Milan Borjan victime de racisme lors du match contre la Croatie

Les supporters croates présents lors de la large victoire (4-1) contre le Canada ce dimanche ne se sont pas fait remarquer de la meilleure des manières.

Ils ont même réservé un comité d’accueil du plus mauvais goût au gardien canadien Milan Borjan. Le vétéran de 35 ans, titulaire à l’Étoile rouge de Belgrade, a dû jouer avec les provocations des Croates en tribunes. Natif de la ville de Knin, en ex-Yougoslavie, de parents serbes, celui qui a immigré au Canada à l’âge de 13 ans a eu droit à une banderole et des chants aux références racistes de la part des supporters adverses. Tout d’abord, une banderole arborant l’inscription « Knin 95: Nothing Run like Borjan ». Celle-ci renvoie à l’opération Tempête, offensive croate lors de la guerre d’ex-Yougoslavie, en 1995, qui força entre 100 000 et 200 000 Serbes, dont Borjan et ses parents, à fuir le pays. À la suite de cette opération militaire, de nombreux Serbes qui avaient refusé de quitter le territoire furent victimes de massacres. L’emploi d’une banderole au logo d’une entreprise de production de matériel agricole mentionnant la course de Borjan fait référence à la fuite des populations serbes, certains étant alors équipés de tracteurs.

Croatia fans held up this flag aimed at Canada goalkeeper Milan Borjan. »Knin 95 – Nothing runs like Borjan. »Knin is Borjan’s hometown and the flag refers to the victory in the war over Serb separatists which saw Borjan and most Serbs from Croatia driven from their homes. pic.twitter.com/sH9JW9pOPD

— Sam Street (@samstreetwrites) November 27, 2022

Les supporters croates ont aussi eu la bonne idée d’entonner un chant affirmant que « Borjan est un Oustachi », référence au régime nationaliste croate d’obédience fasciste et anti-serbe qui a pris le pouvoir en Croatie en 1941. Ces actes de glorification de massacres ethniques ont été accompagné de la fuite du numéro privé de Milan Borjan, qui aurait reçu plus de 2500 messages d’insulte de la part des supporters croates. « Cela montre comment les gens sont primitifs. Je n’ai rien à déclarer par rapport à ça », a-t-il affirmé. « Ils devraient travailler sur eux-mêmes et sur leur famille, parce qu’ils ont visiblement de la frustration et ils viennent ici pour l’exprimer », s’est défendu le gardien, avant de dire qu’il ne se plaindrait pas auprès de sa fédération des agissements de ce dimanche.

Pour rappel, une interview donnée par le portier canadien au quotidien serbe Kurir, où il se déclarait fier d’être né en Dalmatie serbe, au début du mois, avait notamment exacerbé l’ire de nationalistes croates à l’approche de la rencontre.