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Mickaël Debève : « Moi, à la base, j’étais plutôt un porteur d’eau »

Propos recueillis par Gaspard Dael
8 minutes
Mickaël Debève : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Moi, à la base, j&rsquo;étais plutôt un porteur d&rsquo;eau<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ce vendredi, Lens reçoit Arsenal en amical au stade Bollaert. Une confrontation qui rappelle les plus belles épopées européennes du Racing. Et notamment un certain match de novembre 1998 à Wembley, qui reste à ce jour la seule victoire d'une équipe française dans l'enceinte mythique. Rencontre avec « Mika » Debève, le porteur d'eau qui a fait tomber Wembley.

Salut Mika. Lens joue ce week-end face à Arsenal, c’est une affiche qui te parle ?Totalement, et je pense que tous les Lensois se souviennent des deux matchs de Ligue des champions de 1998. Aujourd’hui encore, on m’en parle encore souvent, ça reste une confrontation inoubliable pour le club puisqu’on avait réussi à rivaliser à cette époque-là avec le grand Arsenal. Un match nul à l’aller à Bollaert où on sort un énorme match, on mérite même sûrement mieux que ça. Et puis une victoire logique au retour pour l’avant-dernière journée. Mais malheureusement, on ne sort pas du groupe. On pouvait se contenter d’un nul dans la dernière rencontre des phases de poules, mais on la perd. L’expulsion de Vairelles, alors qu’il n’y avait rien du tout, à la fin de ce fameux match contre Arsenal, nous prive de notre buteur pour affronter le Dynamo Kiev. On manque la qualification notamment avec l’exclusion de Déhu au bout de 5 minutes de jeu. C’est un moment important de la saison, mais du coup, on est passés à côté de quelque chose sur ce groupe de Ligue des champions.

C’était comment cet Arsenal-Lens ?C’était particulier pour le club et pour toute la région. Il y avait une ambiance exceptionnelle. On a d’ailleurs beaucoup plus entendu les Lensois dans le stade. C’est vrai qu’avec une victoire au bout, ça reste un match inoubliable pour tous ceux qui portent le club dans leur cœur dans le Nord de la France.

Ce match, c’est un peu ton match. C’est à ce jour la seule victoire d’un club français à Wembley, et tu marques le seul but de la partie…J’en entends encore parler aujourd’hui, par des gens qui l’ont vu ou ont revu les images sur internet. C’est un moment unique, avec une très grande équipe de Lens.

Le fait d’avoir mis ce but-là à Arsenal m’a permis de faire parler énormément de moi, ça fait toujours plaisir.

On sortait d’un titre de champion de France, on joue la Ligue des champions cette année-là dans un groupe très relevé dont on a failli sortir et, en fin de saison, on gagne la Coupe de la Ligue, donc oui, ça a marqué l’histoire du Racing Club de Lens. Mais effectivement, le fait d’avoir mis ce but-là à Arsenal m’a permis de faire parler énormément de moi, ça fait toujours plaisir. Moi, à la base, j’étais plutôt un porteur d’eau qui travaillait pour le collectif, mais ce but, ça m’a permis d’être reconnu.


Ce sont tes plus belles années de footballeur ? Il y a eu plein de bons moments, mais ces deux années-là resteront les plus belles saisons que j’ai pu faire en tant que joueur. J’ai vécu d’autres très bons moments, mais jouer la C1 à Lens dans un stade Bollaert archi-plein, c’est extraordinaire. Avec cette équipe-là et ce match retour à Wembley avec tous les bus qui sont partis le matin de Lens, l’ambiance était vraiment impressionnante. C’était la folie, mon beau-père et ma femme étaient dans le kop, dans l’ancien Wembley, c’était une atmosphère assez particulière. C’est un moment précis de ma carrière qui reste exceptionnel.

Tu as gardé contact avec tes coéquipiers de l’époque ?Oui, toujours, avec Guillaume Warmuz et aussi Éric Sikora, qui est encore au club. Également avec Šmicer que je suis passé voir il n’y a pas longtemps en Tchéquie. Ce sont des joueurs avec qui on se remémore ce moment-là à chaque fois, pour nous tous, cela reste un grand moment de notre carrière.

Aujourd’hui, Lens-Arsenal, ce n’est plus une affiche européenne. Ça t’inspire quoi la situation à Lens ?

Je suis peiné de voir Lens en Ligue 2. C’est un grand club qui doit retrouver l’élite, à la fin de la saison j’espère.

Ça me peine, moi je suis né à 60 km de la ville. Voilà, c’est un club où j’ai passé des supers années, je garde encore contact avec Gervais Martel. Je suis peiné de voir Lens en Ligue 2. C’est un grand club qui doit retrouver l’élite, à la fin de la saison j’espère. J’ai confiance en l’équipe en place et en Gervais pour ramener le club en Ligue 1. Même à Toulouse, tout le monde me parle de Lens et de l’ambiance du stade Bollaert.

De nouveaux investisseurs sont arrivés, l’avenir semble s’éclaircir pour le Racing, non ?Je suis confiant. J’ai toujours été positif concernant ce club. Il a connu le très haut niveau et la descente plusieurs fois, mais c’est un gros club français. Avec Saint-Étienne et Marseille, ça reste la plus belle ambiance, il y a aussi de grosses structures au niveau du centre d’entraînement. Tout est réuni pour voir la vie en rose, si je peux me permettre un petit clin d’œil à Toulouse (rires). D’ici la fin de saison ou dans deux ans, Lens retournera à sa place, en Ligue 1.

Tu connais bien Alain Casanova, tu as confiance en lui pour réussir sa mission ?

J’ai une confiance absolue en toutes les personnes en place actuellement pour très rapidement retrouver le Racing dans un match face à Toulouse.

Alain est un bâtisseur, il a des belles valeurs, c’est un gros travailleur. Il va apporter sa rigueur, son tempérament et son envie d’aller de l’avant. Il a déjà prouvé beaucoup à Toulouse, avec des résultats malgré des moyens limités. Tout est vraiment réuni cette année pour retrouver l’élite. J’ai une confiance absolue en toutes les personnes en place actuellement pour très rapidement retrouver le Racing dans un match face à Toulouse.

Tu es aujourd’hui entraîneur adjoint à Toulouse, le club qui t’a permis de passer pro. C’est quoi ton club de cœur finalement ?J’ai deux clubs de cœur. C’est simple, ce sont deux clubs qui comptent beaucoup pour moi. Lens, c’est mon sang, ma région. Toulouse m’a permis de devenir pro, et le Racing m’a permis de gagner des titres, donc il est très difficile d’avoir une préférence. Ce sont deux clubs qui ont marqué ma vie d’homme et de footballeur et je souhaite voir ces deux équipes en Ligue 1, elles le méritent.

Tu as vécu une fin de saison palpitante avec le Téfécé. Ça doit être une expérience formidable, non ? Humainement et professionnellement ?C’est très fort. Ce sont des sensations qu’on avait quand on était joueur sur des matchs de Ligue des champions justement. Ce sauvetage en Ligue 1, c’est exceptionnel. C’est une saison qui démarre mal, puis il y avait très très peu de chance d’espérer quoi que ce soit. On a un entraîneur qui arrive (Pascal Dupraz, ndlr) et puis on arrive à se sauver avec 10 points de retard à 10 journées de la fin. On est la seule équipe à l’avoir fait, donc c’est une sensation vraiment unique de pouvoir vivre une nouvelle saison en Ligue 1, on était tous persuadés qu’on avait les deux pieds en Ligue 2 (rires). Ce sont des moments très forts a vivre en tant qu’entraîneur.

Tu étais présent lors de la fameuse causerie de Pascal Dupraz, c’était comment de l’intérieur ?

Je pense que les images qui ont été filmées restituent bien l’intensité qu’il y a pu avoir au niveau émotionnel.

Je pense que les images qui ont été filmées restituent bien l’intensité qu’il y a pu avoir au niveau émotionnel. C’est l’aboutissement de quelque chose, on gagne à l’avant-dernière journée et à ce moment-là, on est en Ligue 1. Simplement, il fallait valider par une victoire pour être sûrs d’y rester. Et effectivement, c’étaient des moments forts, des moments de communion avec tout le staff, avec les joueurs, le président et les supporters de Toulouse. Des moments très intenses avant le match, un final en apothéose. Un match très mal engagé, mais avec la victoire au bout et le droit de revenir en Ligue 1.

C’est quoi la suite pour toi ?C’est de rester le plus longtemps possible dans ce rôle d’entraîneur. J’ai été pendant plusieurs années à la tête de l’équipe réserve. Et maintenant, je m’éclate en tant que numéro 2 au Toulouse Football Club. C’est vraiment un rôle qui me convient parfaitement, donc j’espère durer le plus longtemps possible à ce niveau.

Et pas number one ? Je l’envisagerai peut-être un peu plus tard. Je suis un jeune entraîneur de 45 ans et j’ai encore beaucoup, beaucoup à apprendre. Pour le moment, je me sens très bien dans mon rôle.

Un retour à Lens, c’est envisageable ?Un retour à Lens est toujours possible. J’ai deux clubs de cœur, et j’espère faire le plus longtemps dans ces deux clubs qui me tiennent vraiment, vraiment à cœur. Il y a déjà des petites possibilités qui ont été évoquées, mais pour le moment, j’ai un employeur, je suis très bien ici. On verra ce qui peut se passer dans les années à venir, j’ai encore beaucoup de temps devant moi et je souhaite vraiment que le reste de ma carrière sportive se fasse dans l’un de ces deux clubs-là.

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