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Manchester United : les précieuses ridicules
Humilié par Brentford une semaine plus tôt, Manchester United a lancé un nombre copieux de lignes dans les eaux profondes du mercato estival, pour ferrer à prix d’or Casemiro, qui n’était préalablement pas au programme du projet de jeu d’Erik ten Hag. Une notion devenue de toute façon artificielle, dans un club qui réjouit aujourd’hui davantage pour ses extravagances économiques que par ses exploits sur le pré.
Il faut croire que l’histoire n’est décidément plus la même. Depuis le début des années 1990, Manchester United était le seigneur incontesté de la Premier League. Le club le plus titré du pays. Celui qui n’a pas peur de porter crânement la couronne, pour dominer arrogamment ses sujets perchés sur son trône. Jusqu’à ce que le lord ne se prenne les pieds dans sa traîne, pour dégringoler sur une terre que ses nobles petons n’auraient jamais pensé fouler. La déchéance est longue, monumentale et parfois même comiquement pitoyable. Comme si le roi United s’était mué en grotesque bouffon, dont la seule qualité est de faire ricaner son monde par l’ampleur et la bêtise de ses extravagances.
Le théâtre des illusions
Ridiculisés par Brentford une semaine plus tôt (défaite 4-0), les Mancuniens ont versé dans leurs sempiternels travers après le match. Plutôt que d’évoquer la nécessité de retrouver une ligne sportive cohérente – en adéquation avec un projet de jeu choisi et défini -, la direction du club a préféré ressortir ses biftons, en quête d’un énième miracle illusoire sur le mercato. Après avoir tenté sans succès de recruter un Adrien Rabiot pourtant ectoplasmique à la Juventus, les têtes pensantes de United auraient mis sur la table la somme délirante de 100 millions d’euros pour arracher à l’Ajax son ailier droit brésilien, Antony. Nouvel échec. Finalement, le roi déchu d’Angleterre se sera rabattu sur Casemiro, un joueur de 30 piges acquis pour 70 millions, plus 13 de bonus.
Si le Brésilien est une référence évidente à son poste, on peut douter qu’il soit un premier choix pour l’entraîneur Erik ten Hag, qui n’a pas pour habitude d’évoluer avec une sentinelle de métier dans son milieu de terrain. Tout cela semble évidemment traduire une panique interne, une absence de méthodologie dans la politique sportive d’un club qui ne fait que cumuler les erreurs, à l’image du recrutement de Cristiano Ronaldo l’été dernier. S’il est toujours aussi létal face à la cage, le Portugais n’a plus la mobilité et la versatilité de ses jeunes années. Sa venue à la Juventus avait participé à restreindre la force collective du club piémontais – deux fois finaliste de la C1 en 2015 et 2017 -, mais ridicule depuis quatre ans sur la scène européenne. Mêmes causes, mêmes effets à United. Ronaldo marque, beaucoup. Mais c’est le collectif qui doit s’adapter à lui, pas l’inverse. Y compris hors du pré, alors que le joueur, qui veut quitter les Red Devils, a séché la présaison. Un profil et une attitude à l’opposé total du style Ten Hag, qui prône un football fluide et solidaire, où chaque joueur participe à la mise en place d’un pressing hyper agressif.
Comédie club
Symptomatique d’une formation qui, à l’heure de défier Liverpool ce lundi, ne sait plus réfléchir, seulement dépenser aveuglement les millions à sa disposition. À cet égard, le recrutement de Casemiro n’est probablement qu’une chimère de plus, un mirage pour distraire des fans dont le club ressemble désormais davantage à un parc d’attractions profitable qu’à une vraie équipe de football. Alors, quelle histoire raconte donc précisément Manchester United, depuis que Sir Alex Ferguson ne pose plus son distingué fessier sur les bancs d’Old Trafford ? Étrangement, il ne s’agit là ni d’un pastiche, ni d’une parodie, tant l’écurie 20 fois championne d’Angleterre semble avoir changé de nature, ces dernières saisons. Finalement, c’est le consultant de RMC, Daniel Riolo, qui aura peut être trouvé les bons mots, pour définir la mutation extravagante des Red Devils. Le journaliste avait affirmé que la formation de Manchester était désormais devenue « un club pour rire ». La comédie la plus chère du monde en somme, que Louis van Gaal aura fort justement résumée en ces termes, au printemps dernier : « Manchester United est un club commercial. Moi, je préfère coacher un club de foot. »
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