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Lucas Paquetá, le dix de cœur
Déjà impressionnant depuis le début de saison en milieu relayeur, Lucas Paquetá est encore monté d’un cran depuis quelques matchs, aussi bien dans sa position sur le terrain qu’au niveau de l’influence qu’il peut avoir sur son équipe. Époustouflant contre Angers, puis dimanche dernier à Nantes, le Brésilien de l’Olympique lyonnais s’éclate à un poste de numéro 10 qui lui convient à merveille et fait surtout ressortir le meilleur de ses qualités.
Une pseudo Superligue imaginée par douze mercenaires, un virus qui frappe le monde et dont on a l’impression de ne jamais pouvoir se débarrasser, Lucas Paquetá qui connaît un léger trou d’air… En 2021, tout ce qui relèverait de l’impensable est finalement en mesure de se produire sur cette planète. Pour le dernier des trois faits cités, c’est d’ailleurs arrivé il n’y a pas si longtemps, à la suite du carton rouge reçu par le Brésilien à Marseille à la fin du mois de février. Pendant trois matchs consécutifs, face à Reims, Paris et Lens, le magicien de l’Olympique lyonnais a semblé un peu plus emprunté et surtout moins influent qu’à son habitude. Et s’il a tout de même trouvé le chemin des filets à Bollaert, sa formation est ressortie de ces trois rendez-vous avec deux nuls et une défaite dans les bagages. Preuve, au passage, de l’importance de la qualité des prestations du milieu de terrain dans les résultats de son équipe.
Il a l’regard qui tue Paquetá
Alors, pour que les Gones retrouvent le chemin de la victoire, il a fallu changer des choses. Ou plutôt les faire simplement évoluer, puisque la pointe basse du milieu à trois lyonnais – principalement utilisée depuis le début de saison – s’est depuis trois matchs transformée en une pointe haute, magistralement incarnée par le natif de Rio de Janeiro. Et comme par hasard, Lucas Paquetá s’est remis à faire du Lucas Paquetá. Déjà utilisé avec succès dans cette position de numéro 10 à Brest en février (un but marqué dans la victoire 3-2 à Francis-Le Blé), il a de nouveau rayonné, d’abord sur la pelouse du Red Star en Coupe de France (2-3 après t.a.b), puis face à Angers (3-0), deux rencontres lors desquelles il a à chaque fois marqué un pion et délivré une passe décisive pour Memphis. « C’est un poste où il s’épanouit, car il joue à côté de joueurs un peu plus défensifs, ce qui lui permet de s’exprimer au mieux, explique l’ancien milieu de l’OL Ederson, qui a terminé sa carrière à Flamengo quand Paquetá la commençait. Ça lui permet de beaucoup bouger, de venir chercher le ballon dans les pieds et d’aller de l’avant. Il aime se déplacer au milieu de terrain pour trouver des espaces, faire des passes décisives, mais aussi pour arriver plus près du but, car il a les qualités pour finir les actions. »
« Ce système de jeu est intéressant parce qu’il lui permet d’être proche des attaquants et du but, corroborait d’ailleurs Rudi Garcia au sortir de la rencontre face au club de Saint-Ouen. C’est un joueur combatif, collectif et on en a besoin. Il est costaud, et n’est pas que technique. Ce n’est pas facile pour l’adversaire de le contenir, car il a une palette importante et il s’entend bien avec Memphis Depay. » La complicité entre les deux hommes s’est même vérifiée une fois de plus dimanche dernier sur la pelouse de Nantes (1-2), lorsque Paquetá, auteur d’une nouvelle partition de grande classe, a offert un troisième caviar en trois matchs au Néerlandais. Bénéficiant d’une liberté trop importante dans l’entrejeu pour un joueur de son calibre face à une paire Imran Louza-Pedro Chirivella trop légère défensivement pour le freiner, il aurait même dû être crédité d’une deuxième passe D avant la pause si Karl Toko-Ekambi, héritant d’un nouveau délicieux cadeau de son partenaire, n’avait pas été fauché en plein élan par Alban Lafont.
La touche créativité d’une équipe qui en manque trop souvent
Dans ce rôle plus avancé que celui de simple milieu box-to-box – dans lequel il était par ailleurs déjà performant ces derniers mois –, le Brésilien semble enfin avoir trouvé la place qu’il n’a finalement jamais pu gagner à Milan. « Pour débarquer en Europe, le championnat italien n’est pas facile, surtout pour les numéros 10, défend Ederson. Moi-même, j’ai eu quelques soucis, car les lignes sont très serrées, et il n’y a pas beaucoup de place pour les meneurs de jeu. » Pas aidé par le manque de stabilité sportive en Lombardie (trois coachs différents en un an et demi), tantôt positionné en relayeur, tantôt cloitré sur un côté, Paquetá n’a eu que trop peu d’opportunités de s’installer à ce poste de numéro 10 qui semble pourtant lui convenir à merveille. À Lyon, il le prouve de match en match, jouissant d’une influence encore plus grande que lorsqu’il évolue un cran plus bas (quatre passes clés à Nantes, plus gros total de la rencontre).
« En 4-2-3-1, il touche moins de ballons, mais les quelques fois où il le fait, il réussit à être décisif, poursuit Ederson. Je pense vraiment qu’il préfère évoluer dans ce système. Quand tu évolues plus bas, tu as aussi plus de responsabilités défensives, et c’est forcément plus difficile de venir dans la surface pour marquer des buts. » Pour l’ancien petit prince du Gym, son ex-coéquipier possède l’éventail complet des qualités pour réussir à ce poste : « Il a une bonne vision du jeu, une super patte gauche, une vraie qualité de passe et surtout il est très fort sur les appuis. Il arrive à résister, à garder des ballons et à prendre l’avantage sur ses adversaires uniquement grâce à ça. Parfois, il se retrouve au milieu de deux ou trois joueurs, mais il arrive à s’en sortir. » En regroupant l’ensemble de ses charmes, on s’aperçoit tout bonnement que Paquetá est un lien devenu indispensable entre le milieu et l’attaque d’une équipe parfois en panne de créativité, comme elle l’a été par moments à la Beaujoire. En tant que meneur de jeu, l’international brésilien (13 capes) apporte globalement une plus-value technique assez extraordinaire au reste d’un quatuor offensif souvent limité si l’on excepte Depay.
Reste malgré tout une dernière question en suspens : Lucas Paquetá pourra-t-il véritablement tenir ce poste sur la durée ? Car si le Sud-Américain a pu monter d’un échelon sur le pré, c’est aussi parce qu’Houssem Aouar, victime de petits soucis aux adducteurs, n’était pas disponible ces derniers temps. En faisant grimper l’ancien Milanais, Rudi Garcia a ainsi compensé en titularisant derrière lui deux milieux de terrain à vocation plus défensive, en l’occurrence Bruno Guimarães et Maxence Caqueret. Or, Aouar est désormais de retour et figure inévitablement en première ligne pour réintégrer le onze, tout comme Tino Kadewere, titulaire indiscutable depuis le début de la cuvée 2020-2021, et dont le come-back est imminent. Comment donc réussir à harmoniser cette meute au complet ? Seul l’ancien coach de la Roma et de l’OM détient la réponse. En attendant, Lucas Paquetá pourrait de nouveau être aligné en soutien de l’attaquant dimanche face à Lille. Et au vu de ses dernières prestations, il doit déjà apparaître au beau milieu des cauchemars de Benjamin André.
Pourquoi Edon est meilleur qu’EdenPar Félix Barbé
Propos d'Ederson recueillis par FB.