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- Olympiakos-Marseille (1-0)
Mathieu Valbuena, toujours là pour Marseille
Avec cette passe décisive, Mathieu Valbuena ne s'est pas offert de vengeance face à l'OM. Le meneur de l'Olympiakos a juste profité de cette rencontre européenne pour clarifier deux, trois détails sur le joueur et l'homme qu'il est : magnifique.
« Ça m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il y a un rayon de telle cuisine communautaire. » Gérald Darmanin a beau avoir ses petites habitudes au moment de faire ses emplettes, le ministre de l’Intérieur ne sait visiblement pas qu’on peut trouver de vrais délices sur les étals « cuisine du monde » . Parmi les produits helléniques notamment, entre les olives, l’ouzo et le tzatziki. Car c’est là que Mathieu Valbuena a dégoté le bonheur. Il n’y a là-dedans aucune trace de communautarisme ou de haine d’une quelconque nation. Juste la possibilité de prouver à son ancien club, après avoir fini de s’en convaincre lui-même, qu’il n’était pas parti en Grèce pour se dorer la pilule. « Tout au long de ma carrière, ça a été des interrogations quant à ma capacité à pouvoir surmonter tous ces niveaux-là : d’arriver dans le monde professionnel, de réussir à l’Olympique de Marseille, d’être international… listait-il dans un entretien à So Foot il y a un an. Toutes ces étapes, je les ai franchies. Ça, pour moi, c’est une grande fierté, une victoire. Je sais qu’il y avait pas mal de gens sceptiques, certains pensaient que je venais (à l’Olympiakos) en retraite… Mais moi, je suis quelqu’un qui aime contrecarrer, contredire toutes ces choses-là. Plus j’entends des choses comme ça, plus ça me donne la rage. » Ce mercredi, pour ses retrouvailles avec l’OM, la bave était bien au bord des lèvres.
Omniprésent à la création, toujours démarqué dans l’espace et sans pitié sur coups de pied arrêtés, Valbuena s’est chargé de désorienter une équipe qui tâtonnait pour son retour en Ligue des champions après sept ans d’absence. Si en 2013, il était justement de l’équipage qui avait sombré en phase de groupes sans rapporter le moindre point, c’est lui cette fois-ci qui s’est chargé de prolonger cette triste série de défaites en C1. Après avoir distribué caviar d’aubergine sur caviar d’aubergine à son avant-centre Youssef El-Arabi, c’est finalement le remplaçant de ce dernier, Ahmad Hassan, qui a su couper correctement l’ultime centre. De quoi donner raison à son coach Pedro Martins, lequel affirmait que « malgré son âge, Valbuena est jeune ». Après la rencontre, c’est plutôt la sagesse qui lui a permis de confesser un petit « pincement au cœur ». Aujourd’hui, plus de place pour les rancœurs. « Je suis à l’Olympiakos et j’en suis très heureux, affirmait-il au micro de RMC. On a fait une très belle partie et j’ai été décisif. J’aurais pu l’être avant, mais Steve (Mandanda) a fait de beaux arrêts. » Chez Valbuena, il y a juste cette volonté tenace de prouver qu’on s’était encore une fois trompé à son sujet.
« Une seconde jeunesse »
Dans les classements honorifiques des clubs par lesquels le Girondin de naissance est passé, rares sont ceux qui le citeront spontanément dans le top 5 des joueurs marquants. Cependant, nul ne pourra nier que le garçon a pesé. Depuis son but à Anfield en 2007, on sait que ce gars-là a un supplément d’âme, une revanche à prendre sur le passé et surtout sur le futur. Annoncé décédé à Lyon, pendu symboliquement à Marseille, enterré chez les Bleus pour une histoire de caméscope, ce sont souvent des méprises qui ont entaché sa postérité. Aujourd’hui, en Grèce, le trentenaire semble avoir trouvé un havre de paix, où il peut s’exprimer librement sans avoir à se justifier. « Je me sens très bien dans ma peau et j’ai l’impression de vivre une seconde jeunesse », confiait-il.
Mais puisqu’il est forcément question de cycle pour le Petit Vélo, c’est avec une joie non dissimulée qu’il a vu l’OM se remettre en travers de son chemin. « Je ne suis pas quelqu’un de croyant, mais je crois au destin. Et j’ai l’impression qu’il y a une petite étoile au-dessus de ma tête. Il faut croire que mon histoire avec l’OM n’était pas encore finie, se réjouissait-il dans les colonnes de L’Équipe. On va peut-être me prendre pour un fou, pour un sado-maso, mais Marseille restera toujours dans mon cœur. » Après ce match aller, et avant un nouveau crochet de Valbuena par le Vélodrome, c’est désormais Marseille qui doit aujourd’hui souffrir à l’idée de voir l’un des siens prendre autant son pied.
Par Mathieu Rollinger