- C1
- Quarts
- Atlético-Manchester City (0-0)
Manchester City annonce la douleur
Manchester City a montré deux visages face à l'Atlético de Madrid en huitièmes de finale retour de Ligue des champions (0-0). Avec une première période maîtrisée et une seconde moins sereine lors de laquelle les Citizens ont appliqué la recette phare des Colchoneros pour valider leur qualification. Celle de la souffrance et du vice.
Heureusement que l’Atlético a décidé de jouer dans son traditionnel maillot à rayures blanches et rouges. Sinon, les téléspectateurs arrivés devant le match dans les vingt dernières minutes auraient pu croire que les Colchoneros avaient enfilé une vilaine tunique bleu marine. Il faut dire que les joueurs de Pep Guardiola ont décidé de prendre l’apparence de leur adversaire du soir dans les dernières minutes pour préserver ce 0-0 synonyme de qualification pour les demi-finales de la Ligue des champions. Et pour cela, tous les coups étaient permis : gain de temps avant un coup de pied arrêté, embrouilles pour faire défiler le chronomètre (le temps de jeu effectif des 9 minutes d’arrêts de jeu doit tourner autour des 2 minutes) et agacer l’adversaire, amplification de la douleur après une faute subie, ballons envoyés loin devant pour écarter le danger et une muraille dressée devant Ederson. Et comme l’Atlético période 2013-2017, Manchester City a souffert dans ces dernières minutes, a semblé sur un fil dès que l’adversaire s’approchait du but, mais il y avait toujours un pied, une tête ou une main ferme pour repousser l’offensive adverse. Au bout du compte, voilà que les Citizens repartent avec leur précieux 0-0 et leur ticket pour le dernier carré de la C1.
Dévoré par Kondogbia dans l’entrejeu
Apôtre du beau jeu, Pep Guardiola n’a pas forcément dû apprécier le spectacle proposé par son équipe durant ces dernières minutes. Et plus globalement durant toute la seconde période où les Mancuniens n’ont frappé que deux fois au but et n’ont touché qu’un seul petit ballon dans la surface madrilène. Pire, ils ont même perdu la possession de balle (47%) contre une équipe pourtant pas habituée à avoir le ballon dans les pieds. Alors oui, cela s’explique par le fait que les Colchoneros devaient obligatoirement marquer un but pour accrocher une prolongation. Mais c’était déjà le cas durant la première période. Et le visage montré par City à ce moment-là n’était pas du tout le même. Sans être impressionnants, les potes de Gündoğan – qui a touché le poteau après une action de jeu brillante – semblaient maîtriser leur sujet et affichaient une totale sérénité. Et ce, même si leurs milieux de terrain ont subi la loi de Geoffrey Kondogbia qui a régné en maître dans l’entrejeu. À ce moment-là, et alors que les Colchoneros rentraient au vestiaire avec un seul tir au compteur (une frappe de Kondogbia des 25 mètres), il était difficile d’imaginer voir les Citizens transpirer, trembler, manquer de maîtrise et souffrir pour arracher un 0-0. C’est pourtant bien ce qu’il s’est passé.
De bon augure pour la suite, vraiment ?
Il existe deux manières d’analyser cette seconde période de Manchester City : une pessimiste qui consiste à dire que les hommes de Pep Guardiola ont montré qu’ils étaient loin d’être invincibles et qu’ils peuvent aussi se montrer friables lorsque l’adversaire se met à attaquer ; une optimiste qui veut que Manchester City sait aussi souffrir pour tenir un résultat et que leur défense, même amputée une nouvelle fois de Ruben Dias, peut tenir un résultat après avoir fait le travail au match aller. Or, cela n’a pas toujours été le cas les années précédentes, avec notamment l’élimination dès les huitièmes de finale contre Monaco en 2017. C’est d’ailleurs la première fois de son histoire que Manchester City n’encaisse pas le moindre but en quarts de finale de C1 après en avoir pris cinq contre Liverpool en 2018, quatre contre Tottenham en 2019, trois face à Lyon en 2020 et deux contre Dortmund la saison dernière. Au tour précédent, City avait déjà usé du même procédé contre le Sporting Portugal avec un 0-0 au retour après le violent 5-0 de l’aller. Même si les deux 0-0 ne se ressemblent pas du tout, puisque les Portugais pouvaient se réjouir d’avoir gratté au moins un match nul, ce qui n’est pas le cas des Colchoneros. Une question reste donc en suspens : Manchester City sait-il désormais souffrir sans rompre ou alors le club anglais ne sait tout simplement pas jouer un match retour de Ligue des champions ? Réponse face au Real Madrid au tour suivant. Un club qui, lui, gère plutôt bien les matchs retour.
Par Steven Oliveira