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Maxi Pereira, le rouge et le bleu
Ce soir, le FC Porto reçoit Benfica à l'occasion du premier Clássico de la saison. L'opposition entre les deux clubs les plus titrés du Portugal est toujours spéciale, mais elle le sera en particulier pour un homme, Maxi Pereira. Passé de l'aigle au dragon cet été, l'Uruguayen sera observé et attendu par tous les observateurs du foot lusitanien. Retour sur une trahison à contrecœur.
Le mercato a offert beaucoup de surprises au Portugal. L’arrivée de Casillas à Porto, bien sûr, mais également les départs de Jorge Jesus et Maxi Pereira. Tous ont fait couler beaucoup d’encre. La trahison de ces deux derniers a provoqué stupeur et colère chez des supporters benfiquistas qui ne s’y attendaient pas. Certes, ces derniers savaient que les contrats de Jesus et Maxi arrivaient à leur terme à l’issue de la saison précédente, mais ils étaient convaincus que la direction encarnada s’arrangerait pour les prolonger à l’intersaison. Que nenni. L’entraîneur s’est donc fait la belle au Sporting et l’arrière droit au FC Porto.
Pour le premier, passe encore. Il supporte depuis toujours les Leões où il a par ailleurs été formé sans jamais réussir à s’imposer en tant que joueur. Sans parler du gros chèque sorti par Bruno de Carvalho pour s’attacher ses services. La pilule est en revanche plus dure à avaler dans le cas de l’Uruguayen. Arrivé à Lisbonne en 2007, dépourvu de tout lien avec le football portugais, il s’était imposé comme l’un des cadres historiques du SL Benfica au fil des saisons. Certains voyaient en lui le bras droit de Luisão. C’est d’ailleurs ce qu’il était. Vice-capitaine. Et il faut dire que Maxi remplissait parfaitement son rôle.
Quand Maxi taclait Porto
Engagement, matchs de haut niveau, buts, passes décisives, le néo-Portista a tout fait pour Benfica. Même détester le club qu’il représente aujourd’hui. Ses tacles à la gorge en pleins classicos, celui sur João Moutinho en 2013 en particulier, sont devenus cultes au point d’être ressortis sur le net portugais par les supporters benfiquistas lésés par son transfert à Porto. Les trolls du genre fleurissent à la veille du sommet de dimanche et concernent également les anciennes déclarations d’amour et autres promesses faites par Maxi Pereira à l’époque où il portait encore la tunique rouge. La dernière date de mai 2015, alors qu’un départ de la Luz commence à être envisagé par le joueur.
En réponse à l’intérêt de Porto et du Sporting, le latéral droit jure alors qu’il « ne se voit pas jouer dans un autre club au Portugal » . Mieux, il flingue quelques jours plus tard les Dragons à qui il reproche de trop se plaindre de l’arbitrage alors que « nous (Benfica) avons perdu un championnat contre eux à cause d’un arbitre assistant qui s’est dit déconcentré sur un but de Maicon. Tous les ans, c’était pareil. Benfica mérite son titre, c’est tout » . Résultat, au moment de poser ses valises dans le Nord du pays, le peuple bleu et blanc ne sait pas trop quel accueil lui réserver.
« Jamais je n’avais pensé que cela pouvait arriver »
Sportivement, le choix est bon. Malgré son âge, l’Uruguayen a prouvé avoir du football en réserve, ce qui en faisait forcément un remplaçant de choix à Danilo, parti au Real Madrid. Mais sentimentalement, il était, pour certains, inconcevable de faire preuve d’affection envers un homme qui a appris à mépriser l’institution portista pendant huit longues années. Aux yeux de ces supporters-ci, le joueur de la Celeste doit alors prouver qu’il mérite de porter sa nouvelle tunique. Même s’il partait de loin, ce dernier n’a pas mis un mois à conquérir le cœur des plus sceptiques. Sa régularité, son apport offensif et sa résistance physique ont déjà fait oublier le valeureux Danilo. De quoi dégoûter un peu plus les socios benfiquistas qui ne comprennent pas comment le président Luis Filipe Vieira a pu laisser filer un joueur de sa trempe pour une histoire de milliers d’euros, qui allaient de toute manière être dépensés dans des transferts plus ou moins pertinents quelques semaines plus tard.
En partant rejoindre la sélection uruguayenne pour disputer la Copa América, l’ancien vice-capitaine s’est dit déçu et étonné que le cas d’un membre historique de l’effectif ait pu être géré de la sorte, au micro de Telemundo Canal 12. « C’est un énorme changement. Jamais je n’avais pensé que cela pouvait arriver. Mais le football est comme ça. Ça faisait un an que je disais que je voulais rester à Benfica, mais la fin de mon contrat est arrivée sans que rien ne se passe et je suis donc parti à la Copa América en déclarant que tout était possible. » Y compris un transfert gratuit à Porto donc. Mais pourquoi diable signer chez le plus grand ennemi du SLB quand l’étranger s’ouvrait à lui ? Le Milan AC et même la Juve avaient manifesté leur intérêt pour Maxi dès décembre 2014, pourtant, c’est bien au Portugal que celui-ci décide de poursuivre sa carrière européenne. À en croire sa version, le défenseur du FC Porto n’a fait qu’écouter les désirs de sa famille. Sa femme et ses enfants ont clairement fait comprendre à papa Maxi qu’ils ne voulaient pas quitter le Portugal, où ils se sentent parfaitement intégrés. Tant mieux pour les Dragons, tant pis pour Benfica. En écoutant ses proches, l’Uruguayen a tourné le dos à son autre famille, le peuple encarnado. Et si demain il jouera à domicile, les quelques centaines de supporters benfiquistas lui réserveront, à n’en pas douter, un accueil diabolique. En attendant son retour dans l’enfer de la Luz, en 2016.
Par William Pereira