- Euro 2022
- Gr. D
- Islande-France (1-1)
Malard et la manière
Titularisée à la pointe de l'attaque française pour pallier le forfait de Marie-Antoinette Katoto (et donc à la place d'Ouleymata Sarr), Melvin Malard a réalisé une prestation XXL face à l'Islande en dépit d'un résultat final frustrant (1-1). De bon augure si la Lyonnaise venait à être titularisée face aux Pays-Bas. Malgré son jeune âge (22 ans), son palmarès parle déjà pour elle, en tout cas autant que l'absence de complexes dont elle fait montre sur le terrain.
Oubliez Marvin Martin. Aujourd’hui, le monogramme MM est celui de Melvine Malard. Titularisée à la place d’Ouleymata Sarr sur le front de l’attaque française face à l’Islande, la jeune Lyonnaise (22 ans) n’a pas fait dans la dentelle : un une-deux avec Clara Mateo, une frappe croisée du gauche à ras de terre et boum ! Suffisant pour mettre les Bleues sur les meilleurs rails possibles dans l’entame de ce dernier match de groupe, qui comptait à la fois pour du beurre, mais aussi comme une répétition générale avant le quart de finale prévu face aux Pays-Bas samedi 23 juin. En attendant, ce but éclair, inscrit en 43 secondes, est – pour l’instant – le plus rapide de l’Euro 2022, et Malard, 22 ans et 20 jours, est devenue la plus jeune marqueuse des Bleues dans un tournoi majeur. Tout ça en moins d’une minute donc. Et si la VAR n’était pas venue annuler son doublé pour une position de hors-jeu, elle aurait même pu prouver que l’équipe de France est capable de marquer en seconde période. Costaud quand même !
Peur de rien
Pour les suiveurs de la D1 et de la Ligue des champions, le match canon de Melvine Malard n’a rien d’une surprise. Pour reprendre une expression en vogue chez un certain attaquant, on ne lui parle pas d’âge. Avant d’avoir soufflé sa 22e bougie, la native de Saint-Denis de La Réunion avait déjà remporté quatre C1 et deux championnats avec l’OL, un club qu’elle a rejoint à seulement quatorze ans, après avoir été repérée par son entraîneur actuel : Sonia Bompastor. « Je n’avais aucun plan B. Je voulais jouer au football à l’Olympique lyonnais. Je ne pensais qu’à ça. Je n’avais pas d’autre alternative. Surtout que j’avais arrêté l’école en terminale, avant de passer mon bac vente, resituait-elle à Onze Mondial peu avant le tournoi. Je me débrouillais bien à l’école, mais ce n’est pas ce que je voulais. Lorsque je faisais des stages en magasin, je me disais : « Ce n’est vraiment pas pour moi tout ça. »Je préférais être sur le terrain à 21h plutôt qu’au magasin à 20h. » Celle qui sur le terrain brille par sa polyvalence en attaque n’est pas du genre à s’accorder le fameux round d’observation. Ainsi, lors de la saison 2020-2021, elle profite des blessures d’Ada Hegerberg et d’Eugénie Le Sommer pour gagner du temps de jeu chez les Fenottes (après un prêt d’un an à Fleury) et inscrit onze buts en 22 matchs, toutes compétitions confondues. Melvine a alors 20 ans et déjà tout d’une grande. En témoigne sa titularisation côté gauche (celui de Delphine Cascarino en équipe de France) lors de la dernière finale de la Ligue des champions 2021-2022 face au FC Barcelone, venue parachever sa saison la plus aboutie.
Saisir sa chance
Face à l’Islande, Corinne Diacre a monté son quota de joueuses utilisées à 20 sur 23. Un choix assumé et surtout gagnant : « Il faut savoir faire confiance à tout le monde, et les filles ont prouvé ce soir, à l’image de Melvine, qu’elles avaient de l’envie. Elles font partie du groupe et de l’aventure. » De quoi lui assurer une place de titulaire face aux Pays-Bas ? « C’est bien essayé, mais je ne répondrai pas », s’est contentée de glisser avec un rictus la sélectionneuse en conférence d’après-match, tout en confirmant que Malard, jusqu’à présent plutôt utilisée « sur un côté », n’avait « jamais déçu ». « C’est une jeune joueuse talentueuse qui ne calcule pas les efforts. Elle donne beaucoup, et j’avais envie de lui rendre la pareille », poursuit Diacre. La sélectionneuse pourra en tout cas compter sur une véritable soldate : « Une grande joueuse(Marie-Antoinette Katoto)nous a quittés, et il faut prendre cette place-là. S’il faut rendre service à l’équipe, moi je suis là. S’il faut jouer tous les matchs, il faudra jouer tous les matchs », promettait Malard au micro de Canal+.
« On se projette tout de suite… J’espère bien avoir gagné des points » Avec un petit message pour @MarieKatoto La réaction de @MelvineMalard ( @equipedefranceF ) après #ISLFRA #WEURO2022 : https://t.co/l2abFeAFVv pic.twitter.com/GXIJM5c4yY
— Canal Football Club (@CanalFootClub) July 18, 2022
En conférence de presse, lors de laquelle elle s’exprimait après avoir été élue femme du match, les expressions qui revenaient le plus souvent étaient « jouer son football », « prendre du plaisir » et « jouer collectif ». Un bon verre d’eau tiède classique servi avec une voix cassée et une gêne palpable, peut-être parce que Malard n’a justement pas (encore) l’habitude de se retrouver en solo sous les feux des projecteurs ? Si l’on analyse sa communication non verbale, on pourrait en tout cas le penser, à la manière dont elle touchait ses nattes rouges, devenues sa marque de fabrique. « Je ne suis pas superstitieuse, mais je pense toujours positif. J’ai terminé meilleure buteuse de l’Euro U19 (en 2019) en ayant des nattes rouges, confiait-elle à Onze Mondial. Je me suis donc dit : « Maintenant, je vais toujours jouer en nattes rouges. » La dernière fois, j’ai essayé des nattes blondes et je n’ai pas marqué de but. » En tout cas, la combinaison des deux couleurs, ça donne de l’orange. Un signe ?
Par Julien Duez, à Rotherham