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- J31
- Real Madrid-Real Majorque (2-0)
Luka Romero, le petit prince des Baléares
Au cours de la défaite du Real Majorque sur la pelouse d’entraînement du Real Madrid, Luka Romero est devenu le plus jeune joueur de l’histoire de la Liga à 15 ans et 229 jours. Une grande première que le milieu offensif espérait secrètement, alors que certains l'avaient déjà adoubé.
Mercredi 24 juin 2020, aux alentours de 23h40. À sept minutes de la fin du match entre le Real Madrid et Majorque, Vicente Moreno décide d’écrire un morceau d’histoire. « Au-delà de lui parler de tactique, j’ai voulu le tranquilliser, explique le coach du Real Majorque. J’ai mis ma main sur son cœur et il battait à 2000 à l’heure. » Lui, c’est Luka Romero. Coupe mulet bien apparente au moment de fouler la pelouse du stade Alfredo Di Stéfano, le meneur de jeu majorquin entre dans l’histoire de la Liga, devenant, à 15 ans et 229 jours, le plus jeune joueur de l’histoire de la Liga. Le jour de l’anniversaire de Leo Messi. Une coïncidence ? Pas si sûr. Sa petite taille d’un mètre soixante-cinq, sa nationalité argentine et son statut de gaucher suffisent déjà à tirer le portrait d’un jeune adolescent suivant tout droit les traces de La Pulga. Et ce n’est que le début.
« Prenez-le en photo, c’est Leo Messi ! »
Pour mieux comprendre le phénomène Romero, il faut d’abord faire un stop à Durango City. C’est dans cette ville du Mexique que naît Luka, fils de Diego Adrián. Milieu défensif formé à Quilmes, le père de famille poursuit une carrière de footballeur qui prend progressivement la forme d’un parcours de globe-trotter. Déjà passés par le NK Mura en Slovénie, les Romero bifurquent en Équateur pendant deux ans avant de repartir en Europe, direction l’Andalousie. Passionné par son métier, Diego continue d’étendre sa carrière en Espagne jusqu’à aujourd’hui sous les couleurs de l’UD Son Verí, club pensionnaire de division régionale. Mais à 45 ans, Diego voit désormais la relève en action grâce à ses faux jumeaux, Tobías et Luka. Si le premier est gardien de but à l’Atlético de Santa Catalina en quatrième division espagnole, le second vient d’entrer dans la cour des grands avec une précocité exceptionnelle.
Huit ans plus tôt, à Formentera, Luka avait profité d’une énième expérience professionnelle du paternel pour taper le ballon avec Dani Alves en maillot de bain sur une plage de l’île dans l’archipel des Baléares. À la suite de quelques jongles et prouesses techniques, l’arrière droit du FC Barcelone adresse un message aux photographes : « Prenez-le en photo, c’est Leo Messi ! » Une anecdote devenue virale chez les médias locaux qui donnent un surnom à l’enfant : le Messi mexicain. « Je n’aime pas ces comparaisons, avouait le père Diego à l’agence de presse EFE au début du mois. C’est rajouter une pression incommensurable à un bambin de quinze ans. Il s’appelle Luka et il considère Messi, un footballeur unique et glorifié grâce à ses performances, comme un miroir pour apprendre. Luka doit suivre son propre chemin. » Reste qu’à ses dix ans, le prodige s’est engagé contractuellement au Real Majorque pour les huit saisons à venir. Peu commun pour un bambin.
(La brésilienne avec Dani Alves à partir de 18’13)
Passion argentine
En 2011, le Barça s’était renseigné sur la possibilité de recruter Luka à la Masia, faisant même passer un essai au gamin dans la capitale catalane. Mais son représentant, Horacio Gaggioli, également acteur dans l’arrivée de Leo Messi au Barça, avait jugé plus utile de laisser le fiston auprès du père sans s’attirer les foudres de la FIFA en cas de transgression de la règle sur la protection des joueurs mineurs. Reste que, malgré sa nationalité mexicaine, Luka est toujours resté très clair sur ses intentions internationales. Le lien qui unit sa famille au football argentin va bien au-delà de Diego : son grand-père Alfredo était déjà un joueur de la réserve de Quilmes dans les années 1960, tandis que ses oncles maternels sont eux aussi passés par le club de la banlieue de Buenos Aires. À ce sujet, Alejandro Saggese est catégorique : « C’est un gosse et il reste toujours un gosse, commentait le sélectionneur des U15 argentins à Infobae. Il s’est mis à fusionner avec ses coéquipiers, on voyait qu’il était à l’aise et que cela lui plaisait. Luka est né au Mexique, mais c’est un Argentin enraciné. » Voilà déjà un point qui le différencie de Messi…
Par Antoine Donnarieix