- C1
- Gr. H
- PSG-Juventus
Marquinhos, capitaine en galère
Six mois après avoir sombré en même temps que son équipe contre le Real Madrid, Marquinhos retrouve la Ligue des champions ce mardi soir à l'occasion de PSG-Juventus. Un test important pour le capitaine parisien, qui ne semble pas encore avoir trouvé sa place dans la défense à trois de Christophe Galtier.
Il avait quitté la scène européenne et la pelouse de Santiago-Bernabéu avec la mine déconfite, la tête baissée et sans doute le sentiment d’être passé à côté de son match comme rarement depuis ses débuts avec le PSG. Il reste de ce 9 mars 2022 le souvenir d’un Marquinhos dépassé par les évènements et par Karim Benzema, auquel il avait offert le troisième but, celui de la qualification pour le Real Madrid et de l’élimination pour le Paris Saint-Germain, en manquant une passe dans l’axe pour Presnel Kimpembe. Le défenseur brésilien, brassard jaune fluo autour du biceps, avait été ce soir-là le symbole de l’effondrement parisien, cumulant des difficultés à la relance, de la fébrilité dans les duels et un mental défaillant dans une dernière demi-heure lunaire. « Nous, les joueurs, après un tel match, désolé du terme, mais on est les premiers à être dans la merde, assurait-il quelques semaines plus tard sur le plateau du Canal Football Club. Ça a été dur à digérer. Le lendemain, ça a été une journée où même de l’eau était compliquée à avaler. » Six mois après le naufrage, Paris et Marquinhos peuvent se remettre à rêver au moment de retrouver la Ligue des champions avec la réception de la Juventus, ce mardi soir. Seulement, le capitaine parisien, lui, semble ne s’être pas encore totalement relevé de cette énième désillusion.
Ôtez-le d’un août
Depuis son arrivée dans la capitale française à l’été 2013, le deuxième joueur le plus ancien de l’effectif parisien derrière Marco Verratti n’avait jamais semblé aussi contesté et contestable qu’aujourd’hui. Si l’international brésilien, toujours irréprochable dans l’état d’esprit, avait échappé à la gronde du public parisien au printemps, les interrogations sont nombreuses en ce début de saison. Parmi la défense à trois installée par Christophe Galtier, Marquinhos est celui qui rassure le moins et inquiète le plus aux côtés de Sergio Ramos et Presnel Kimpembe. Dès le mois de juillet, en pleine préparation, le technicien avait dû le recadrer à plusieurs reprises sur son positionnement sur le terrain, notamment lors de l’amical remporté face à Kawasaki Frontale. « On a fait quelques erreurs sur la défense à trois, mais c’est normal, on a besoin de temps d’adaptation, avait évacué Marqui à la veille du Trophée des champions. C’est important de les régler. On a travaillé à l’entraînement et à la vidéo pour corriger tout cela. »
Le mois d’août quasiment parfait du PSG n’a pourtant pas levé les doutes sur le fonctionnement de la charnière et sur la forme du Brésilien. Ce dernier n’a pas encore trouvé sa place dans ce nouveau système, affichant des lacunes dans la gestion de la profondeur, son placement et, plus étonnant, dans les duels. Lors du succès contre Montpellier, Marquinhos n’en avait remporté aucun, même dans les airs, où Wahbi Khazri (pas l’attaquant le plus aérien) avait pris le dessus sur lui. La semaine dernière, à Toulouse, il n’a pas pu en perdre puisqu’il n’en a disputé aucun. C’est la quatrième fois que cela lui arrivait sous la tunique parisienne. Ce samedi, Paris a terminé la partie contre Nantes avec un clean sheet, mais Marquinhos a vu l’attaquant Mostafa Mohamed lui mener la vie dure. Ce qui n’augure rien de bon quand l’on sait que les adversaires seront d’un autre calibre en Ligue des champions, à commencer par Dušan Vlahović, l’imposant buteur serbe de la Juve, qu’il va devoir museler avec plus de réussite et de conviction.
Un brassard pour ne pas se noyer ?
Ce n’est que le début d’une longue saison pour Marquinhos, qui a encore le temps de trouver ses repères dans un nouveau schéma, mais après une préparation complète, le premier mois de compétition face à des adversaires a priori à sa portée le laisse à la merci de critiques inhabituelles. Un défenseur central supplémentaire, réclamé par l’entraîneur et qui aurait pu être Milan Škriniar, aurait pu entretenir la concurrence et bousculer le Brésilien, même si Nordi Mukiele et Danilo Pereira peuvent postuler une place dans la défense à trois. Il est cependant difficile d’imaginer Galtier punir son capitaine en le reléguant sur le banc ces prochaines semaines, lui qui l’avait conforté dès son premier jour dans son nouveau costume. « Est-ce que sa performance face au Real Madrid m’a fait hésiter à lui laisser le brassard ? Non, parce que je le vois jouer chaque année. Ce qui s’est passé à Madrid, c’est irrationnel », avait-il balayé en conférence de presse. Le coach parisien a répété ce week-end qu’il n’avait « nullement envie de changer d’organisation », et Marquinhos, lui, aura besoin de se (re)mettre au niveau sur le terrain pour (re)devenir un leader crédible.
Par Clément Gavard