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Marco (ANS) : « Les fumigènes sont enfin devenus un sujet sérieux »

Propos recueillis par Florent Caffery
6 minutes
Marco (ANS) : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les fumigènes sont enfin devenus un sujet sérieux<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour les fumigènes. Après des années à lutter pour leur autorisation dans les stades, l’Association nationale des supporters a enfin pu discuter sans filtre avec les autorités et avancer clairement. La ministre des Sports Roxana Maracineanu a dévoilé qu’une expérimentation allait voir le jour la saison prochaine, l’ANS s’en réjouit et Marco, son porte-parole, replonge dans les méandres d’un sujet balancé et caricaturé de plateau télé en plateau télé durant des années.

Marco, quelle a été votre réaction lorsque Roxana Maracineanu a parlé de retour des fumigènes dans les stades de manière légale ?J’ai dû relire l’annonce de la ministre plusieurs fois. J’me suis dit « waouh », c’était incroyable. On s’en félicite, c’est le fruit d’un travail de plusieurs années avec beaucoup de dossiers montés, beaucoup d’alternatives proposées aux craquages sauvages. Enfin, ça a été pris au sérieux et ça a été relayé au plus haut niveau.

La Ligue de football professionnel freinait des deux pieds, ça lui permettait de récupérer de l’argent de la part des clubs en leur faisant payer des amendes.

Pourquoi le chemin a-t-il été aussi tortueux ?Je ne sais pas si c’est la raison première, mais la Ligue de football professionnel freinait des deux pieds, ça lui permettait de récupérer de l’argent de la part des clubs en leur faisant payer des amendes. Il y a quelques années, elle ne voulait rien entendre sur les fumigènes. Mais heureusement, après de nombreuses discussions, on a pu avancer. De nouvelles personnes sont arrivées au sein de la LFP et ont su faire évoluer le discours de la vieille génération. Après, on va voir comment ça va s’organiser parce qu’on a eu plusieurs fois des annonces qui ensuite, soit ne s’appliquaient pas sur le terrain, soit on sortait totalement de l’esprit.

Concrètement, c’est assez compliqué de s’imaginer une zone dédiée aux craquages, entièrement sécurisée…La LFP va faire passer aux clubs pros des dossiers pour des demandes d’expérimentation. Certains clubs ne voudront peut-être pas du tout entendre parler de ça. D’autres, vu leur position sur le sujet, comme Rennes et Saint-Étienne, vont sûrement mettre en place un dispositif. Ensuite, ce sera décliné à l’échelle locale en fonction du contexte, du stade. Ça me paraît compliqué de définir une zone de craquage parce que par définition les groupes de supporters ne sont pas tous au même endroit dans les stades à l’échelle nationale. Je ne vois pas comment on pourrait dire à quelqu’un d’aller à tel endroit du stade pour craquer. Et puis il faudra voir également si ça représente un coût pour les clubs. Si c’est le cas, malheureusement beaucoup baisseront les bras avant même de commencer.

Quelle est la meilleure solution prônée par l’ANS ?On réclame une utilisation libre, en toute sécurité. C’est notre mot d’ordre. Les groupes de supporters sont des gens raisonnables et sont capables de s’adapter pour que ce soit mis en place. Certains prônent davantage l’utilisation de fumigènes froids, d’autres une autorisation totale sans contrôle. De la même manière que c’est stupide de sanctionner toute une tribune et des gens qui n’ont rien fait lors de l’utilisation de fumigènes, ce le serait tout autant si certains venaient à blesser des personnes avec un fumi. Il en va de la responsabilité des uns et des autres, mais on sait que les groupes sont gérés par des personnes qui n’ont pas besoin d’un mode d’emploi. Il y a plein de solutions envisageables. Certains groupes sont très axés sur le contrôle de leurs membres et gèrent de A à Z ce qu’il se passe en tribune. D’autres font ça plus à l’arrache, c’est leur état d’esprit. Chacun devra se rapprocher de son club pour trouver la meilleure solution. Ce sera aussi l’occasion pour des groupes de faire une vitrine de leurs activités et ils seront tout à fait capables d’établir quelque chose d’ambitieux et de cohérent.

La jeune génération n’a pas connu les années 1990 où c’était n’importe quoi avec 70 fumis par match, même en D2. L’annonce de la ministre est une victoire symbolique.

Pourquoi est-ce aussi important d’avoir des fumigènes en tribune ?Ça fait partie de la culture et c’est aussi devenu un symbole. Quand on voit l’image d’un craquage de fumigènes, on pense directement au football. C’est quelque chose qui est dans l’inconscient collectif, qui est ancré. Les autorités luttaient contre ça avec une répression très forte aux conséquences multiples, et nous avions fait de ce combat l’une de nos priorités. Nous avons su prouver que les supporters pouvaient être responsables et étaient en mesure de monter des dossiers très carrés. Nous ne sommes pas de manière simpliste des gens qui n’ont pas de boulot, boivent de l’alcool et vont se taper dessus dans un stade de foot. Heureusement, cette image-là, qu’on nous attribuait constamment il y a dix ans, a pu changer. La bataille des fumigènes est devenue un symbole plus qu’une volonté finalement. La jeune génération n’a pas connu les années 1990 où c’était n’importe quoi avec 70 fumis par match, même en D2. L’annonce de la ministre est une victoire symbolique.

C’est assez dingue d’être passé du tout répressif à l’autorisation légale…Quand je repense à tous ces mecs qu’on a accompagnés devant des tribunaux pour utilisation de fumigènes, on se dit putain, les fumigènes sont enfin devenus un sujet sérieux. En France, ça n’a jamais tué quelqu’un dans un stade de football. Il faut le rappeler. On avait l’impression que le fait d’utiliser un fumigène était pire que d’aller braquer une banque. Nous n’aurions jamais dû atteindre ce degré de conflit pour des fumigènes.

On suppose que dans la balance de cette phase expérimentale, les craquages sauvages devront disparaître du paysage au risque de se faire dézinguer ?C’est le risque. Si c’est trop encadré, que les groupes refusent et que derrière il y a un craquage sauvage, c’est tout le monde qui va se faire taper dessus. C’est aussi à nous et à tout le monde sur le terrain d’afficher rapidement une position claire sur le sujet sans donner le bâton pour se faire battre. Je ne dis pas qu’il ne faut absolument plus faire de craquage sauvage, mais ce serait dommage de jeter à la poubelle tous ces efforts pour un craquage qui n’aurait peut-être rien à voir avec ce contexte et ce sujet-là. La LFP ne nous épargnerait pas, elle attend le moindre faux pas pour se dire qu’elle ne peut pas nous faire confiance.

En quelques semaines, beaucoup de personnalités politiques se positionnent sur le football, là les fumigènes sont enfin évoqués, c’est assez dingue ce qu’il se passe depuis le confinement…Peut-être qu’il y avait moins de sujets brûlants, de polémiques à faire sur tel ou tel dossier. Les gens se sont posés, ont pris le temps de discuter, d’analyser les situations, à l’image de ce qu’il se passe avec les violences policières. On a enfin pu aborder le fond, arrêter de parler de la forme et de dresser des caricatures où beaucoup de gens ne savaient rien, mais avaient un avis sur tout. Les autorités se sont dit que finalement, ce n’était peut-être pas si con ce que disaient les supporters depuis des années. Entendre des politiques défendre la reprise des matchs avec du public, c’était encore inimaginable il y a quelques années. C’était réservé à la sphère ultra. Des personnes comme les députés Marie-George Buffet et Sacha Houlié, qui ne sont pas du même bord politique, ont pris ces dossiers à bras-le-corps, parce qu’ils les connaissent. Aujourd’hui, nous sommes entendus.

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