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Mais qui se souvient du jorky-ball ?

Par Simon Butel
14 minutes
Mais qui se souvient du jorky-ball ?

En juin 1990, un pompiste lyonnais du nom de Gilles Paniez présentait au monde entier sa folle invention à l'occasion du Mondial 1990 en Italie : le jorkyball, un mix entre football, squash et billard. Une petite révolution, teintée trente ans plus tard de déception. Pourtant adopté par l'Italie puis exporté aux quatre coins de la planète dans les nineties, le « foot à deux » est presque redevenu aussi confidentiel que l'arrière-salle de la station-service où il est né malgré les interventions de Marcel Desailly, Michel Platini, Éric Cantona ou Bernard Casoni. Focus sur une étoile filante, toujours décidée à s'installer dans la galaxie du sport français et mondial.

Les nuits peuvent être longues, sur les aires d’autoroute. Primo, il n’y a pas grand-chose à faire. Deuxio, il caille parfois. Alors pour tuer le temps, le froid et l’ennui, Gilles Paniez, ses collègues et les routiers de passage s’amusent comme ils peuvent dans l’arrière-boutique de la station Shell de Saint-Priest sur l’A43. Une balle de tennis, un bureau exigu et quelques règles débattues à l’arrache pour des matchs de foot de fortune en comité restreint : nous sommes au début des années 1980 et le pompiste comme ses comparses l’ignorent encore, mais ils sont en train de poser les fondations d’un nouveau sport. Le jorkyball, version revisitée du football empruntant quelques codes au squash et au billard.

Desailly et Der Zak’, pionniers du shooting ball

Lunaire ? Visionnaire, veut croire Gilles Paniez, alors âgé de 26 ans. Persuadé de tenir un truc, le Lyonnais délaisse bientôt le « terrain » pour bûcher sur la création officielle de la discipline. « Les règles, c’est ce qui m’a pris le plus de temps, rejoue l’ancien employé de nuit. Pour les dimensions, ça a été assez rapide, car j’étais parti sur la base d’un terrain de squash. L’entreprise Riblet, qui était le leader du squash en France et en Europe, m’a donné un coup de main en réalisant un prototype. À partir de là, les choses se sont accélérées. » Le prototype en question : une cage en plexiglass longue de dix mètres, large de cinq et haute de 2,70 mètres (un peu plus qu’un but de foot) et revêtue d’un gazon synthétique. Les règles ? Deux joueurs de chaque côté, un seul (l’attaquant) pouvant évoluer sur toute la surface du terrain à l’exception de la zone d’engagement adverse. Une balle en feutrine « de la taille d’un ballon de catégorie cadet au hand » dont la première conception est confiée aux Établissements Tremblay, à Villefranche-sur-Saône. Plusieurs zones sur le terrain (zones d’engagement, zone centrale, lignes de pénalité), pas de hors-jeu ni de contact et quasiment aucun arrêt de jeu.

Surtout, possibilité de jouer avec les parois du terrain y compris pour marquer. Quant aux matchs, ils se déroulent en trois sets gagnants, remportés dès qu’une équipe plante sept pions. Autant de subtilités que quelques clubs pros français ont le privilège de découvrir en 1989, un an après la fondation de l’association sportive de Calcetto jorkyball (la fédération française, dont le nom a changé deux fois depuis). Ce, grâce à l’entremise de Jean Fournet-Fayard, président de la FFF et lyonnais lui aussi. Au rayon des initiés : l’OL (fraîchement racheté par Jean-Michel Aulas), Grenoble (alors pensionnaire de D2), le Sainté de Robert Herbin et surtout le FC Nantes de Coco Suaudeau. « Il y avait Desailly tout jeunot, Michel Der Zakarian… Deschamps y était aussi, mais il n’avait pas joué », remet Paniez. Qui a alors lâché depuis quatre ans les pompes à essence et déposé son invention sous un nom à consonance anglaise moins stratégique qu’il le pense, le shooting ball : « Mais mon conseiller juridique m’a dit que dans le cadre d’un dépôt international, pour qu’une marque soit valable, il faut qu’elle n’ait aucune signification. »

La passe dé de Platoche

Va donc pour le jorki, avec un I, pour « jeu original et rapide en kit ». Référence aux terrains démontables, progressivement semés à travers l’Hexagone par la société Riblet. « À la base, ça ne voulait rien dire. Mais vos confrères insistaient pour lui donner une signification, alors j’ai pondu ce terme, soutient le créateur. Ça m’a pris en pleine nuit, je voulais un nom court avec une résonance musicale qui se retient bien. Puis j’ai remplacé le I par un Y, j’aime bien cette lettre. » Celle-ci n’existe pas dans l’alphabet italien, mais cela n’a pas empêché l’Italie de servir de tremplin à la discipline. Juin 1990 : alors que s’ouvre l’un des mondiaux les plus rasoirs de l’histoire, la Botte découvre le jorkyball proposé en démo à Rome.

Paniez y fait la rencontre de Michel Platini, qui lui promet de lui filer un coup de pouce. Parole tenue, huit ans plus tard : à l’initiative de Platoche, président du comité d’organisation de France 1998, le jorky est de nouveau de la grand-messe du foot mondial. Entre-temps, la discipline a pris une autre dimension. En particulier en Italie, sous l’impulsion notamment de Leonardo Giangreco et Pierfrancesco Iazeolla à l’origine des premiers clubs et tournois. « J’ai trouvé que c’était une invention extraordinaire, s’enflamme le premier, chargé durant deux ans de son développement international au début des nineties. Je me suis demandé pourquoi personne n’avait pensé à ce concept avant : c’est facile à jouer, dynamique et très ludique. »

L’amour à l’italienne

« Je m’étais renseigné auprès de la chambre de commerce, on m’avait dit « oh la la, l’Italie, oubliez », rejoue Paniez, fondateur dans la foulée d’Italia 90 de la fédération internationale. Or, il s’avère que c’étaient les partenaires les plus fidèles. Ils ont vendu 80 terrains assez rapidement, c’est une religion là-bas. Dans les réunions commerciales, des gars jouaient avec des balles en papier, c’est maladif chez eux. » Et contagieux : Giangreco, rapidement retourné bosser dans le milieu de la banque à Londres, et Iazeolla, qui a alors repris le flambeau, ont dans le désordre exporté le jorky au Portugal, en Hongrie, en Pologne, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, au Canada, au Japon, sur l’île Maurice, en Nouvelle-Calédonie ou en Thaïlande. Mais aussi en Angleterre, où un terrain – temporairement démonté – a poussé dans la City, et en Israël, où « une start-up a mis un terrain dans ses bureaux situés au dixième étage d’un immeuble pour les salariés ».

Mais les cordonniers sont parfois les plus mal chaussés et en dépit de l’engouement transalpin pour la chose ou des belles perfs de la Nazionale dans les compétitions internationales, son développement de l’autre côté des Alpes se fait selon Paniez « à l’italienne : très rapide, mais pas forcément très bien organisé. La France est aujourd’hui le pays le mieux structuré, tant au niveau de la pratique et de la gestion des clubs ». Et le meilleur baromètre d’une discipline sur laquelle elle règne quasiment sans partage, au point de réaliser un strike à la maison en 2014. À Valenciennes, les sept trophées (en incluant les compétitions internationales de clubs disputées en même temps, les espoirs et les vétérans) avaient été soulevés par des délégations tricolores. Que dit le baromètre, aujourd’hui ? Il dit que 35 ans après sa création officielle, le jorkyball ne va pas fort.

Dechavanne, Canto et huissiers de justice

Le plan de l’entreprise Riblet, consistant à proposer un terrain de jorky partout où elle en installait un de squash, a pourtant vite marché. Dès la fin des années 1980, le jorkyball fait son apparition à Sarrebourg (Moselle), Anglet (Pyrénées-Atlantiques) puis Voujeaucourt (Doubs). Mais démocratiser un sport coûte cher, surtout à une époque où internet n’est qu’un projet et où la moindre prestation un tant soit peu technique coûte un bras. Invité de deux émissions sur Canal Plus, notamment d’un Ciel mon mardi où il initie Canto au jorky – « Il avait joué le jeu, c’était sympa » – sous les yeux du duo Dechavanne-Carmouze, l’ancien « meilleur joueur du monde, vu que j’ai été le premier » dépense ainsi une petite fortune pour réaliser un petit film d’explication et de promotion de la discipline. « Réaliser des documents coûtait très cher, d’autant qu’on imprimait en quadri, situe le Lyonnais. Il fallait à chaque fois retourner à l’imprimerie, pour vérifier le résultat. Si j’avais eu internet, j’aurais gagné dix ans. »

Et pas mal d’argent. Entre brochures, spots vidéo, opérations promotionnelles et voyages à l’étranger, Paniez engloutit en quelques années 300 000 francs (environ 45 000 euros) dans le projet. Les économies d’une vie. Si bien que le Rhodanien reprend dès 1991 une activité professionnelle, en parallèle du jorkyball. Paniez : « Heureusement, j’avais quelques sponsors dont le Crédit Agricole qui croyait énormément au projet et m’a beaucoup suivi. » À raison. Au début des années 1990, Gilles Paniez touche ses premières royalties. Si quelques franchisés avides tentent de le court-circuiter, l’obligeant à « fermer un ou deux clubs pour protéger les autres », la décennie est celle de l’ascension du jorky en France et en Italie. Et de la naissance de son fils, en 1997. Il est temps de déléguer, et d’assurer ses arrières. « J’avais pris une première fois le bouillon en 1994, il n’était plus question de faire n’importe quoi », justifie celui qui rejoint en 2000 le groupe ABO, basé à Besançon, « le leader mondial des équipements sportifs pour les collectivités ».

Guerre des clans et avènement du five, duo perdant

Dix ans plus tard, le jorky est à son zénith. La France compte plus de 80 clubs et 3000 pratiquants en compétition. Paniez peut lâcher un peu son premier bébé, une nouvelle fois présenté au Mondial 2006 en Allemagne « car le gendre du directeur marketing de Samsung, l’un des sponsors principaux de la compétition, avait un club de jorky ». S’il reste président d’honneur des fédés internationale et française, qu’il convient à présent d’appeler Fédération sportive de jorkyball, c’est d’un peu plus loin que le Lyonnais observe le déclin progressif en France d’une discipline plombée par les ego. « Je m’étais plus orienté vers l’international, j’avais délaissé les championnats et coupes nationales, replace Paniez. Je ne voulais pas être trop prégnant sur la France, laisser le terrain libre pour que les dirigeants puissent agir à leur façon. » Mauvais calcul : dès sa prise de recul, une fédération dissidente, la Ligue française de foot à deux, naît : « Pendant quatre-cinq ans, il y a deux clans, deux championnats de France. Ça faisait plus de promotion, mais ça donnait sans doute plus envie à certains de repartir dans le foot. Ils se disaient que finalement, l’esprit n’était pas pire dans le foot que dans le jorky et ça a pu affaiblir le développement du jorky. » D’autant que dans le même temps, la vague du five s’abat sur la France un peu plus de dix ans après son introduction dans l’Hexagone à Nîmes. « Il y a eu une grosse perte de licenciés. On est une petite fédération, ça nous a fait très mal », souffle Sébastien Picard, l’actuel vice-président de la Fédé.

C’est peu de le dire : en dix ans, le contingent de compétiteurs est tombé à 250 répartis dans une petite quarantaine de clubs seulement. « Les pratiquants foot qui jouaient au jorky sont repartis vers le five », observe Paniez. « Je ne suis pas complètement d’accord, objecte Giangreco. Quelqu’un qui veut vraiment faire du football s’y retrouvera plus dans le five, c’est sûr. Mais je ne vois pas pourquoi il devrait arrêter le jorky, ce sont deux activités très différentes. » Si différentes qu’en 1999, une sélection d’anciens pros marseillais emmenée par Bernard Casoni et Jean-Philippe Durand s’est fait taper au jorkyball par l’équipe de Nîmes. « Avoir tapé dans un ballon plus jeune est un avantage, mais ne fait pas tout, résume Picard, ancien joueur de DH, aujourd’hui président et joueur du club de jorky de Perpignan. Quand tu viens du foot à onze, il faut apprendre à bien jouer avec les angles. » Ces dernières années, les pratiquants viennent d’ailleurs de moins en moins du ballon rond. Une tendance qui fait dire à Gilles Paniez que « le jorky redémarrera, mais avec des joueurs de jorky ». Ces joueurs, qui sont-ils, du coup ? D’anciens footeux, tout de même, parfois. Des chics types, toujours, assure le géniteur de la discipline : « Si tu n’es pas fair-play, tu ne joues pas au jorky. » Des mecs prêts en tout cas à poser deux jours pour disputer un match de championnat et à financer eux-mêmes leurs déplacements, leurs tenues et leur bouffe, la fédération n’ayant d’après Picard « pas les moyens d’aider les clubs ».

En quête d’argent public

Autre facteur du déclin de ce sport : la crise de 2008. « On a été frappé de plein fouet, déplore Paniez. À l’époque, les banques ont arrêté de financer le loisir. Pour monter un complexe de jorky, l’enveloppe globale oscillait entre 80 et 130 000 euros selon l’ambition du projet. Il fallait avoir 30% d’apport, derrière il y avait la garantie de l’État. Les banques ont entouré le loisir à l’encre rouge, et il a fallu arriver avec quasiment 90% de son budget pour que ça passe. » Et si les complexes ont tenu bon quelques années, les effets de la crise en question se sont réellement fait ressentir « en 2012-2013. Depuis, il n’y a quasiment plus de développement du jorky en France ». Du moins, pas dans le secteur privé : Vignieu, commune de 1000 habitants située dans l’Isère, a récemment fait l’acquisition d’un terrain. Tout sauf anodin. « Le maire m’a dit : « Je n’ai pas assez de jeunes pour jouer au foot, du coup ils s’inscrivent dans le village d’à côté, grandissent à côté et finissent par aller vivre à côté » » , rapporte Paniez, persuadé que le jorky repartira « grâce aux collectivités publiques, à condition que les mairies ne posent pas leur terrain comme un babyfoot et que les projets soient encadrés par des éducateurs sportifs ». Dans cette optique, le Lyonnais revenu aux affaires en 2016 dans un rôle d’ambassadeur de sa discipline a d’ores et déjà coché dans son agenda le mois de juillet 2021, date de lancement d’un projet baptisé Jorkyball 2024 : « On sera présent au JO de Tokyo en animation au niveau du centre presse international, ce sera l’occasion de lancer la promotion vers les collectivités. »

Avec l’argument du prix, « 15 000 euros en moyenne, un montant ridicule par rapport à un terrain synthétique de foot » (Sébastien Picard). Et une promesse : « On ne se contente pas de vendre un terrain. Derrière, on aide la municipalité à promouvoir l’activité et on aide les jeunes à créer une association ou à participer aux compétitions. » En dehors de mettre en place des championnats départementaux pour les novices au sein des structures privées, façon de renouveler le contingent de joueurs et de clubs affiliés et de relancer l’intérêt des compétitions, brasser les jeunes fait d’ailleurs office de priorité pour Sébastien Picard : « On a un bon bureau, à la Fédé. Mais la moyenne d’âge de notre sport, c’est presque vétéran. Si on ne fait pas entrer la jeunesse, le jorky va crever. » « S’il avait dû disparaître, ce serait déjà fait », oppose son créateur, qui bosse de son côté sur l’obtention de l’agrément Jeunesse et Sports pour sa discipline. Retiré de la finance internationale et revenu à Rome pour contribuer à l’effort de guerre via sa société 3bble, partenaire officiel de la fédération internationale, Leonardo Giangreco veut lui voir dans l’exemple du padel une source d’optimisme : « Je connais des personnes qui ont essayé de l’implanter à Rome pendant dix ou vingt ans, sans succès. Pendant longtemps, ce sport n’est jamais sorti d’Espagne. Et puis soudain, il y a cinq ans, c’est devenu un phénomène extraordinaire sans qu’on comprenne pourquoi ça n’avait pas marché avant. »

La fameuse main de Dieu

« L’un des succès du padel, c’est que c’est facile à jouer, théorise l’Italien. Pas comme le tennis où si on n’a pas de technique, ce n’est pas amusant. Le jorky, c’est facile comme le padel. On joue avec les amis, c’est très social et on tape la balle un peu comme quand on jouait dans notre chambre lorsqu’on était petit. C’est quelque chose que nous avons en nous, le jorky a tous les ingrédients pour exploser. » Confiant, l’Italien l’est d’autant plus que l’unique club du Canada « marche très bien » et que la situation est « très bonne au Japon. Un club avec trois terrains organise beaucoup de tournois, et a créé une école pour les petits. Les Japonais pensent vraiment à long terme, je crois beaucoup au Japon ». Surtout, dans un milieu où chaque nouveau marché est un nouvel espoir, le promoteur du jorkyball à l’international vient d’en conquérir deux : la Russie et les États-Unis.

« On vient de délivrer un terrain à Moscou, et trois terrains à Los Angeles dans une nouvelle version de douze mètres sur six. Avec un peu plus d’espace pour le dribbling, ça peut être plus amusant. Je suis très excité par l’ouverture de ce club, ça peut être un marché énorme », s’emballe Giangreco. Ne reste plus qu’à croiser les doigts et se trouver, si possible, une bonne égérie. « Je crois qu’il y a un effort commercial à faire, pour trouver des ambassadeurs d’influence, pose-t-il. En 2018, j’ai contacté une société chargée de trouver des ambassadeurs et des influenceurs pour différents produits. Ils m’avaient suggéré Diego Maradona, je n’ai pas suivi la chose et c’est tombé à l’eau. Je l’ai déjà vu jouer et je le considérais comme un dieu, mais je suis napolitain : je ne réalisais pas qu’il était si fameux, si aimé au niveau mondial. Quand il est mort, je m’en suis rendu compte. Je me suis rappelé cette conversation, et j’ai regretté : s’il avait posé la main sur un ballon de jorky, il aurait changé l’histoire de ce sport. » On a déjà vu ça quelque part.

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Par Simon Butel

Tous propos recueillis par SB

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