ACTU MERCATO
Mais qui es-tu, Giovani Lo Celso ?
À peine un an dans les pattes en première division et Giovani Lo Celso est déjà sous le feu des projecteurs. Il devrait rejoindre le PSG et son idole Ángel Di María. Mais qui est ce jeune meneur de jeu que l’Europe s’arrache ?
Rosario. Souvent dans l’ombre de la capitale Buenos Aires, de ses innombrables Clásicos, la troisième plus grande ville du pays est surtout connue pour son port fluvial et pour avoir vu naître un certain Che Guevara. Mais Rosario peut aussi se targuer d’être une terre de football fertile : Cesar Luis Menotti, Marcelo Bielsa, Tata Martino, Maxi Rodríguez, Ángel Di María ou encore un certain Lionel Messi, tous sont natifs de cette ville qui se déchire violemment en deux lorsque l’heure du clásico Newell’s Old Boys – Rosario Central arrive. Alors que Ñuls traverse une période de crise, le rival de Central fascine l’Argentine. Et sa cantera ne cesse de voir fleurir de nouveaux talents. Alors que Franco Cervi, habile meneur de jeu, a signé à Benfica l’an passé (il rejoindra le Portugal fin juin), c’est désormais Giovani Lo Celso qui attire la lumière. Nommé parmi les 50 meilleurs espoirs de moins de 20 ans par la Gazzetta dello Sport, le gamin de la ville devrait rejoindre le PSG dans les semaines à venir. Portrait d’un autre Argentin maigrichon que le club de la capitale aime tant.
La patte de Griffa
« En 2008, un recruteur qui travaille pour notre académie s’est rendu à un tournoi organisé par San José del Rincón. Giovani a énormément retenu son attention. Je me suis donc dirigé à mon tour à San José et j’ai été frappé par ses qualités. » La phrase est signée Diego Griffa, président de l’académie qui a vu grandir le jeune Argentin. Né en 1996, Lo Celso commence à tâter le cuir en intégrant le club de Baby-Futbol San José del Rincón. Avant de rejoindre la prestigieuse Asociación Atlética Jorge Griffa, cette académie pourvoyeuse de talents qui les envoie plus souvent du côté du Parque Indepedencia où se trouve l’Estadio Marcelo Bielsa, antre des Newell’s Old Boys. Alors, à défaut d’avoir un coach qui a donné son nom à un stade de son vivant ou encore une star planétaire comme Messi, Paris cherche-t-il à créer sa propre hype Rosario ?
Cela pourrait bien être un pari pour l’avenir. « Dans notre académie, on retient un joueur quand il répond à cinq exigences : habilité, technique, intelligence, stabilité psychologique et un fort tempérament. C’est mon père Jorge qui avait mis cela en place à l’époque et je perpétue cette tradition. Giovani répondait à tous ces critères et le prouve aujourd’hui, que ce soit en championnat et même au niveau international, en Copa Libertadores sous le maillot de l’équipe première de Rosario Central » , ajoute Diego Griffa.
Supporter de Central, le gamin balaye d’un revers de main toute possibilité d’essai aux Newell’s. Lui veut suivre coûte que coûte les pas de son idole, Ángel Di María chez les Canallas de Central, club qu’il supporte. Il rejoint finalement Central en 2010, à 14 ans. Avec l’aval de l’académie Griffa : « Certes, énormément de nos joueurs qui réussissent se dirigent ensuite vers les Newell’s Old Boys. Mais on a toujours laissé de la liberté aux jeunes. Certains sont partis à Independiente, d’autres à Boca Juniors ou encore à Rosario Central comme Giovani. Et il a fait le bon choix. »
Di María version 2.0 ?
Alors que les comparaisons avec El Fideo fusent déjà en Europe, un ancien pensionnaire de la Ligue 1 et aujourd’hui coéquipier à Central, Mauro Cetto, nuance :
« Je ne sais pas si le fait que Di María évolue au PSG a influé sur la décision de Giovani. Mais je pense que d’avoir un Argentin à ses côtés, d’autant plus un joueur originaire de Rosario Central qu’il idolâtre, cela l’aidera énormément. » Si Di María est gaucher et supporter de Rosario Central comme lui, le style de jeu de Lo Celso est pourtant bien différent. L’intéressé le reconnaît, dans une interview au Gráfico : « Je suis loin d’être le même style de joueur qu’Angel. Je l’aime beaucoup, car c’est un ailier dynamique, qui sait être décisif, mais qui sait aussi être au service de ses coéquipiers. En plus d’être redoutable en un contre un. Moi, je préfère une position axiale derrière le ou les attaquants pour avoir un peu plus de liberté, même si jouer sur le côté gauche comme je le fais parfois à Central ne me gène pas. »
Sa vision du jeu, son élégance, ses transmissions, son intelligence et sa simplicité :
tout le monde à Rosario s’accorde pour définir celui qui s’est parfaitement adapté à l’exigence de la Primera argentine, avec deux buts et plus de quinze passes décisives au compteur. Une impression confirmée par l’ancien Nantais et Toulousain : « Techniquement, il est au-dessus de la moyenne. En plus de cela, il est très intelligent, il sait quand il faut accélérer ou encore quand il faut garder le ballon. C’est un meneur qui fait jouer les autres et qui sait faire briller ses coéquipiers. Il est doté d’une énorme qualité de passe. »
« Il devra vite apprendre le français »
À Central, Lo Celso poursuit sa formation chez les jeunes, où il gagne trois titres. À 19 ans, la pépite de Rosario signe son premier contrat professionnel.
El Mono (le singe en VF), surnom donné par son père, débute en première division argentine, le 19 juillet 2014 face à Vélez Sársfield, en entrant un petit quart d’heure. « Le coach Coudet m’a découvert et me fait progresser jour après jour en me conseillant. C’est lui qui m’a permis de jouer au Gigante de Arroyito pour la première fois de ma vie. Je suis heureux et reconnaissant de la chance qu’il m’a offert » , déclarait Lo Celso au Gráfico juste après la rencontre. Concernant une éventuelle arrivée au Paris Saint-Germain, Mauro Cetto distille ses conseils : « On n’a pas beaucoup discuté à ce sujet, car rien n’est officiel pour le moment. Mais si je devais lui donner un conseil avec mon expérience personnelle en France, ce serait d’apprendre le français assez rapidement pour ne pas souffrir de la barrière de la langue, chose très importante pour son adaptation. » Électron libre à côté du meneur de jeu, Lo Celso est surtout comparé à un autre Parisien, Javier Pastore, qui présentait les mêmes caractéristiques à l’époque où il menait le Huracán d’Ángel Cappa.
Moins décisif qu’El Flaco dans le dernier geste, sa capacité à créer des espaces et des déséquilibres au sein des lignes arrières adverses par une simple transmission a certainement conquis les recruteurs parisiens.
Diego Griffa oublie son manque d’expérience et un impact physique parfois trop léger : « Il me fait tout simplement penser à Zinédine Zidane ! » s’exclame le président, qui en a pourtant vu d’autres au sein de son académie. Avant de conclure : « S’il rejoint le Paris Saint-Germain, avec toute la pression que cela entraîne de signer chez un tel monstre européen, il faudra que Laurent Blanc lui laisse du temps pour s’adapter, lui fasse confiance, sache l’écouter et lui laisse une certaine liberté sur le terrain. » Tout le contraire de la gestion de Pastore, en somme…
Par Bastien Poupat, à Rosario
Propos de Diego Griffa et Mauro Cetto recueillis par BP