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Marvin Martin, un patient français

Par Maxime Brigand
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Marvin Martin, un patient français

En déplacement sur la pelouse de Lille samedi soir, Dijon ne pourra pas encore compter sur les services de Marvin Martin, débarqué en prêt cet été dans la foulée de l'arrivée de Florent Balmont. Reste l'histoire d'un espoir de retour, dans le silence, qui se prépare doucement à revenir faire ce qu'il aime par-dessus tout au-delà des étiquettes : jouer au foot. Plongée dans plusieurs mois de silence.

Ce n’est aujourd’hui qu’un souvenir. Le murmure d’un espoir naissant qui a éclaté définitivement un soir de juin 2011 à Donetsk. Trop vite, trop tôt, mais faut-il totalement lui en vouloir ? C’est un fait : voilà maintenant plus de dix ans que la France se cherche une idole, une icône, un repère. Les noms défilent : Camel Meriem, Mourad Meghni, Hatem Ben Arfa, Yoann Gourcuff, Samir Nasri et, donc, Marvin Matin. Un gosse qui, pour sa première sélection en équipe de France face à l’Ukraine, claque un doublé, offre une passe décisive à Younès Kaboul et tombe dans la spirale. Celle du mal français. Les mots d’Éric Abidal après la rencontre n’y ont rien changé : « Marvin est un joueur qui percute, technique, à l’aise avec le ballon, et qui a une bonne vision du jeu. Maintenant, Andrés, c’est Andrés, Xavi, c’est Xavi et Martin, c’est Martin. »

Car le lendemain, Martin était à la Une de L’Équipe, présenté comme un nouveau « nouveau Zidane » . La responsabilité de la montée en flèche d’une réputation est avant tout médiatique. Car, ce soir-là, dans les couloirs de Donetsk, tout est parti d’une blague de Yann M’Vila : « Ce n’est plus ZZ, c’est MM. » Marvin Martin, lui, termine la rencontre arrosé par ses coéquipiers, « tout rouge » selon certains témoignages et déjà limite gêné par tout ce qui lui arrive. Face à la presse, il explique alors que « le plus dur reste désormais à venir » . Et il est arrivé, sans que tout ne soit complètement de sa faute.

Le système et l’étiquette

Plus de cinq ans ont passé depuis cette soirée de Donetsk, et Marvin Martin a depuis traversé tout ce qu’un joueur de foot rêve un jour de ne pas connaître : les blessures à répétition, le manque de confiance, de temps de jeu, et l’attente trop importante.

Bon sang, Marvin, tu es international ! Il faut augmenter ton niveau de jeu. Tu vas te réveiller oui ou non ?

Au point qu’un jour, Rudi Garcia, son entraîneur à Lille entre 2012 et 2013, ne lui rappelle son statut : « Bon sang, Marvin, tu es international ! Il faut augmenter ton niveau de jeu. Tu vas te réveiller, oui ou non ? » Martin est alors loin du calme de Sochaux, de Bonal, des systèmes de jeu préférentiels pour le voir s’épanouir et de la confiance qui était la sienne dans le Doubs. « On a peut-être surévalué sa valeur à un moment donné au lieu de le laisser vivre, expose Éric Hély, son ancien entraîneur à Sochaux, avec qui Martin a notamment remporté la coupe Gambardella en 2007. Marvin est avant tout un mec qui adore le foot, qui s’arrache tous les jours à l’entraînement, mais qui a besoin d’être entouré. C’est un garçon qui a besoin d’affection, il était toujours dans le sens collectif. » C’était le Martin de Sochaux, celui qui terminait meilleur passeur de Ligue 1 à la fin de l’exercice 2010-2011 et qui s’éclatait avec son pote de toujours, Ryad Boudebouz, dans « une équipe très offensive où Marvin jouait avec deux attaquants devant lui qui bougeaient beaucoup dans un milieu en losange » , comme le rappelle Francis Gillot, celui qui l’a lancé chez les pros à Sochaux en août 2008.

Il y a donc d’abord l’attente, mais aussi le système. Du côté de Sochaux, Martin contrôlait le jeu, ce qu’il a toujours recherché, et avait le pouvoir de faire briller les autres là où il n’a été qu’une pièce ajoutée à Lille dans le 4-3-3 de Garcia.

Ce n’est pas un joueur qui peut se débrouiller tout seul. Il ne va pas dribbler trois ou quatre mecs, il lui faut du mouvement devant lui.

Il est alors relayeur avec tout ce que cela implique de tâches défensives, semble souvent perdu sur un terrain et perd ce statut de leader technique qui était le sien hier. Gillot : « Ce n’est pas un joueur qui peut se débrouiller tout seul. Il ne va pas dribbler trois ou quatre mecs, il lui faut du mouvement devant lui. » Et puis, il y a eu René Girard. Lui voit le potentiel de Martin avec une ambition différente, parle du joueur comme d’un mec qui « vaut entre cinq et dix buts par saison. Il pourrait aussi jouer plus bas dans un schéma à deux récupérateurs. Mais ce serait dommage de se passer d’un tel passeur, de sa subtilité dans le jeu. » Rio Mavuba, de son côté, demande à son coéquipier de « se rendre compte qu’il arrive à un moment de sa carrière où il doit prendre les choses en mains » . Sauf que le corps lâche progressivement. On parle alors d’un physique broyé jusqu’à de multiples opérations au genou. Et le dernier coup derrière la nuque, celui donné par Frédéric Antonetti qui lui demande gentiment d’aller voir ailleurs. Ce qu’il fait aussi pour l’historique Florent Balmont.

« Il a accepté de se mettre dans la difficulté »

Au point que Balmont soit transféré cet été à Dijon, fraîchement promu en Ligue 1. « Quand il est arrivé chez nous, il nous a parlé du fait que Marvin n’avait plus vraiment d’avenir du côté de Lille, replace l’entraîneur dijonnais Olivier Dall’Oglio. Pour nous, au départ, un joueur comme ça, c’était hors tarif. Mais il avait envie de jouer et nous, on avait conscience de ses qualités. » Martin débarque alors en prêt pour « reprendre du plaisir. C’est vrai que j’ai vraiment été embêté par mes blessures. À un moment donné, tu finis par perdre confiance, tu penses tout le temps à ça et tu développes une forme de peur.(…)Mais je suis quelqu’un de très fort mentalement. »

Trop ? Pas forcément, mais parfois un peu surmotivé, au point que Dall’Oglio a été obligé de lui demander d’être patient, alors que le milieu offensif revient actuellement d’une blessure aux adducteurs et qu’il ne sera pleinement disponible que fin septembre minimum.

Dijon lui rappelle ce qu’il a vécu à Sochaux en matière de cadre, mais il doit contenir son impatience.

« Il est arrivé avec beaucoup d’envie, d’enthousiasme. Dijon lui rappelle ce qu’il a vécu à Sochaux en matière de cadre, mais il doit contenir son impatience. C’est quelqu’un d’hyper courageux, qui bosse par tous les temps et qui a accepté de se mettre en difficulté en venant chez nous » , complète l’entraîneur du promu. L’heure est maintenant à la remise en forme, à la reconstruction d’un physique touché depuis plusieurs années, alors qu’Olivier Dall’Oglio souhaite lui redonner les clés du jeu en le cantonnant aux tâches offensives. Martin est sur la route du retour, les clés en main.

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Par Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB sauf ceux de Marvin Martin et René Girard tirés de L'Équipe

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