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Maoulida : « J’attends mes héritiers ! »
Ancien attaquant de Nîmes et de l'Olympique de Marseille qui s'affrontent ce samedi, Toifilou Maoulida dégaine les nouvelles comme il sortait ses bandelettes. Et celui qui s'est reconverti comme éducateur chez les Crocodiles a choisi son camp.
Toifilou, déjà presque deux ans que tu as raccroché les crampons et rangé les bandelettes ! Qu’est-ce que tu as fait, depuis ?Quand j’étais encore joueur au Nîmes Olympique en 2016, Bernard Blaquart m’a donné envie de passer du côté entraîneur. Il m’a dit que j’allais moins jouer, bien que je restais capitaine et un élément important dans le vestiaire. J’étais alors un relais entre le coach et l’effectif. Ça s’est bien passé, puisqu’on a réussi un maintien historique malgré les huit points de pénalité.
En parallèle, je passais des diplômes de coach et Bernard Blaquart était mon tuteur. Quand je suis arrivé en fin de contrat, je suis parti à Tours. Puis, je suis revenu à Nîmes en continuant à passer mes diplômes. Aujourd’hui, je suis entraîneur adjoint des U19 nationaux au côté du directeur du centre de formation Cristian Matiello qui me délègue beaucoup. Je m’occupe aussi des joueurs offensifs des autres équipes de jeunes, en spécifique attaquant.
Pour toi, il était hors de question de se reconvertir loin des pelouses ?J’ai eu plusieurs possibilités après ma carrière, notamment à la télévision en tant que consultant. J’ai essayé, ça m’a plu, mais le terrain me manquait beaucoup. Le contact du vestiaire, les causeries… Je prends énormément de plaisir dans ce nouveau rôle de coach, même si je suis encore en apprentissage et que je ne veux pas brûler les étapes.
Et alors, il est comment, l’entraîneur Maoulida ?
Je peux être directif quand il faut dire les choses, comme je peux être plus observateur et laisser jouer. Oui, directif, actif et attentif… Je sais trouver le juste milieu et dire les mots qu’il faut au bon moment, sans être trop dur. Chez les jeunes, on est davantage dans la formation et l’éducation que dans la compétition. Ce qui m’importe, c’est que nos jeunes joueurs progressent, se perfectionnent et prennent du plaisir sur le terrain.
Les attaquants, tu discutes célébration de buts avec eux ?(Rires.)
Les bandelettes t’ont rendu sympathique et accessible aux yeux de la France. C’est idem avec les jeunes ?L’avantage que j’ai, c’est surtout que j’ai arrêté ma carrière il y a peu. Les jeunes, ils me connaissent. En 2016, j’étais encore à Nîmes. Et en 2014, j’étais encore en Ligue 1. C’est récent, on en parle souvent et j’ai une certaine légitimité à leurs yeux.
Au-delà des bandelettes, ils me demandent surtout des conseils de buteur. J’ai quand même marqué près de 180 buts dans ma carrière… Donc l’objectif, c’est de leur apporter mon expérience là-dessus, de leur dire ce qui ne va pas, de corriger, de leur livrer une certaine gestuelle gagnante, de leur donner quelques trucs devant les cages tout en laissant parler leur talent. En tant qu’ancien attaquant, j’ai beaucoup plus de légitimité que si j’avais joué à un autre poste : ils savent de quoi je parle, ils connaissent ma carrière. Et le week-end, c’est un régal de gagner en marquant des buts correspondant au travail qu’on a effectué. Je considère que le travail est récompensé.
Aucun de tes jeunes n’a encore osé t’imiter en sortant un message de sa chaussette ?Pour le moment, non. Mais je suis persuadé qu’un ou deux le feront quand ils seront devenus professionnels. J’attends mes héritiers ! (Rires.)
Si on jette un coup d’œil dans le rétroviseur, on se rend compte que tu as évolué pour énormément de clubs en France tout au long de ta carrière de joueur. Dix, précisément. Voyager autant, c’était une volonté ?Non, pas du tout ! J’ai effectivement connu beaucoup de clubs, mais il faut savoir que j’ai passé plusieurs années dans chaque. Hormis à Monaco et à Auxerre, où je ne suis resté que six mois parce que ça ne s’est pas aussi bien passé que prévu. Sept ans à Montpellier en comptant la formation, trois à Rennes, trois à Lens, trois à Bastia, deux à Nîmes, deux à Marseille… Une carrière de vingt ans, c’est long. Ce sont les circonstances qui font qu’on est amené à bouger.
Et c’est pareil pour les entraîneurs…C’est encore pire, même. Pour qu’un entraîneur dure, c’est hyper difficile.
Tu as évoqué l’Olympique de Marseille, où tu as joué en 2006 et 2007. Peut-on dire que tu étais au summum de ta carrière, à ce moment-là ?Oui.
C’est dans ce club que j’ai atteint mon plus haut niveau, et où j’ai joué avec les plus grands joueurs. Franck Ribéry, Samir Nasri, Mamadou Niang, Fabien Barthez, Djibril Cissé… J’ai connu la Coupe d’Europe, deux finales de Coupe de France, le haut du classement avec une deuxième place derrière Lyon.
As-tu retrouvé l’état d’esprit marseillais assez chaud à Nîmes ?C’est quelque chose que je dis toujours à mes joueurs : si on n’a pas un minimum de détermination et de dépassement de soi quand on met les pieds aux Costières, c’est très très compliqué. Un joueur peut être moyen, il sera quand même apprécié s’il donne tout sur le terrain. Parce que ce sont les valeurs du club, c’est comme ça. On ne lâche rien, il se passe toujours quelque chose, on ne s’ennuie jamais. C’est pour ça que quand on regarde le Nîmes Olympiques, c’est un régal. Il y a des buts, des actions. On le dit aux enfants dès le plus jeune âge. Quand je suis arrivé à Nîmes, je me suis adapté au club. Ce n’est pas le club qui s’est adapté à moi. J’ai tout donné, je n’ai rien lâché. Impossible n’est pas nîmois. La preuve : on a obtenu un maintien incroyable avec huit points de pénalité.
Ce maintien historique obtenu en 2016, tu y reviens souvent. La belle saison actuelle des Crocodiles symbolise-t-elle une récompense par rapport à cette période assez compliquée ?Ah, mais c’est clair ! Quand j’en parle avec des joueurs actuels qui étaient déjà là à l’époque comme Anthony Briançon ou Antonin Bobichon, on est d’accord pour dire que c’est la récompense de tout le travail réalisé depuis quatre ans. Des dirigeants, du président, des éducateurs, des joueurs, des supporters, de tous les salariés, d’un groupe magnifique…
Si on avait dit il y a quatre ans que Nîmes Olympique serait en Ligue 1 et maintenu aussi facilement, personne n’aurait mis la moindre pièce. Parce que le club a failli couler. Ne plus exister, même. Mais attention, ce n’est pas une fin en soi. La prochaine étape, c’est de pérenniser l’entité en première division. Parce cette ville le mérite. À Nîmes, ça pue le football même si c’est difficile en raison des faibles moyens financiers.
Une saison si réussie que les fans s’enflamment. Avec une victoire contre l’OM ce samedi, vous pourriez envisager de terminer devant les Phocéens et assez haut au classement…Il ne faut pas s’enflammer. Il faut préparer sérieusement et sereinement la saison prochaine. Pour un promu, c’est toujours la deuxième saison la plus difficile. Là, les adversaires ne connaissaient pas forcément trop nos joueurs. Tu disais Bobichon en Ligue 1, personne ne connaissait. L’an prochain, on ne sera plus une surprise et plus attendu. Les joueurs seront davantage serrés de près, et ça risque d’être bien plus compliqué. Donc restons dans l’humilité et le travail, qui constituent les valeurs du club, et ne pensons pas à être devant telle ou telle équipe. On s’en fout de ça. Chaque chose en son temps. Désormais, il n’y a plus que des matchs bonus.
Dont celui-là, au Vélodrome.Oui. Du onze titulaire, je pense qu’il n’y a que Paul Bernardoni et Jordan Ferri qui ont connu ce stade. Quand je les ai vus samedi, je leur ai dit de prendre du plaisir avant tout dans ce stade et cette ambiance fabuleux. Ils vont se régaler. Et la fête sera encore plus belle s’il y a les trois points au bout, évidemment.
Propos recueillis par Florian Cadu