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Martín Vázquez : « Je ne me reconnais dans aucun joueur actuel du Real »
Dans la deuxième moitié des années 80, le Real Madrid de la Quinta del Buitre dominait le football espagnol en gagnant cinq titres de Liga consécutifs. Dans cette équipe, Martín Vázquez était le milieu de terrain avec le plus de talent. L'occasion, forcément, de parler de ses souvenirs de derby face à l'Atlético.
Le derby d’aujourd’hui sera le dernier au Vicente-Calderón…Ça me rend triste, évidemment. Le Calderón, c’est un endroit où l’on peut respirer la vraie passion pour le football. Il s’agit d’un stade où le public est toujours chaud et dans lequel j’ai joué plusieurs matchs. L’approche d’un derby de Madrid est spéciale, et cela dure une semaine entière. Quand j’étais footballeur, je voulais que le temps passe plus vite pour pouvoir jouer, car il s’agit d’une sensation de compétitivité intense, surtout sur un terrain hostile comme celui de l’Atlético.
L’Atlético compte vingt et un points au classement, le Real vingt-sept. Avec une victoire, l’équipe de Zidane pourrait prendre une avance de neuf points. Ça commencerait à faire beaucoup.Oui, mais dans le cas d’une défaite, il ne faudra pas penser que la saison en Liga est terminée pour les Colchoneros. En plus, je suis sûr que Simeone ne va pas abandonner la lutte pour le championnat. L’Atlético est très fort, surtout au niveau mental. Lors des dernières années, il a remporté la majorité des derbys.
D’ailleurs, qui est le favori selon toi ?Il n’y a pas de favori, car, même si lors des dernières années, l’Atlético a réussi à s’imposer plusieurs fois, c’est aussi vrai que le Real Madrid jouera avec plus de calme et de tranquillité. Étant leader, l’équipe de Zidane aura moins de pression et pourra mieux gérer le rythme du match. Aujourd’hui, la Liga est devenue très compétitive. Il y a des équipes comme Villarreal, Séville ou le Celta qui peuvent gagner contre tout le monde. Ce n’est plus une Liga à deux comme il y a quelques années. Heureusement pour le spectacle, d’ailleurs.
Zidane va récupérer Modrić, son meneur de jeu. Est-ce que c’est la meilleure nouvelle pour lui après les blessures de Kroos et Morata ?Sans doute. C’est une présence très importante dans l’équipe. Modrić est désormais une référence pour le Real. Après une première saison compliquée, il a petit à petit progressé jusqu’à devenir l’un des cadres de l’équipe. Tu vois, les débuts au Real Madrid sont toujours durs, il faut plonger dans une réalité très exigeante et comprendre la mentalité du club. Et Modrić est finalement devenu un footballeur extraordinaire qui sent le jeu à 100%.
Tu étais un milieu de terrain offensif. Est-ce qu’il y a un Martín Vázquez dans le Real Madrid actuel ?Je crois que non, je ne me reconnais pas dans un footballeur actuel du Real. Le football a changé, c’est plutôt devenu un défi physique permanent. Moi, je pensais plutôt à jouer le ballon pour me faire plaisir. Aujourd’hui, c’est très différent.
Aujourd’hui, ce sera aussi Simeone face à Zidane. Deux anciens footballeurs d’élite qui ont beaucoup d’influence sur leurs joueurs, notamment pour ce qu’ils ont accompli dans leur carrière.Même si la plupart des personnes ne seront pas d’accord avec moi, personnellement je crois qu’ils sont des entraîneurs assez similaires. Tous les deux ont un caractère très fort et ils transmettent leurs idées aux joueurs d’une façon très claire. Après, je ne les connais pas bien, mais je crois qu’ils sont tous les deux très directs, et qu’ils disent toujours ce qu’ils pensent.
Au fait, tu as joué un derby contre Simeone au Calderón. C’était lors de la saison 1994-95, et vous aviez gagné 2-0.C’est vrai, mais j’avais déjà croisé Simeone en Italie, quand je jouais au Torino et lui à Pise. Il était très jeune, mais j’avais tout de suite remarqué son abnégation et son envie de gagner n’importe comment, avec beaucoup de sacrifice sur le terrain. Je l’ai toujours considéré comme un joueur que je préfère avoir dans mon équipe que dans l’équipe adverse.
Est-ce que tu aurais pu imaginer qu’il allait devenir un si bon entraîneur ?À l’époque, c’était difficile d’imaginer ça. Mais c’est vrai que Simeone est vraiment dans la mentalité de l’Atlético, car il connaît bien la culture du club et les supporters. Son excellent rendement est également dû au fait qu’il est en parfaite adéquation avec l’esprit de l’Atlético. C’est un peu comme Guardiola et Luis Enrique au Barça et Del Bosque au Real Madrid, ce sont des hommes formés selon des idées claires et solides, propres à un club.
Ton plus beau souvenir d’un derby de Madrid ?(Il soupire) J’en ai joué plusieurs, et j’ai même marqué un doublé, une fois. Mais je crois que le but du 2-1 définitif dans le match au Bernabéu, lors de la saison 1988-89, c’est l’émotion la plus grande que j’ai ressentie pendant un derby. Il y avait 1-1, le match était bouillant. Un derby de Madrid est toujours chaud, plein de ferveur, mais cette fois-là, c’était dingue. Lors des dernières minutes, on était à dix contre dix à cause de deux expulsions. Après, je ne sais pas comment t’expliquer, mais j’ai encore en tête le moment où Ricardo Gallego me donne le ballon, je le contrôle avec le pied droit, je fais un crochet et je frappe avec mon pied gauche pour le but de la victoire. Une sensation merveilleuse ! Je ne marquais pas souvent, mais j’ai souvent marqué contre l’Atlético.
Tu seras au stade pour profiter du grand spectacle ?Ah non, pas du tout. Je le regarderai chez moi à la télé en espérant d’abord que ce soit un bon match, mais évidemment je vais le vivre avec la tension qui m’imprègne à chaque derby, en espérant que le Real Madrid, le club de ma vie, gagne à la fin.
Propos recueillis par Antonio Moschella