entendre parler de foot.

FDR : D’ailleurs, Toulalan et Berson sont, selon moi, les deux meilleurs milieux défensifs que j’ai vus au FC Nantes.

NS : Et comme avec Jérém’, si tu ne connais pas le foot, tu ne te rends pas compte de l’abattage des mecs, de leur qualité de dribble, de protection de balle.

NG : Mais Mathieu ne participera pas à cet article. La presse n’a jamais été son truc.

NS : Il a toujours eu ce côté ours. Il fait son match et après, il débranche. Il pouvait faire des fêtes monumentales chez lui, mais uniquement avec son cercle proche, jamais à s’exposer avec beaucoup de monde.

SA : Par exemple, Micka voulait organiser un match contre Calais, au printemps dernier, en public, avec de la presse. Ça ne l’intéressait pas. Si ça avait été en privé, avec les mêmes mecs, autour d’un barbecue, pour un petit rugby, peut-être qu’il serait venu. (Rires.)

Jérôme Leroy et Mathieu Berson


6. Pauleta piétine La Beaujoire

ML : C’est une entame de saison bizarre, comme souvent chez nous. Parce qu’on encaissait toujours une très très grosse préparation, et on était programmé pour novembre-décembre.

NG : J’ai connu début de saison bien plus galère ! OK, on perd en ouverture à la maison contre Lens, mais, pendant le confinement, j’ai revu notre deuxième match de la saison, à Monaco, le champion en titre. On leur met 5-2. Incroyable. Puis on gagne à Guingamp et à domicile contre l’OM : 9 points sur 12.

SA : Ayant joué avec la réserve, je vois le match contre l’OM depuis les tribunes. Moldovan, pour son premier match, est extraordinaire. Il joue les vingt dernières minutes et marque le but du 3-2 à la toute fin.

ML : À l’automne, on s’accroche, mais on manque de peps. On n’est pas à l’aise à domicile aussi parce que notre pelouse est affreuse. Ça ne favorise pas du tout notre jeu. On est surtout en grande difficulté contre Bordeaux, à la maison.

Pauleta débarque tout juste de l’avion. Je ne le connais absolument pas.

NS : On passe tous à travers. Micka me fait même une passe, alors que je ne regarde pas. Bim, Laslandes, cinquième but de Bordeaux. On découvre surtout, comme toute la France ce jour-là, Pauleta.

RD : Il débarque tout juste de l’avion. Je ne le connais absolument pas. Je gratte pour seule info : « Attention, il n’est pas très grand, mais très bon de la tête. » Ah ben putain, je découvre surtout que Pauleta est très bon tout court, pas que de la tête.

SZ : On était arrivés ensemble au Depor. Avant que Bordeaux ne le recrute, Charles Camporo m’appelle pour en savoir plus : « Prends-le tout de suite ! » À Nantes, mes coéquipiers me demandaient : « Putain, ils ont recruté un Portugais, c’est qui, ça vaut quoi Zian’? » « Danger les mecs, et surtout super jeu de tête. » Ben tu m’étonnes. Il fait triplé, dont deux de la tête.

EL : Avant ce match, dans l’hôtel en face de la Beaujoire, on a une réunion avec la Socpresse. On finalise les derniers détails du rachat. Et on prend ce 5-0 à la maison…

Pedro Miguel Pauleta

NS : Le coach nous dit juste après : « Prouvez-moi que c’est un accident. » Il disait toujours : « Le résultat, c’est moi. Le jeu, c’est vous. Donc jouez ! » Ce n’est pas qu’un discours, mais une manière de dire : « Le résultat est une conséquence, pas le but. Et ce sera toujours à moi de rendre des comptes. » Le coach remet le même onze pour le match suivant, sauf Mario Silva. Le pauvre, ce n’était pas que de sa faute (deux buts sont un peu pour lui, N.D.L.R.), on avait tous été nuls, mais le coach lance Sylvain Armand pour la première fois, contre Auxerre.

ML : Mario Silva a pourtant été important dans notre groupe. C’est un mec fantastique, bosseur, professionnel et avec déjà l’expérience du haut niveau. Tu peux tout le temps compter sur lui. T’es jamais champions à onze, d’façon. Finalement, il fait une grosse vingtaine de matchs. Sylvain aussi.

SA : Pendant la prépa, le coach m’a demandé : « T’as déjà joué à gauche ? » « Oui, pas de problème. » Alors que jamais j’ai joué à ce poste… Faut une part de réussite pour être lancé en pro. Malheureusement, c’est au détriment de Mario. À Auxerre, je fais un match correct, mais je me rappelle Djibril Cissé qui me déborde, centre. Et but.

NL : Contre l’AJA, on mène 2-0 à la mi-temps et on finit à 2-2. Le match typique d’une équipe en manque de confiance.

FDR : On se fait voler, ouais ! Je prends un choc à la tête, on sort le ballon, je me fais soigner. Auxerre ne rend pas le ballon et égalise en fin de match. Si c’est fair-play, jamais on perd.

NS : Après un match nul assez mauvais à la maison contre Lille (un 0-0 très pénible à regarder en effet, N.D.L.R.), ça commence vraiment à gueuler dans les tribunes. Mais c’est le métier. Quand t’es mal classé, tu te fais toujours allumer.

NL : Personnellement, mon début de saison m’inquiète. Je me rate à certains matchs et pas du tout à d’autres. Le coach me rassure : « T’inquiète, t’as pas joué pendant quatre mois. T’es juste en manque de compétition. »

SZ : Mais durant ce trou d’air, on ne panique pas. À cause de la saison précédente, t’es pas programmé dans ta tête pour jouer le titre, quoi.

NS : J’ai pas souvenir de réunion de crise sur ce début de saison.

GE : À vrai dire, leurs intentions sont bonnes, nous plaisent, et on les encourage à continuer.

NG : Il nous manque juste la rigueur et la régularité dans la performance. On ne concrétise pas nos occasions et on ne sait pas être imperméable dans les moments durs.

RD : En tant qu’entraîneur, avec presque les mêmes ingrédients, t’as la sensation terrible de ne pas pouvoir tout maîtriser. L’équilibre d’une équipe est tellement fragile, juste avec un joueur de plus ou de moins.

Georges Eo et Raynald Denoueix

NL : Sur cette période, Denoueix reste toujours lucide dans son fonctionnement. On ne s’affole pas et on bosse sans rien dire. De toute façon, on n’était pas des rebelles, à dire « allez les gars, faut se bouger le cul maintenant ! » Il a sans doute fallu que les nouveaux, comme moi, s’adaptent complètement à cette équipe sortant d’une saison très difficile. La réussite, les occasions et les buts reviendront à Strasbourg.

NG : Si on perd, on est relégable. On en met 5 à la Meinau, sans en prendre un seul. À la pause, Canal interviewe Marama (Vahirua) : « 4-0 à la mi-temps, c’est bien, on a un pied dans l’avion du retour. » On l’a chopé juste après. En plus, ça le fait passer pour un prétentieux, ce qu’il n’est pas du tout. C’est son début de carrière, il dit tout ce qui lui passe par la tête. Les journalistes l’ont bien compris et aiment ce « bon client » .

ML : C’est un premier tournant, Strasbourg. Et on rééquilibre notre goal average.

NG : Juste après Strasbourg, on joue contre Rennes. Dans la semaine, Laspalles expliquait à Maram’ : « Au PSG, Lama s’est fait opérer des ligaments du genou gauche et il a un peu plus de mal à pousser dessus, pour plonger en bas à droite. Donc tire là. » Maram’ marque en bas à droite, en fin de match : 1-0. Au micro, il résume le truc, limite à faire passer Lama pour un gardien nul en bas à droite. Il nous faisait marrer, Maram’.

NL : En tout cas, ça fait boule de neige sur notre confiance et notre équilibre. Plus tu remontes au classement, plus t’as faim. On gagne à Sainté par exemple, on bat de nouveau Monaco chez nous. (À partir de Strasbourg, Nantes perd trois fois avant la trêve, à Sedan, Marseille et à Bastia, N.D.L.R.)

NG : Trois jours après la défaite à Marseille, on perd 3-1 un match en retard (de la 15e journée, N.D.L.R.) à Bastia. Le coach avait mis du monde au repos. On est beaucoup à avoir les boules en regardant la télé. Je ne sais pas si c’est remonté aux oreilles du coach, mais il ne l’a plus jamais refait.

Marama Vahirua


7. Joyeux Noël, au parc Lescure de Bordeaux

SZ : Le vrai déclic intervient à Bordeaux. Les victoires là-bas sont rares. À Lescure, je me souviens des crochets de Da Roch’ sur le premier but (centre pour Moldovan, 1-0, N.D.L.R.) et l’enchaînement passement de jambes-petit pont d’Eric devant Ramé : 2-0, propre, rien à dire. Pour la première fois de la saison, on passe premiers de Ligue 1.

FDR : Tu montes discrètement en puissance et après ce super match, intérieurement, tu te dis : « T’es premier à la trêve, rien n’est sûr, mais y a évidemment moyen de faire un truc. »

RD : J’ai commencé à y croire, un peu, à Lescure. Mais bon, on est loin du bout encore.

NS : Il reste encore 15-16 matchs (la Ligue 1 comptait 18 clubs seulement, donc les matchs retours ont démarré avant la trêve de Noël, N.D.L.R.), mais, en gros, si t’en gagnes 11-12, t’as de bonnes chances d’être champion.

EL : Dans les bureaux, Robert nous sort une stat : « Huit fois sur dix, l’équipe première à la trêve finit européenne. » Donc on pense plus à l’Europe qu’au titre. Au-delà du sportif, administrativement, on récupère à partir du 1er janvier la gestion du stade auprès de la mairie, et pas que les soirs de match. On ouvre même un restaurant au premier étage, avec vue sur le terrain. C’est sympa. On lance des activités séminaires, on augmente le nombre de places VIP, les loges. On veut engendrer plus de recettes stables et avoir du monde au stade. Donc on pratique des prix bas derrière les buts, on lance des abonnements mi-saison.

ML : Au retour des vacances, on bosse comme des fous. On se dit : « Les gars, on n’a pas le droit d’avoir de regrets. » Un truc s’est passé à Bordeaux, et ça ne nous a plus jamais quittés. Avec l’effectif qu’on a, l’ambiance, y a évidemment moyen. Et puis tout le club est prêt à vivre cette ambition-là. Il n’y pas de peur ou de pression d’aller jusqu’au bout, parce que le palmarès du club parle pour toi. Ce n’est pas quelque chose de nouveau pour le club, comme expérience. Ça rend serein, quoi.

Une crevette et des langoustines


8. Cadors à la masse et boulevard pour les petits

NG : Beaucoup d’équipes se valent. Lyon démarre doucement, mais finira fort. L’inverse du PSG, qui plonge après dix journées (Bergeroo remplacé en cours de saison par Luis Fernandez, N.D.L.R.). Bordeaux a un sacré potentiel, mais c’est irrégulier, beaucoup de matchs nuls. Monaco, champion sortant, passe au travers, l’OM aussi (Abel Braga, le duo Emon-Galtier, Javier Clemente puis Tomislav Ivić se succèderont sur le banc phocéen cette saison-là, N.D.L.R.). Pendant longtemps, le Lille de Vahid, pas flamboyant, mais très costaud, et Sedan, très spectaculaire, sont nos principaux concurrents (Sedan mène même la L1 avant les matchs retours, N.D.L.R.). On a su trouver notre place dans ce paysage-là.

SZ : À l’époque, les équipes surprises comme l’ont été Auxerre (1996) ou Lens (1998) avant ont encore de la place, contrairement à aujourd’hui, avec le PSG.

FDR : On va en demi-finales des deux coupes nationales aussi. On est vraiment compétitifs. À un moment, t’en viens presque à croire que tu peux faire le triplé.

NG : Après, on aurait sans doute perdu du gaz pour le sprint final du championnat. Mais je veux ajouter quelque chose. On a toujours dit de notre groupe : « Il a du potentiel, du talent. » On est surtout des énormes bosseurs, des chiens à l’entraînement. En 2000-2001, on s’est juste quasiment tous retrouvés, en même temps, proches de notre meilleur niveau pour exprimer collectivement ce qu’il y a de mieux à faire. Pourquoi ? Comment ? Je ne sais pas trop.

Retrouvez l’intégralité de notre série sur le titre de champion du FC Nantes 2000-2001 :Partie 1/3 Partie 2/3 Partie 3/3

Fashion victimes

Merci à IconSport pour les photos !

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Propos recueillis par Ronan Boscher

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