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Maignan, Kimpembe, Rabiot, Coman : la légion du PSG en équipe de France

Par Tom Binet
Maignan, Kimpembe, Rabiot, Coman : la légion du PSG en équipe de France

Ils sont quatre, un par ligne : Mike Maignan, Presnel Kimpembe, Adrien Rabiot et Kingsley Coman. Formés côte à côte au PSG, ils s'apprêtent à partir à la conquête de l'Europe avec l'équipe de France, à partir du 15 juin. Nés en 1995 (et 1996 pour un Kingsley Coman régulièrement surclassé), les quatre larrons ont fait leurs classes ensemble du côté de Saint-Germain-en-Laye. Retour sur le parcours de cette génération dorée de la formation parisienne.

« C’est toujours spécial, on se remémore des souvenirs de quand on était petits. C’est beau. » Présent en conférence de presse au début du rassemblement, Kingsley Coman a les yeux qui brillent à l’évocation de ses années de formation en belle compagnie. À savoir celle de Presnel Kimpembe, Mike Maignan et Adrien Rabiot, eux aussi appelés par Didier Deschamps dans la liste des 26 chanceux pour participer à l’Euro. Les quatre joueurs, nés à quelques mois d’intervalle, ont évolué ensemble pendant plusieurs saisons dans les équipes jeunes du PSG avant de connaître des fortunes diverses au moment de rejoindre l’équipe première et de se retrouver sous le maillot frappé du coq.

On a fait de beaux tournois, notamment en Espagne à Arousa, où on avait battu le Real d’Enzo Zidane. Cela fait partie de leur expérience.

Souvenirs, souvenirs

La boîte à souvenirs communs évoquée par l’ailier du Bayern a commencé à se remplir très tôt pour les jeunes prodiges. Dès les benjamins en 2007 pour être précis, sous l’aile d’Yves Gergaud. « On a fait de beaux tournois, notamment en Espagne à Arousa, où on avait battu le Real d’Enzo Zidane. Cela fait partie de leur expérience, rembobine celui qui est à l’origine de l’arrivée de Coman et Kimpembe au sein des équipes jeunes du PSG. Quand ils font des Euros ou des Coupes du monde, certes c’est pas du tout le même contexte, mais quand on fait des tournois internationaux, c’est toujours une bonne expérience pour eux. » À cette époque, seul Adrien Rabiot manque encore à l’appel, lui qui débarquera au centre de formation du PSG quelques années plus tard.

Mais que personne ne s’inquiète : il reste encore de la place dans la mémoire pour de nouveaux faits d’armes. « Le premier grand souvenir en commun, c’était de gagner le tournoi de Doha en janvier 2012 », affirme Laurent Bonadei, à la tête des U17 à ce moment-là et désormais en pleine campagne de qualifications pour le Mondial 2022 comme adjoint d’Hervé Renard sur le banc de l’Arabie saoudite. Un succès arraché en finale aux tirs au but contre la Juve après avoir été menés 3-1 et en infériorité numérique. Défenseur au sein de cette équipe victorieuse, Stéphane Lambese y voit même un moment fondateur : « La chose marquante, c’est la finale, on est à dix et on gagne. On arrive là-bas avec des étoiles dans les yeux. La veille, on s’est couchés à deux heures du matin, rigole encore l’international haïtien. On avait tellement confiance en nous, on savait qu’on allait répondre présent sur le terrain. On a fait tourner des matchs en notre faveur parce qu’on était des frères. C’était vraiment quelque chose de fort, ça ne peut pas se détruire comme ça. »

La génération 1995-1996, on a vraiment été comme des frères. On prend encore des nouvelles aujourd’hui, on était très soudés.

Frères d’armes

Une proximité cultivée par les quatre compères, à l’image de Kimpembe et Coman, colocataires pendant un an à leur sortie du centre de formation. « Kingsley et Presnel ont souvent été ensemble, poursuit Lambese. Mais la génération 1995-1996, on a vraiment été comme des frères. On prend encore des nouvelles aujourd’hui, on était très soudés. » Et ce, malgré les différentes trajectoires. « S’il n’y avait pas eu l’Euro, on serait même peut-être partis en vacances ensemble », assure celui qui a manqué le dernier départ commun il y a quelques années en raison de la naissance de son fils. Des moments de vie partagés dont chacun se souvient, à l’image de Dylan Batubinsika, lui aussi membre de la bande et aujourd’hui défenseur au Royal Antwerp, en Belgique. « Dans le groupe, Presnel c’est un peu un caméléon, on le voit partout aller discuter avec tout le monde. Adrien, lui, est plus réservé. Par exemple, Presnel avait fait un barbecue à l’époque, le gars il est là et il participe, mais il est plus calme que les autres, c’est pas du tout un excité. »

Une amitié également forte dans leur quotidien au centre de formation. « Il y avait une proximité entre Presnel et Kingsley, parce que déjà ils faisaient partie du même groupe d’entraînement, relate Laurent Bonadei. Par la suite aussi, ils ont partagé des moments forts ensemble, par exemple un quart de finale de Youth League face au Real Madrid(en mars 2014, sans Rabiot, déjà avec les pros, NDLR). Mais la période où ils ont le plus souvent été ensemble, c’était la préformation et le début de la formation. » Et Maignan et Rabiot dans tout ça ? « Ils étaient dans le groupe pro assez rapidement, et c’était un peu les seuls jeunes du groupe, donc ils étaient assez proches aussi, révèle Dylan Batubinsika. Ils sont toujours proches aujourd’hui. »

Les générations 1995 et 1996, il y a eu beaucoup de talents. Je ne dirais pas que c’était prédit, mais c’est pas vraiment surprenant.

« On peut dire que c’était une génération exceptionnelle »

« Être en équipe de France, c’est une continuité pour eux. » À l’image de Stéphane Lambese, peu sont surpris de voir plusieurs représentants d’une génération dorée qui comptait aussi Ferland Mendy jusqu’en U17 et Moussa Dembélé (lui aussi né en 1996 et le plus souvent surclassé) réussir désormais au plus haut niveau. « On avait une vraie génération, surtout en U17, c’est là qu’on a le plus joué ensemble, abonde Dylan Batubinsika, qui se souvient avoir été particulièrement impressionné par Adrien Rabiot à son arrivée. Je me souviens pour son premier jour de détection, on avait une première partie sur petit terrain et l’on ne l’a pas trouvé si spécial. Mais après, dans une opposition sur grand terrain, il était trop fort. Les générations 1995 et 1996, il y a eu beaucoup de talents. Je ne dirais pas que c’était prédit, mais c’est pas vraiment surprenant. »

Peut-être pas une surprise, mais une vraie fierté pour Yves Gergaud et la préformation parisienne. « J’avais recruté des joueurs en poussins et sur les quinze ou seize joueurs, plus de la moitié sont pros, c’est énorme, s’émerveille-t-il. C’est du jamais-vu sur une seule génération. Dommage qu’il n’y ait pas Ferland [Mendy] en plus, ç’aurait été top. » Malheureusement, les blessures et la forte concurrence à son poste en ont décidé autrement pour le Madrilène : « Quand on voit le résultat aujourd’hui oui, on peut dire que c’était une génération exceptionnelle. »

Si dans un match ou un bout de match, ils se retrouvent à évoluer ensemble, ce sont des joueurs qui ont développé des automatismes dans leur jeunesse et cela peut faire gagner du temps sur le terrain.

Formation XXL

Quatre joueurs qui symbolisent la réussite du centre de formation parisien, malgré les difficultés du club à conserver ses meilleurs éléments pour leur faire intégrer l’équipe première ces dernières saisons. « Je dirais heureusement, c’est quand même le club le plus renommé de France, celui qui met le plus de moyens pour recruter les meilleurs jeunes dès leurs 13 ans, tempère Yves Gergaud. Ce serait incroyable qu’ils n’aient pas d’internationaux. » Mais comme le prouvent les exemples de Maignan et Coman, nombre d’entre eux ont percé après s’être exilés. « Il y en a beaucoup qui ont réussi en partant, c’est dommage, grimace Batubinsika. Le PSG avait des gros talents et en particulier cette génération, mais ils n’ont pas su bien les gérer. C’est dommage qu’ils aient peut-être l’une des meilleures formations, mais qu’ils ne l’exploitent pas au plus haut niveau. »

Alors comment remédier à ce problème pour voir plus de joueurs suivre les traces d’un Presnel Kimpembe à l’avenir ? « On parle beaucoup de Lyon où beaucoup de joueurs arrivent en équipe première parce qu’ils ont une autre politique. Le PSG, c’est différent, ils forment aussi des bons joueurs, mais c’est plus dur de franchir le cap vers l’équipe pro », pose encore Gergaud. Une question d’identité, aussi, pour les Rouge et Bleu. « Il faudra voir comment Paris va réussir à fidéliser plus de joueurs et en faire des stars, observe de son côté Bonadei. Barcelone a réussi à le faire avec une certaine génération. Des générations qui se retrouvent au même moment, au même endroit pour jouer et gagner des titres ensemble, c’est une alchimie pas évidente. » Mais qui peut s’avérer décisive pour développer une identité de jeu collective bénéfique pour la sélection, comme ont pu le faire Xavi, Iniesta, Busquets, Piqué et compagnie avec la Roja.

« Ce qui est bien, c’est que là, même s’ils ne jouent plus ensemble sous le maillot du PSG, ils se retrouvent en équipe de France et que ça va bénéficier au sélectionneur, poursuit Bonadei, même si tous ne partent pas comme des titulaires en puissance. Si dans un match ou un bout de match, ils se retrouvent à évoluer ensemble, ce sont des joueurs qui ont développé des automatismes dans leur jeunesse et cela peut faire gagner du temps sur le terrain. » Un avantage non négligeable également dans la vie d’un groupe qui s’apprête à passer de longues semaines en vase clos, pandémie oblige. « Le rapport humain entre ces quatre joueurs… Ils se connaissent par cœur. Ça peut compter. Ça peut leur servir quand il y a un joueur qui est moins bien », conclut Stéphane Lambese. On a tous hâte de voir la relance millimétrée de Maignan dans les pieds de Kimpembe, la percussion de Rabiot pour décaler Coman à la finition après une accélération supersonique dont il a le secret le soir de la finale. Voilà qui ferait un joli souvenir commun à rajouter à leur collection.

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Tous propos recueillis par T.B. sauf ceux de Kingsley Coman.

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