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Miklós Fehér, étoile filante

Par Joël Le Pavous
5 minutes
Miklós Fehér, étoile filante

La Hongrie l’imaginait en néo-Puskás des années 2000. Prêt à ramener des Magyars bas de plafond dans le Who’s Who du football mondial. S’il a accumulé les déceptions avec le Nemzeti 11, Miklós Fehér s’est en revanche bâti une stature au Portugal entre Porto, Braga, Salgueiros et le Benfica après trois saisons de chauffe à Győr. Jusqu’à ce qu’un infarctus le tue non loin d’un rond central en janvier 2004.

D’ordinaire, les gars de Trollfoci.hu sortent le sniper quand ils jactent sur le foot hongrois. Collectionnant les perles d’István B. Hajdú (le Christian Jeanpierre danubien) ou taclant la cupidité de l’attaquant Krisztián Németh désertant Kansas City et la MLS pour les pétrodollars qataris d’Al-Gharafa. Mais le 25 janvier dernier, les Kleenex remplaçaient les scuds en souvenir d’un dénommé Miklós Fehér. Logique : « Miki » décédait subitement sur le gazon il y a douze piges, précédé d’un semestre par Foé. Ce dimanche de 2004, le Benfica de Camacho menait 1-0 à Guimarães grâce à un but heureux de Fernando Aguiar dans le money time. Réalisation héritée d’une reprise dévissée du gauche de Fehér. Ce dimanche-là, il pleuvait des hallebardes, et « Miki » était d’humeur particulièrement malicieuse. Souriant même à l’arbitre à la suite d’une biscotte justifiée pour retard de jeu éhonté en toute fin de rencontre. Fehér recoiffa illico sa crinière, se pencha comme si une crampe le paralysait, vacilla et s’effondra raide.

Musée à son nom

Malgré la rapidité des secours et plusieurs massages cardiaques, Fehér fut déclaré mort à l’hosto, fauché au bord du quart de siècle, alors qu’il s’était immiscé en Primeira Liga à Porto et Braga et ne comptait absolument pas pour du beurre chez les A magyars (25 sélections, sept goals de 1998 à 2004). Orphelins de leur pote, les joueurs du Benfica, époque Simão et Zlatko Zahovič, assistèrent aux funérailles à Győr, là où « Miki » a débuté. Le club, lui, supprima définitivement son numéro 29 fétiche. Les ex-coéquipiers du défunt se sont de nouveau pointés en Hongrie auréolés de leur titre de 2005, et coach Trapattoni, passé un an en coup de vent chez les Aguias, était du voyage. Le président Luis Felipe Vieira avait promis une médaille de « campeão » à « Miki » dès que ses soldats décrocheraient la timbale. Ils ont remis la breloque en mains propres aux parents avec une copie du trophée Superliga en prime. Découvrant par la même occasion le musée-souvenir Fehér retraçant son destin fou à l’issue tragique.

« J’ai eu l’honneur de le connaître en détails et c’est toujours horrible d’en parler pour moi comme ça aujourd’hui, car on a grandi ensemble, pose son ancien camarade de l’ETO Péter Stark d’une voix qu’on sent émue. Quand on n’était pas alignés, on récupérait les ballons sur le bord de la pelouse et on discutait de la manière dont on aimerait devenir des grands footballeurs. « Miki » était un exemple à suivre pour les gamins, la preuve que leurs rêves avaient des chances de se réaliser. Je raconte souvent à mes deux fils qui jouent que s’ils s’impliquent à fond, l’un d’entre eux peut percer à l’instar de « Miki ». » Avant de percer, Fehér a cravaché dans cette coquette ville universitaire et capitale régionale à un cheveu de la Slovaquie où l’on glose plus sur les handballeuses fortiches du Győri KC que sur les péripéties du FC. Durant trois saisons, « Miki » remplit de joie le Rába (nom temporaire de l’ETO) et inscrit 23 buts en 62 prestations qui lui ouvrirent les portes du Onze national. Dès son intronisation, il planta face à l’Azerbaïdjan le 10 octobre 1998 et démarrait déjà son odyssée lusitanienne au FC Porto.

« Miki » le portu-gai

Recruté à 19 balais, Fehér le bizuth regarde l’indomptable Mário Jardel marcher sur la Primeira Liga et se contente d’incarner un joker bourré de bonnes intentions. Tellement sympa et déterminé à progresser qu’il accepte un prêt au SC Salgueiros, sauvé de la relégation en 99-2000 pour un point. Heureusement, Braga a repéré le gamin qui s’enhardit dans une écurie niveau UEFA (26 matchs, 14 buts) et truste le onze de départ en sélection aux côtés du vétéran Béla Illés et de survêt’ Gábor Király. Trois non-qualifications pour l’Euro 2000, le Mondial 2002 et l’Euro 2004 déprimeront le talentueux « Miki » et la Hongrie entière qui dut attendre 2016 afin de rompre le sevrage international. Paradoxalement, c’est en rouge itou, au Benfica donc, qu’il connut le summum de sa courte carrière. Vice-champion 2003 du Portugal, alternative à Nuno Gomes sans cesse blessé et icône de l’Estádio da Luz qui entretient sa mémoire via des banderoles. Les Aguias lui ont dédié leur 34e couronne (2015).

«  »Miki » voulait constamment aller de l’avant en dépit du succès. Pour moi, il continue à exister de là-haut. Il communiquait avec le sourire et surveillait ses mots ou sa gestuelle quand il était évoqué dans un article, une courte citation ou un reportage diffusé à la télévision. Il savait que cette attitude convaincrait les supporters d’encourager sa réussite. Il le savait, car son âme était telle qu’il estimait que son ministère sur Terre consistait à satisfaire ceux qui croyaient en lui – avec une feinte, un but ou une tête » commente à son sujet András Vincze, de Nemzeti Sport, l’équivalent hongrois de L’Équipe. Fehér devait enfiler la bague au doigt en juin de l’année dramatique. Le Győri ETO FC a mis le paquet sur le culte en finançant une académie sport-études Miklós Fehér dont les leçons inaugurales ont été dispensées à la rentrée 2008. « Le football m’a appris à gagner et à perdre. Il m’a aussi appris que du bonheur peut surgir la tristesse » , philosophait « Miki » , banane jusqu’aux esgourdes, car auteur d’un triplé contre la Lituanie en octobre 2000. Comme celle qu’un type de cette trempe soit foudroyé si tôt.

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