- Euro 2020
- Gr.D
- Croatie-Écosse (3-1)
Luka Modrić, extérieur cuir
Auteur d’un but somptueux et décisif pour offrir la victoire à la Croatie face à l’Écosse (3-1), ainsi que la qualification pour les huitièmes de finale, Luka Modrić a illuminé cette belle soirée de football à Glasgow et rappelé à tout le monde que non, le Ballon d’or 2018 n’est pas encore cramé.
62e minute de jeu. Avec un peu moins d’une demi-heure à jouer dans le temps réglementaire, la Croatie est accrochée (1-1) par une vaillante formation écossaise, et virtuellement éliminée de cet Euro 2020 avec deux unités au compteur. Une sortie prématurée qui constituerait une terrible désillusion pour le finaliste de la Coupe du monde 2018, au sein d’un groupe largement à sa portée sur le papier. Mais sur un ballon donné par Mateo Kovačić, Modrić se présente à une vingtaine de mètres des buts de David Marshall et lâche un extérieur du pied droit fantastique qui vient se loger dans la lucarne droite du portier des Scots. Imparable, et surtout magique.
Et la lumière fut
Ce n’est évidemment pas la première fois que celui qui a mis fin à la domination sans partage de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi au palmarès du Ballon d’or inscrit un pion d’extraterrestre. Coup de pied, intérieur du pied, reprise de volée, frappe de bourrin ou encore but de filou, le Croate a régulièrement bluffé son monde par des golazos à couper le souffle. Tout comme il n’est pas avare en passe délicieuse de l’extérieur du pied pour ajouter – comme s’il en avait besoin – un peu plus de classe à son jeu si élégant. Mais en ce mardi soir, le Madrilène a arrêté le temps quelques secondes durant pour inscrire un but qui lui correspond finalement si bien : une caresse venue du côté droit de sa chaussure mêlée à une précision chirurgicale pour relancer son équipe dans un match difficile, certes, mais également pour rappeler à tout le monde le joueur délicieux qu’il est encore, malgré ses 35 balais et des prestations globales loin de son meilleur niveau depuis trois ans, à l’image d’une sélection croate qui aura peiné afin de valider son ticket pour les huitièmes de finale. Mais heureusement, son guide a refait surface au meilleur des moments.
Capitaine à la barre
Un geste venu d’ailleurs de la part de l’ancien numéro 14 de Tottenham qui porte un coup fatal au moral d’une Tartan Army combative et qui croyait encore à l’exploit. Mais un geste que l’on qualifierait surtout de clutch de l’autre côté de l’océan Atlantique, car au-delà de la beauté de l’action, ce dix-huitième but en sélection de Modrić permet, à ce moment-là du match, à la Croatie d’être qualifiée en étant parmi les quatre meilleurs troisièmes. Insuffisant toutefois pour l’homme aux 141 sélections avec son pays, qui va de nouveau se distinguer quinze minutes plus tard en adressant un corner parfaitement tiré au premier poteau pour Perišić, qui coupe la trajectoire du ballon de la tête pour faire le break et permettre à la Vatreni de repasser deuxième du groupe D devant la Tchéquie, impuissante face à l’Angleterre (0-1). Un pion et une passe décisive donc, qui viennent ponctuer une performance de mammouth de la part du milieu croate qui a touché le cuir à 115 reprises et effectué 98 passes (dont 86 réussies, soit 88% de réussite), rien que ça. Une activité permanente dans l’entrejeu si bénéfique pour permettre à la Croatie de prendre le dessus et croire encore en ses chances dans ce championnat d’Europe. D’autant qu’en arrachant cette victoire, la première en cinq confrontations face à l’Écosse, l’équipe au damier s’est octroyé le droit d’affronter le deuxième du groupe E, où les quatre équipes (Suède, Slovaquie, Espagne, Pologne) sont encore en lice pour rejoindre le tour suivant. En l’état, la Slovaquie serait l’adversaire des hommes de Zlatko Dalić, une équipe largement à leur portée et contre qui ils n’ont jamais perdu en trois confrontations depuis 2010 (deux larges victoires 3-0 et 4-1 et un nul 1-1), même si un choc contre l’Espagne serait alléchant, d’autant que les deux nations se sont affrontées lors des deux dernières éditions de l’Euro, à chaque fois en phase de poules (victoire de l’Espagne en 2012, succès de la Croatie en 2016). Quoi qu’il en soit, le finaliste de la Coupe du monde 2018 pourra compter sur son capitaine, qui a rappelé à tout le monde ce mardi soir que ses heures de gloire ne sont pas encore terminées.
Par Fabien Gelinat