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Marama Vahirua en dix dates
Le plus grand joueur de l'histoire de Tahiti s'en est allé. En remisant son short, Marama Vahirua est parti avec sa pagaie, son sourire et ses buts. Retour sur la carrière du Pelé de l'Océanie en dix dates. De la Beaujoire au Brésil, en passant par le Ray, la Bretagne et pas mal de lucarnes adverses.
14 avril 1999
À 19 ans, le jeune joueur formé au FC Nantes n’est pas encore un joueur de football. De lui, on ne connaît que Pascal Vahirua, son cousin et ancien international français. Dans un FC Nantes à la réputation flatteuse, le jeune attaquant est une promesse, mais comme tant d’autres. Un pur produit du centre de formation nantais pour qui le beau jeu est une marque de fabrique. C’est donc un soir de défaite au Havre (1-2) que Marama découvre la première division, mais surtout que la première division fait connaissance avec lui. Il entre à la mi-temps, en lieu et place du sprinteur de 100 mètres Alioune Touré et commence à tutoyer les professionnels. Le début de quelque chose. On sait que l’on reverra sa bouille.
13 mai 2000
Dans une saison compliquée pour le FC Nantes, Marama n’arrive pas à s’installer correctement dans l’équipe bretonne, emmerdé par une grosse concurrence et un corps déjà fragile. Néanmoins, amoureux des signes, il attend le stade où il a découvert le monde professionnel pour y claquer son premier caramel. C’est contre Le Havre, et le but est tout sauf anodin, puisqu’il maintient son club en Ligue 1. Déjà, l’homme ne pagaye pas dans le vide. Faux numéro 10, il excelle en électron libre ou en deuxième attaquant. Toujours à bon escient. Avec Carrière, Sibierski et Monterrubio à ses côtés, le mec s’épanouit dans la douleur.
12 mai 2001
Trois ans que Vahirua se perfectionne à Nantes. Cette saison 2000-2001 est celle du kiff. Il s’amuse et son escouade a de la gueule. Mi-mai, il faut trois points au FCNA pour être sacré champion de France. Contre Saint-Étienne, c’est son petit attaquant de poche qui plante la seule banderille du match. Une rencontre difficile, puisqu’il sort avant la mi-temps, blessé, remplacé par Ahamada. Emmerdé par des problèmes physiques, il peine à enchaîner les matchs, mais sort une feuille de stats annuelle plutôt sympa : 15 matchs, 7 buts dont celui du titre. Par la suite, il va enquiller trois nouvelles saisons à Nantes. Prometteur, mais encore trop tendre. Il doit partir pour devenir un bonhomme. Direction Nice et Frédéric Antonetti. Rien de mieux pour oublier la douceur du cocon nantais.
2 octobre 2004
Sur la Côte d’Azur, Marama attend toujours les vagues pour pagayer. La première viendra briser le Rocher monégasque au cœur de l’automne 2004. Alors que le derby contre Monaco prend des allures de balades pour les Asémistes (ils mènent tranquillement 3-0 à l’heure de jeu), Victor Agali décide de se faire un nom en plantant un triplé. Le Gym revient alors à trois buts partout. Insuffisant pour le néo-Niçois qui en veut plus. Il se fait oublier et cale un quatrième but assassin à moins de dix minutes de la fin. Nice remporte un derby complètement fou et Vahirua devient une icône locale. C’est d’ailleurs là qu’il réalisera sa meilleure saison comptable en Ligue 1 avec 10 buts.
26 août 2006
En plein été, le champion de France lyonnais débarque dans le Sud. Nice a envie de bousculer le patron. C’est chose faite peu de temps avant la demi-heure de jeu sur un contre d’école. C’est presque du football total. Vahirua, élevé au beau jeu, en profite pour s’amuser de Grégory Coupet. Sympa, il lui nettoie sa lucarne d’un lob tout en toucher. C’est beau, mais inutile, puisque Nice en prend quatre dans le buffet par la suite. Alors qu’il était venu au Ray pour grandir, Vahirua apprend surtout à souffrir.
9 mai 2007
Encore un but décisif dans la course au maintien, décidément son pêché mignon. Pour assurer sa place parmi l’élite, Nice doit absolument l’emporter contre le PSG. Il faudra moins de cinq minutes à la pagaie pour claquer un but de l’extérieur du droit sur une galette de Cyril Rool. 1-0, score final, Nice reste en Ligue 1. Vahirua peut partir pagayer ailleurs. Le boulot est fait. Et bien fait.
18 août 2007
Après trois saisons à Nice, l’ancien Nantais a envie de retrouver un style plus en adéquation avec sa conception du football. Direction Lorient où le jeu au sol est une marque de fabrique. Lyon le (re)découvre très vite avec une défaite au stade du Moustoir et un Vahirua de gala. Un doublé dont une géniale reprise de volée en dehors de la surface en début de rencontre. À Lorient, l’homme va s’épanouir comme jamais. Il est alors au sommet de son art.
15 mai 2010
C’est un secret de polichinelle, mais Vahirua partira pour Nancy en fin de saison. Un choix qui surprend. Avant cela, il faut bien dire au revoir au Morbihan. Cela fait trois ans qu’il fait les beaux jours de Lorient, mais il a envie de voir autre chose. Son dernier match, disputé contre Lille, restera comme un souvenir amer. Et pour cause, il prend un rouge dans les arrêts de jeu, alors que les siens mènent 2-1. Il quitte Lorient sur un rouge. Le seul de sa carrière. Triste.
5 novembre 2011
Une saison moyenne à Nancy (5 buts) et l’envie de voir autre chose. Cette autre chose, ça sera le projet monégasque en Ligue 2 avec un prêt d’une saison. Sauf que là aussi, la mayonnaise ne prend pas. Mais entre deux méformes, l’homme trouve quand même le moyen de frapper deux fois en championnat. Dont ce bijou contre Le Mans, alors qu’il avait commencé le match sur le banc des remplaçants. Un but synonyme de match nul. C’est surtout le dernier but en France de la pagaie avant de partir une saison en Grèce, à Panthrakikos.
17 juin 2013
Comment bien terminer sa carrière ? En honorant sa première sélection avec Tahiti, son île de naissance, durant la Coupe des confédérations. Au programme, le Nigeria, l’Espagne et l’Uruguay. Trois matchs, trois lourdes défaites, mais la sensation de terminer sa carrière au sommet. À la fin de la compétition, il annonce sa retraite. Alors comme on dit à Tahiti, Haere ïa, l’artiste !
ps : Vahirua en France, c’est : 321 matchs de Ligue 1 (225 titularisations), 71 buts, 11 cartons jaunes et un rouge.
Bonus :
Par Mathieu Faure