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Mathieu Bucher : « Face à un micro, on doit dire la bonne chose »

Propos recueillis par Simon Butel
9 minutes
Mathieu Bucher : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Face à un micro, on doit dire la bonne chose<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il a tenté deux madjers lors de son premier match en Ligue 1, tourné le dos au foot à 24 ans, et tout plaqué pour faire sa vie en Argentine. Autant dire que pour Mathieu Bucher, fils de Denis, l'ancien kiné des Bleus, tailler le bout de gras avec Nagui et se mesurer aux autres candidats du jeu Tout le monde veut prendre sa place n'avait pas grand-chose d'effrayant. Aujourd'hui manager d'un restaurant en Suisse, l'ancien attaquant lensois revient sur cette aventure, où Stéphanie de Monaco a eu raison de lui.

Il y a ceux, comme Rémy Cabella, qui rêvent de faire Les Corses à Las Vegas à la fin de leur carrière. Et les autres, comme toi, qui préfèrent Tout le monde veut prendre sa place. Comment tu t’es retrouvé dans l’émission? (Il se marre.) En fait, en mai, je me suis fait opérer de la hanche, et suis donc revenu dans le Nord. Pendant ma rééducation, on regardait l’émission tous les jours avec ma mère, et il y avait des sélections à Achicourt (dans le Pas-de-Calais). Me confronter aux autres, forcément, ce n’est pas ce qui me fait le plus peur. Je me suis inscrit, j’ai été présélectionné. On était 120 à la base, ils en ont pris une vingtaine. Et je me suis donc retrouvé dans l’émission le 21 février.

Là où les autres candidats essaient d’amuser la galerie, tu as signé une entrée très sobre sur le plateau. Rien à voir avec ta première entrée en jeu en Ligue 1 avec Lens (en 2001, contre Sedan), où tu avais tenté deux madjers (dont une avait débouché sur l’égalisation d’El-Hadji Diouf). J’avais fait ces deux gestes parce que l’occasion se présentait, mais je n’ai jamais été très extraverti, à faire le show, sur un terrain. J’essayais juste d’être efficace. Je n’étais pas un dribbleur fou, ni exubérant. Mes qualités premières, c’étaient plutôt la conservation du ballon, le jeu aérien et, comme l’avait dit Dominique Bijotat (entraîneur de la réserve de Lens entre 1999 et 2002), mon intelligence de jeu.

N’est-ce pas ce qui t’a manqué pour t’imposer sur la durée en Ligue 1 ?Quand j’ai décidé d’arrêter, c’était plus par lassitude du système. J’avais des possibilités d’aller ailleurs, mais j’étais sûrement plus fan de mon club que du football. C’est ça, et mes genoux, qui ont fait que j’ai arrêté à 24 ans. À Lens, on ne comptait plus sur moi. J’ai fait six mois à m’entraîner sans jouer avant d’être réintégré à mi-saison avec la réserve, mais j’avais déjà pris la décision d’arrêter. Je n’avais pas envie d’aller voir ailleurs, en Ligue 2 ou en National.

Qu’as-tu fait, depuis l’arrêt de ta carrière ?

Je suis parti dans l’hôtellerie. J’ai toujours aimé ça : à 14 ans, c’était l’hôtellerie ou le foot.

Je suis parti dans l’hôtellerie. J’ai toujours aimé ça : à 14 ans, c’était l’hôtellerie ou le foot. Et puis j’ai reçu une convocation pour aller en équipe de France U15. Quand j’ai arrêté, je suis donc parti en Suisse faire une école internationale d’administration hôtelière, pendant trois ans et demi. À côté, je jouais en semi-pro, en troisième division suisse, où j’ai pris beaucoup de plaisir. Avant ça, j’ai pris une grosse année sabbatique. J’ai complètement coupé avec le foot. J’en ai profité pour aller perfectionner mon anglais comme garçon au pair en Angleterre, près de Northampton. J’étais dans la famille d’un ancien rugbyman de Leicester, d’ailleurs.

Dans TLMVPSP, quand tu t’es présenté à Nagui, tu as préféré évoquer ton expérience de vie en Argentine et ton amour des voyages plutôt que ta carrière pro. Pourquoi ?C’était plutôt par choix tactique dans le jeu, pour donner le moins d’indices possibles au champion, même s’il y a peu de chances d’accéder à la finale. En finale, il a donné le sport allemand à ma concurrente. Moi, s’il avait su ça, il m’aurait sans doute donné le thème Jacques Prévert. D’ailleurs, sur le sport allemand, je pense que j’aurais été pas mal du tout. Pendant les présélections, un type m’a demandé : « T’as pas joué à Lens, toi ? » Mais l’émission t’autorise à ne pas parler de certaines choses. Si tu ne souhaites pas parler de ta femme, ton boulot, tu peux le dire et Nagui est averti. À la fin de la première manche, le directeur de casting est venu me demander si j’avais vraiment joué à Lens, et si on pouvait en parler. Mais j’ai préféré jouer la carte de la discrétion.

Pourquoi ne pas t’être servi du football pour assouvir cette passion des voyages ?Parce que j’avais une forme de dégoût au moment où j’ai quitté Lens. Je m’en suis quand même servi, en Suisse et après en Argentine, où j’ai fait deux-trois essais avec des clubs de troisième division. La plupart voulait me prendre, mais je n’étais plus dedans, jusqu’à ce que je vienne en Suisse.

Nagui, qui a passé une bonne partie de l’émission à gentiment te faire passer pour un soiffard, a eu cette phrase à ton encontre lors du tournage : « Ici, on arrive vierge de tout, et on repart avec une réputation. » Un peu comme dans le foot, non ? (Il hésite.) À partir du moment où tu es surexposé médiatiquement, tu sais que tu n’as pas le droit à l’erreur. Tout ce que tu dis ou fais peut être jugé par la « masse sociale » . Face à un micro, on doit dire la bonne chose.

C’est tout aussi dur de se défaire de l’image qu’on promène dans le milieu, tant chez les entraîneurs que les présidents.

C’est comme l’affaire de la sextape : tous ces cas-là, les entraîneurs et les présidents s’en servent pour ou contre l’avenir du joueur. C’est à l’entourage du joueur de maîtriser ça dès le plus jeune âge.

C’est sûr. Il n’y a pas longtemps, il y a eu ce reportage sur Nasri (sur L’Équipe 21) qui était très intéressant. C’est comme l’affaire de la sextape : tous ces cas-là, les entraîneurs et les présidents s’en servent pour ou contre l’avenir du joueur. C’est à l’entourage du joueur de maîtriser ça dès le plus jeune âge. Le bon exemple, c’est Mbappé : sa communication est très bien maîtrisée, très bien contrôlée. C’est comme ça que ça devrait toujours être, mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir un aussi bon entourage. L’image que j’ai laissée ? Je n’en sais pas grand-chose, et ça m’importe peu. J’ai toujours donné le maximum. J’étais un battant, je ne lâchais rien sur le terrain, j’espère donc avoir laissé cette image-là. Mais l’image que j’ai auprès de mes proches est bien plus importante. Et elle est sans doute la même qu’avant que je foule les terrains de Ligue 1.

Comment t’es-tu retrouvé en Argentine ?Avant de m’y installer, j’y étais déjà allé deux fois. Une fois en 2001, et une fois en 2006 quand, après mes six mois en Angleterre, j’étais parti quatre mois en Amérique du Sud en backpacker. Entre le foot, la bonne viande, le bon vin, les gens chaleureux et les montagnes, j’étais vraiment tombé amoureux du pays. Les latinos ont une manière de vivre complètement différente. Ils n’ont pas les mêmes priorités que les Européens. Là-bas, passer de bons moments avec la famille et les amis, c’est le plus important. À mon arrivée, je sortais d’une école hôtelière, qui demandait beaucoup de discipline, d’engagement, d’investissement, et là, tout le monde me disait toujours mañana (demain, N.D.L.R.). À moins d’être un Allemand qui aime bosser 10 heures par jour, on ne peut que s’y plaire !

Entre le football et l’Argentine, quelle expérience a été la plus fondatrice pour toi ?

Ce que j’ai appris en Argentine ? Qu’il faut chérir tes proches, les prendre dans tes bras, leur dire ce que tu ressens. Toute cette pudeur qu’on a parfois ici, on ne l’a pas là-bas.

Il n’y en a pas une plus forte que l’autre. Le foot m’a beaucoup appris sur les relations humaines. Je remercie tous les entraîneurs depuis mes six ans : ils m’ont tous appris la solidarité, l’esprit d’équipe, l’empathie. On en parle beaucoup, de l’empathie, mais on en a de moins en moins. Beaucoup de choses du foot me servent aujourd’hui dans ma carrière de manager. On ne peut pas manager les gens sans les connaître un minimum ou se mettre un peu à leur place. Ce que j’ai appris en Argentine ? Qu’il faut chérir tes proches, les prendre dans tes bras, leur dire ce que tu ressens. Toute cette pudeur qu’on a parfois ici, on ne l’a pas là-bas : on dit ce qu’on pense, et on transmet de la chaleur humaine. C’est une sacrée école aussi !

Tu suis encore Lens ?

Bien sûr, Lens est mon club de cœur. Je suis tous les jours, et quand je ne peux pas regarder, je consulte le résultat, même à la mi-temps.

Bien sûr, c’est mon club de cœur. Je suis tous les jours, et quand je ne peux pas regarder, je consulte le résultat, même à la mi-temps. Je regarde aussi beaucoup les résultats des U19 et des U17, toute la formation. Ça m’intéresse parce que je suis encore pas mal dans le foot en Suisse. Depuis le 1er février, je suis responsable de la formation de deux clubs amateurs, qui servent de tremplin à des jeunes vers des clubs comme les Young Boys de Berne ou le FC Thoune. Le foot pro m’intéresse moins, mais dès que ça touche à la formation, ça m’intéresse. Concernant Lens, on est tous déçus de comment ça se passe, on aimerait que le club soit en Ligue 1, mais ce que je relève, c’est que la formation a été conservée. Quand un club qui n’est pas au top arrive à maintenir la formation, c’est quand même une belle chose. Je suis content que la partie pro n’ait pas déteint dessus. C’est un moindre mal.

Revenons à TLMVPSP. Un peu plus de seize ans après votre exploit en coupe face au Monaco de Deschamps, Giuly et Nonda, avec Wasquehal, tu t’es fait sortir sur une question musique dont la réponse était Stéphanie de Monaco. Ça aura mis le temps, mais ils l’auront eue, leur revanche, les Monégasques !Ils l’avaient déjà eue l’année d’après, lors d’un 32e de finale avec Valenciennes… Ces deux matchs sont des grands souvenirs bien sûr. Jouer contre les futurs finalistes de la Ligue des champions et les bousculer par deux fois, c’était magique !

A-t-on une chance de te revoir dans une émission prochainement ?Non, ce n’est pas au programme. Je vais me concentrer sur ce nouveau poste de responsable de formation, et sur mon poste de gérant d’un centre culturel en Suisse, qui fait aussi patinoire pendant l’hiver. Et je commence une formation en permaculture tous les lundis. C’est déjà pas mal !

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Propos recueillis par Simon Butel

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