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Lopez : « Si l’équipe joue comme je le souhaite, on gagnera plus d’argent »
C'est officiel, Gérard Lopez est le nouveau patron du LOSC. Avec Michel Seydoux, ils ont organisé une conférence de presse commune pour le crier à la face du monde. Et pour donner quelques détails sur le visage futur du club lillois, aussi.
Vendredi 13 janvier, jour de passation de pouvoir au domaine de Luchin. Dans un amphithéâtre bien garni, les acteurs entrent enfin. Dans l’ordre : Michel Seydoux, Gérard Lopez, Marc Ingla et Luis Campos. Les deux premiers prennent place au pupitre, les deux autres dans la salle, et le jeu des questions/réponses peut commencer. Alors, que nous promet le LOSC nouveau ? C’est Gérard Lopez qui jouera le prophète, juste après la traditionnelle entrée en matière de l’ex-propriétaire : « J’ai regardé l’historique des passations de pouvoir en France, et je n’ai pas vu grand-chose de bien, lance Michel Seydoux. Alors je suis très heureux de pouvoir être encore là ce soir pour un 721e match, et de savoir que Gérard Lopez me succède. J’ai dit que je ne cherchais pas un acheteur, mais un successeur. Eh bien, je n’ai pas trouvé un successeur, mais un ami. Quand il a posé ses quatorze téléphones portables et qu’on a commencé à discuter, ça a été formidable. On est sortis, on s’est tapé dans la main, on n’a eu rien besoin de signer du tout. Et quand le passage de témoin est réussi, la course est réussie. » Le bon mot, un art de vivre chez les Seydoux. Avant cette petite révélation : l’ex-président restera au conseil d’administration. Bien. Mais maintenant, place au Lopez du 59, dans un français parfait.
Vous êtes le nouveau président du LOSC, où en est le dossier du nouvel entraîneur ?
Ah, je l’attendais (rires). C’est un projet à long terme. Toutes les décisions qu’on aura à prendre seront réfléchies. Et avec Collot, on a le luxe du temps. Maintenant, c’est sûr que le projet inclut un nouvel entraîneur. Alors, Bielsa, avant qu’on me demande « est-ce qu’on annoncera quelque chose dans la semaine ? » , je ne peux pas vous dire, on est en pleine discussion. Mais on est en discussion avec d’autres entraîneurs et Marcelo le sait.
Marcelo Bielsa peut-il s’impliquer dans un projet à long terme ?Ce que je vais chercher chez mon entraîneur, c’est un mode de jeu, car le foot est un spectacle. C’est l’un des critères principaux, créer du spectacle, du jeu.
Ensuite, il y a l’aspect construction du club, développement des jeunes. Marcelo répond à mes critères, c’est clair. On le dit fou, mais en fait il est tellement factuel que ça en devient ce que les gens décrivent comme une folie. C’est pas gratuit. C’est pas quelqu’un qui pète un câble parce qu’il pleut. Il est tellement précis sur les faits, il attache d’importance à tellement de choses, que les gens qui oublient d’attacher de l’importance à certaines choses le considèrent comme un fou. Mais je pense qu’on est capable de gérer une relation avec Marcelo. On a une très bonne relation. Est-ce que ça peut être transcrit dans un cadre professionnel ? Je pense que oui. À ce propos, une précision : les discussions ont toujours été dans l’acceptation des deux parties d’un contrat de deux ans et demi à trois ans. C’est la seule vérité, quoi qu’on en dise.
Patrick Collot peut-il finir la saison ?Oui. Tout ça dépendra des choix qu’on peut faire. On a le temps qu’on a, ce n’est pas l’été. Il y a une liste, dans laquelle il y a Bielsa, mais on a aussi l’avantage d’avoir quelqu’un qui connaît le club, l’équipe, et qui fait du bon boulot. Donc le changement, ça pourrait être la semaine prochaine, le mois prochain, l’été prochain. Il n’y a pas d’urgence. Mais à un moment, il y aura un changement. D’ici là, si un joueur me parle d’incertitude, c’est une excuse. On est en Ligue 1, on est professionnel. Je ne peux pas penser à autre chose que ce que je dois faire. Ce serait inacceptable qu’un joueur sorte ça.
Qu’en est-il des rumeurs de rachat d’autres clubs ?Il y a beaucoup de bruits. Hull, je ne les connais pas, on n’a jamais parlé avec ces gens-là. Pour le club portugais (Gil Vicente, ndlr), on a fait un offre avec une date, ils ne sont pas revenus vers nous à temps. Maintenant, le projet principal reste le LOSC. L’important, c’est de donner du temps de jeu à des joueurs. Dans ce cadre-là, oui, l’intérêt peut être d’avoir un club satellite. Mais le projet, c’est le LOSC, ce n’est pas de parler avec des clubs de l’Europe entière.
Serez-vous capable de recruter des pointures comme Cavani ou Falcao ?Je pense que oui, on peut avoir des joueurs de qualité comparable. On a les moyens. Après, est-ce qu’on recherche à faire ça ? La réponse est non. On n’est pas en rupture avec ce qui existe. Il y a un vrai outil de travail, Luchin, dans lequel il faut mettre du contenu, des joueurs à fort potentiel de vingt, vingt-trois ans. Après, si on peut y mettre quelques joueurs confirmés pour faire progresser l’équipe, on le fera. Pour cet hiver, Marc, Luis et les équipes ont fait un bon boulot, on va avoir 3-4 joueurs à intégrer, normalement. Ça peut faire fantasmer les gens d’arriver au mercato, mais les attentes réalistes, c’est ça : on va renforcer l’équipe, mais sans faire la révolution. Il n’y a rien de cassé.
Serez-vous un président présent au stade, ou plutôt absent, toujours entre deux déplacements ?
Je vais répondre avec une anecdote : vous connaissez le sketch des Inconnus avec le président caricatural ? La réalité est entre les deux. J’étais aux États-Unis récemment, je n’ai pas raté un match du LOSC. Et ce n’est pas évident de trouver une chaîne pour voir le LOSC là-bas ! Est-ce que ma présence dans les tribunes est obligatoire ? Non. Est-ce que je vais regarder les matchs ? Oui. Est-ce que je vais être participatif ? Oui, mais en faisant confiance aux collaborateurs. Est-ce que je donnerai mon numéro aux journalistes ? Non. Parce que je ne réponds jamais, je rappelle. De manière générale, je parle extrêmement rarement à la presse. C’est sans doute la première et dernière fois avant un bout de temps. Mais ma place n’est pas dans la gestion journalière.
Quel sera l’organigramme du club ?Marc Ingla prendra la direction générale du club. Pour les autres positions, elles restent plus ou moins ce qu’elles sont. Luis Campos me suit, c’est mon bras droit sportif. Il nous aide à analyser les joueurs, à faire du scouting. L’organigramme ne changera pas dans la majorité, car le club marche. On va simplement ajouter des modules.
Qui est Gérard Lopez pour avoir attiré deux personnages aussi importants que Campos et Ingla ?On est très copains. Avant l’histoire du LOSC, je connais quand même pas mal de monde. Et je crois que la réponse est de les avoir intégrés complètement au projet. Quelque part, ce sont mes associés dans le projet. On a monté ça ensemble. C’est un projet qui existe entre nous.
L’objectif est-il de faire un retour sur investissement ?
J’ai des activités d’investissements par ailleurs dans le cadre de fonds. Et je connais des personnes qui ont cherché à reprendre des clubs avec un seul projet : le retour sur investissement, sans se cacher. Moi, si je vous dis que c’est pour ne pas perdre d’argent, c’est plus honnête que si je vous dit que je suis là pour en gagner. Après, est-ce qu’un club qui fonctionne bien peut gagner de l’argent ? Si ça n’affecte pas le fonctionnement du club, pourquoi pas. Mais le but n’est pas de vendre pour vendre, l’objectif est sportif avant tout.
Comment combler le déficit structurel de Lille ?Si l’équipe joue comme je le souhaite, on gagnera plus d’argent. En billetterie, en valeur de joueurs, en attractivité.
Comment avez-vous pris le tweet de Michel Seydoux ? (rires) C’est un tweet cinq étoiles ! C’est le seul président que je connaisse capable d’envoyer ça !
Propos recueillis par Eric Carpentier, à Lille