- C1
- Finale
- Liverpool-Real Madrid (0-1)
Liverpool, la semaine où tout s’est écroulé
Encore en course pour un improbable quadruplé il y a encore une semaine, Liverpool a vu Manchester City renverser Aston Villa en cinq minutes pour conserver son petit point d'avance en Premier League. Avant de laisser le Real Madrid repartir de l'autre côté des Pyrénées avec la Ligue des champions sous le bras, six jours plus tard. Triste épilogue pour cette magnifique saison des Reds.
« Si vous êtes un fan de football, vous savez que ce que mes garçons ont fait cette saison est exceptionnel. Mais cela se mesure à la couleur de la médaille. L’histoire nous dira ce que nous sommes grâce à ce type de matchs. » À la veille de cette finale au Stade de France, Jürgen Klopp le savait : son équipe devait encore écrire l’histoire pour la faire entrer dans les annales d’un club pas comme les autres. Malgré le soutien indéfectible d’une horde de supporters venus ambiancer Paris le temps d’un week-end, les Reds ont failli dans leur mission face à un Real ultrasolide et qui était invincible à ce stade de la compétition depuis 1981 et un match contre… Liverpool à Paris. Ce Liverpool version 2022-2023 devra se contenter de deux coupes nationales.
Six jours fatidiques
Pas plus tard que dimanche dernier, lors de la 38e et dernière journée, tout Anfield avait déjà cru en son destin, au fil d’une rencontre compliquée pour Manchester City face à Aston Villa. Mais le miracle n’a pas eu lieu, et le gang de la Mersey n’a pas raflé la mise sur le fil. Six jours plus tard, c’est donc à Saint-Denis que cet interminable feuilleton de 63 matchs prenait fin pour les Reds. Et à l’arrivée, les deux trophées les plus prestigieux se sont envolés sur le fil, privant Jürgen Klopp et ses hommes d’une trace plus profonde dans les livres d’histoire que leur parcours aurait sans doute mérité, bien que leur partie de tableau était plus « abordable » . Hormis deux frayeurs au retour face à l’Inter et Villarreal, Jordan Henderson et compagnie ont maîtrisé leur sujet sur la scène continentale, avant de se casser les dents sur Thibaut Courtois lors de l’ultime étape.
Une finale que Liverpool a pourtant attaquée par le bon bout, terminant avec 24 frappes (contre trois pour les Merengues) et une impression globale de supériorité. Mais eux non plus n’auront pas trouvé la clé pour faire tomber une Casa Blanca rarement aussi solide sur ses fondations que depuis début mars. « Il faut que la balle franchisse la ligne, ne pouvait que constater un Klopp dépité au coup de sifflet final au micro de Canal+. Thibaut Courtois est homme du match, ça veut tout dire. En première mi-temps, on a eu la possession, on a eu de super situations avec Sadio Mané, on a eu nos moments. Qu’est-ce que je peux dire ? C’est difficile à accepter, mais on l’accepte. Bravo au Real Madrid. »
Liverpool la lose
Depuis son arrivée à la tête du club à l’automne 2015, le coach allemand a réinstauré une grande culture de la gagne, remportant la sixième Ligue des champions des Reds, avant la Premier League tant attendue la saison suivante. Mais la bande de Mohamed Salah a plus souvent échoué à la deuxième place ces dernières années, et ce, depuis la finale de Ligue Europa perdue contre Séville en 2016. Si Manchester City s’est régulièrement mué en bourreau à l’échelle nationale, voilà que le Real devient une sorte de bête noire continentale, quatre ans après Kiev. Depuis le mois d’août, les Rouges ne sont pas parvenus à gagner contre les autres membres du Top 4 en Premier League, ce qui leur a coûté le titre. Un syndrome de la lose qui guette, le club n’étant désormais plus devancé que par la Juventus parmi les clubs ayant perdu le plus de finales de Ligue des champions (cinq pour les Bianconeri, trois pour les Reds). Klopp, de son côté, devient l’entraîneur le plus malheureux en finale de C1, avec trois revers, à égalité avec Marcello Lippi. Cette dernière marche est décidément à chaque fois difficile à gravir cette année, puisque les deux finales nationales contre Chelsea ont été remportées aux tirs au but sans avoir marqué le moindre but malgré 61 frappes au total sur les trois matchs. Dommage d’avoir autant de difficultés au moment de conclure.
Par Tom Binet