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Nabil Fekir : « Je suis plus du genre à me projeter dans le futur »

Propos recueillis par Thomas Broggini, à Séville
9 minutes
Nabil Fekir : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis plus du genre à me projeter dans le futur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

S'il n'est plus utilisé par Didier Deschamps depuis septembre 2020, Nabil Fekir (28 ans) se régale à Séville. Avec le Real Betis Balompié, le gaucher champion du monde a mis fin, il y a quelques semaines, à une longue disette de son club en remportant la Coupe du Roi. Entretien avec un homme toujours aussi réservé, mais comblé, avant l’ultime match de la saison contre le Real Madrid, ce vendredi soir.

Une cinquième place en Liga avant le dernier match contre le Real Madrid, un premier trophée pour le club depuis 2005 avec la victoire en Coupe du Roi… C’est quoi le secret du Betis cette saison ?Le travail, comme pour toutes les équipes qui réussissent. C’est le plus important, tout comme l’envie qui nous anime et la qualité du groupe, sans laquelle on ne ferait rien. On a vraiment un bon vestiaire.

Sur le plan personnel, es-tu satisfait de ta saison ? Ça va. Comme je suis exigeant avec moi-même, on va dire que c’était une bonne saison, ma meilleure depuis que je suis arrivé ici (en 2019) au niveau statistique (10 buts et 10 passes décisives en 46 matchs, toutes compétitions confondues, NDLR), mais j’aurais pu faire mieux.

Il y a désormais deux lignes à ton palmarès : champion du monde et vainqueur de la Coupe du Roi.(Sourire.) C’est joli. C’était un succès spécial pour les supporters, qui attendaient ça depuis 17 ans. On a eu la chance de pouvoir leur offrir ça. Voir la joie des gens, les larmes de bonheur de certains, c’était incroyable. J’avais l’impression que c’était plus qu’une Copa Del Rey.

Pourquoi les supporters t’aiment-ils autant ?Ils aiment d’autres joueurs aussi. Cette connexion existe parce qu’on n’est pas un groupe qui triche. On se donne toujours à 100 % sur le terrain, même si on peut parfois jouer contre des équipes meilleures que la nôtre. Et je pense que c’est ce qui plaît aux supporters.

On peut être incroyables sur un match et inexistants lors du suivant. Parfois, c’est le néant, il n’y a pas d’occases, rien. On est un peu comme ça. Il nous manque cette régularité.

On s’ennuie rarement en regardant jouer le Betis…C’est vrai qu’il se passe toujours des choses. On peut être incroyables sur un match et inexistants lors du suivant. Parfois, c’est le néant, il n’y a pas d’occases, rien. On est un peu comme ça. Il nous manque cette régularité. Cette année, heureusement, ça ne nous est pas beaucoup arrivé. Au fil du temps, en se connaissant tous de plus en plus, je pense que ça va aller mieux.

Le Betis est-il un club sous-estimé ?(Il réfléchit.) Oui. Le stade, les supporters, l’ambiance… Peu de clubs peuvent se vanter d’avoir ça. C’est quelque chose d’exceptionnel. J’ai eu la chance de jouer dans pas mal de stades et je peux dire que ce n’est pas partout comme ça. Et c’est quasiment plein à chaque match, pas seulement contre le Barça ou le Real. Même si je connaissais la réputation du club en arrivant ici, je ne m’attendais pas à ça. Il y a tout pour être heureux ici.

Tu as effectivement l’air de t’éclater dans cette équipe.Je prends du plaisir parce qu’on essaye de jouer au ballon, de proposer du jeu.

Que te demande Manuel Pellegrini, qui a construit son immuable 4-2-3-1 autour de toi ?Il me donne, à moi comme aux autres, beaucoup de liberté. Il est conscient qu’on sait jouer au foot. Selon l’adversaire, il nous aiguille un peu, mais nous laisse toujours cette liberté. Il a beaucoup d’expérience, a déjà gagné des titres, et ça se sent.

Il y a des joueurs qui ne touchent pas le ballon pendant cinq, six ou sept minutes et ça ne les dérange pas. Moi, j’ai besoin du ballon.

Cette position de numéro 10, en soutien de l’attaquant, c’est celle que tu préfères ? Oui, parce que c’est là que les choses se passent. La plupart des ballons passent par moi et c’est ce que j’aime. Il y a des joueurs qui ne touchent pas le ballon pendant cinq, six ou sept minutes et ça ne les dérange pas. Moi, j’ai besoin du ballon. J’aime ça. C’est pour ça que je pense que ce poste me correspond bien.

C’était quoi ce but de fou sur corner direct contre le Séville FC (le 15 janvier, victoire 2-1, en huitièmes de finale de la Coupe du Roi, NDLR) ? (Rires.) C’est le plus beau but de ma carrière. Après, certains peuvent dire « le gardien ceci » ou « le gardien cela » , mais il faut le mettre, ce but ! C’était volontaire. J’ai vu le gardien (Alfonso Pastor) un peu avancé parce qu’il voulait anticiper et je me suis dit que j’allais tenter. Ça m’a réussi.

Qu’a-t-il manqué pour accrocher la Ligue des champions ?De la régularité, je pense. On a perdu des matchs à domicile, je pense à ceux contre l’Atlético de Madrid (1-3, le 6 mars), Elche (0-1, le 19 avril) ou le Barça plus récemment (1-2, le 7 mai), qui nous ont coûté des points. C’est ce qui fait la différence à la fin.

C’est compliqué de trouver un lieu où tu te sens comme ça, où tout le monde te fait confiance, où ta famille se plaît.

Tu pensais sincèrement que tu allais remporter un titre en arrivant ici il y a trois ans ?C’est toujours une ambition. Quand tu arrives dans un club, tu as envie de gagner des trophées. Après, c’est vrai que tu es plus disposé à gagner dans certains clubs que dans d’autres. Mais on a un bon groupe et une bonne équipe… Et quand tout le monde y croit, ça aide.

Tu es épanoui ici ?Je suis très bien. Après, chaque année est différente. Pour le moment, tout se passe au mieux.

D’où ta prolongation de contrat jusqu’en 2026, annoncée dès le mois de janvier ?Quand tu es bien quelque part, tu sais… C’est compliqué de trouver un lieu où tu te sens comme ça, où tout le monde te fait confiance, où ta famille se plaît… Ce sont des choses importantes.

Tu as déjà reçu autant d’amour des supporters qu’ici ?Autant, je ne sais pas. J’ai passé de belles années à Lyon aussi (2013-2019). Les gens vivent pour le foot à Séville. C’est leur énergie : si tu gagnes, ils sont bien ; si tu perds, il sont tristes.

En parlant de Lyon, ça te fait de la peine de voir ton ancien club vivre une saison aussi galère (8e de Ligue 1, pas de Coupe d’Europe la saison prochaine) ? Ce n’est pas facile pour eux. C’est un grand club avec un beau stade : il y a tout pour être en haut du classement et que les supporters soient heureux. Malheureusement, ça ne s’est pas très bien passé cette année. Je ne saurais pas dire pourquoi parce que je ne suis plus là-bas. Il y a eu beaucoup de changements, de nouveaux joueurs, etc. C’est un tout. Il y a aussi de bonnes équipes en Ligue 1. Il ne faut pas oublier ça. J’espère qu’ils se qualifieront en Ligue des champions l’année prochaine parce que c’est un club et une ville qui le méritent.

Lyon, j’y ai joué pas mal de temps. Je pense que c’était le moment pour moi d’aller voir ailleurs. Et ailleurs, c’était l’étranger parce qu’en France, pour moi, il n’y a que l’OL.

As-tu parfois regretté, notamment lors de ta première saison ici, d’avoir quitté l’OL ?Je ne suis pas quelqu’un qui vit avec des regrets. Ce qui s’est passé s’est passé. Je suis plus du genre à me projeter dans le futur qu’à regarder en arrière. Lyon, j’y ai joué pas mal de temps. Je pense que c’était le moment pour moi d’aller voir ailleurs. Et ailleurs, c’était l’étranger parce qu’en France, pour moi, il n’y a que l’OL.

Pour clôturer la saison, toi et tes partenaires affrontez une équipe dans laquelle évolue un autre ancien Lyonnais, Karim Benzema. Que t’inspirent sa saison et sa carrière ?Ce qu’il fait est top. Il montre qu’il fait encore partie des grands joueurs. C’est un exemple pour moi et pour tous les joueurs. Il a gagné tellement de trophées dans un grand club comme le Real Madrid… Ce n’est pas facile.

Il mérite de remporter le Ballon d’or ?Il y a beaucoup de grands joueurs, mais il est dans la course. Il a de quoi postuler.

Que peux-tu faire de plus pour retourner en équipe de France (1), où on ne t’a pas vu depuis le 8 septembre 2020 (victoire 4-2 contre la Croatie en Ligue des nations) ? Je ne me prends pas la tête. Je travaille et je donne le maximum ici. Il n’y a pas de secret. Après, il y a un sélectionneur et il fait des choix.

Tu y crois encore ?Bien sûr, toujours. Et c’est normal. Quand tu joues au haut niveau, la sélection est un objectif.

Tu as des contacts avec Didier Deschamps ou des membres de son staff ?Pas trop.

Est-ce que ne pas jouer la Ligue des champions est handicapant ?Honnêtement, je ne sais pas du tout. J’ignore sur quoi il (Deschamps) se base. Mais moi, je suis à sa disposition.

La France te manque ?Parfois, oui. On vit très bien à Séville, et j’aime l’Espagne, mais la France, c’est là où j’ai grandi. C’est la maison. J’y ai mes repères. Ça fait toujours du bien d’y revenir, même pour seulement deux jours.

C’est important d’avoir ton petit frère Yassin avec toi ici (il évolue avec la réserve) ? Qu’il soit là, ça me fait plaisir, bien sûr. La famille, c’est très important pour moi. Mais ce qui compte, c’est que lui soit heureux et qu’il joue. S’il est amené à partir demain pour être épanoui ailleurs, je serai content pour lui.

Mon transfert avorté à Liverpool ? Ça a été difficile les deux, trois premiers jours. Mais continuer à y penser n’aurait rien changé. Il fallait avancer.

A-t-il été difficile d’oublier ton transfert avorté à Liverpool, à l’été 2018 ?Surtout les deux, trois premiers jours. Tu te demandes pourquoi ça ne s’est pas fait. Mais continuer à y penser n’aurait rien changé. Il fallait avancer. Je crois au destin. Ça ne s’est pas fait, c’est comme ça. (Il insiste.) Il fallait avancer. La vie est ainsi.

Ce n’est pas une blessure ?Sur le coup, un peu. Parce que j’avais rencontré le coach (Jürgen Klopp) et parlé avec lui, que c’est un grand club. Mais il fallait passer à autre chose.

Tu aimes ta carrière comme elle est ?Oui. (Silence.) Au départ, c’était compliqué pour moi. Je n’étais pas un joueur qui était forcément dans les plans. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir jouer au foot à un haut niveau et c’est magnifique. J’essaye de profiter de chaque instant.

Dans cet article :
Jules Koundé, déjà le Bleu de l'année
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Propos recueillis par Thomas Broggini, à Séville

(1) L’entretien a été réalisé ce mercredi, à la veille de la publication de la liste de Didier Deschamps pour les quatre matchs de Ligue des nations de l’équipe de France en juin.

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