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Ludovic Giuly, le grand frère
À 36 piges, Ludovic Giuly boucle son dernier tour de France sous la liquette du FC Lorient. Ce soir, il se frottera aux voisins brestois dans un derby breton. Une rigolade pour un mec qui a tout gagné. Après tout, il n'est pas là pour ça. À défaut de jouer, il transmet son savoir.
Il a bien fait de venir traîner ses guêtres du côté de Lorient, Ludovic Giuly. Cela aurait été dommage que l’ancien international français (17 sélections) arrête sa brillante carrière sur cet échec monégasque en Ligue 2. Mis sur la touche à Monaco de manière assez brutale, on a longtemps cru que l’aventure allait s’arrêter là. Sur le Rocher. Sans préavis.
Au cœur de l’été, le nouveau coach italien de Monaco Claudio Ranieri est assez brutal : « Ludovic a fait une très belle carrière, mais il y a un nouveau projet et je compte sur d’autres joueurs. J’ai parlé avec lui, je lui ai expliqué mes raisons. En tant que grand professionnel et grand homme, il a compris. » À lui et au club de travailler maintenant pour trouver un compromis. Le compromis, il va vite arriver. L’ASM et le joueur se séparent dans la foulée. Dans l’indifférence la plus totale. Et puis le miracle est arrivé. Giuly file à Lorient. Un club qui a tout pour lui plaire : famille, joueur et humain. À son image donc. Le président lorientais Loïc Féry est sous le charme avant même de le voir jouer. « Quand je vois ce que Thierry Henry à Arsenal et New York ou Pippo Inzaghi au Milan AC ont récemment pu faire alors qu’ils avaient largement dépassé la trentaine, je me dis que Ludovic Giuly, à 36 ans, peut être le Thierry Henry ou le Pippo Inzaghi du FCL. » Ouais, il est sous le coup de l’émotion le big boss lorientais, mais il faut le comprendre.
Mine de rien, Giuly pèse un Ligue des champions, deux Ligas, un championnat de France, une Coupe de la Ligue, une Coupe d’Italie et une Coupe de France. Rien que ça. Un profil idéal pour encadrer et transmettre son savoir. Bien entendu, Ludo est incapable d’enquiller trente-huit matchs de championnat. Son corps est à l’agonie, mais sa tête est toujours dans le bon tempo. Drôle, vif, d’humeur égale, l’ancien Parisien est avant tout un grand frère. Un cadre du vestiaire. Et le club lui ressemble un peu. « Ici, il y a de la qualité, il y a l’amour du beau jeu. C’est une identité, une culture, des valeurs et c’est très important » , confirme-t-il dans les colonnes de Ouest-France à son arrivée. Le lutin voulait surtout finir sa carrière sur une bonne note, dans une équipe « qui joue bien au ballon, un environnement sain, un club convivial et attachant, qui a une très bonne image » . Bonne pioche. Avec Christian Gourcuff, le joueur a trouvé à qui parler. Et inversement.
Une gueulante et un SMS
De là à dire que le bon début de saison lorientais est du seul fait de Ludovic Giuly, il y a un pas. Quoi qu’il en soit, un mec comme ça ne peut faire que du bien. Le type est encore capable d’enfiler quelques pions (85 buts en Ligue 1, il n’est qu’à une unité du meilleur buteur encore en activité : Peguy Luyindula). Quand on a vu éclore Lionel Messi et Andrès Iniesta tout en jouant avec Ronaldinho, Samuel Eto’o ou encore Francesco Totti, on a forcément des choses à transmettre. D’ailleurs, Ludovic Giuly ne se prive pas de pousser sa petite gueulante quand le collectif tangue. Ce fut le cas lors des deux derniers matchs où Lorient a pris dix buts dans les gencives. « On en prend quatre, c’est un problème d’état d’esprit. Nos débuts de matchs sont catastrophiques, il va falloir réagir, car cela fait un moment que ça dure, a lâché l’attaquant lorientais auprès du quotidien Ouest-France. On croit qu’on est bien en place et on se fait surprendre dès les débuts de matchs. On a perdu deux points, il faut bosser défensivement, tous ensemble. » Comme quoi le mec a encore envie de taquiner la gonfle. C’est son kiff et il veut finir en beauté.
En tout cas, la carrière en club de l’attaquant va vraisemblablement mieux se terminer que celle internationale. Dans son autobiographie Giuly par Giuly ( sortie en mai 2007), l’ancien Monégasque balançe alors les raisons de son bannissement des Bleus. Raymond Domenech n’aurait pas tellement aimé que le joueur se permette d’envoyer un texto à Estelle Denis, alors sa compagne, en 2004 après une émission de télévision. Dans ce message, que le sélectionneur a avoué avoir lu, Ludovic Giuly proposait à l’ancienne animatrice de 100 % Foot un déjeuner sur Paris. Histoire de ne pas se griller, Giuly avouait même en avoir parlé à Raymond Domenech, comme il le rapporte dans son livre : « Écoutez, coach, lui aurait-il dit, j’ai envoyé un texto à votre femme, je ne savais même pas que vous étiez en couple. Mais ne vous inquiétez pas, c’était juste professionnel. » Cet homme méritait clairement une fin de carrière dans la dignité. Merci Lorient.
Par Mathieu Faure